Avec une pochette et un titre pareil, peu de place au doute. Mais pour qui connaît les danois d’ELECTRIC GUITARS, il n’y a jamais eu de doute possible. Ces grands garçons venus du froid n’ont jamais eu qu’un seul leitmotiv dans la vie, jouer un Hard Rock sans fioritures, et évidemment entièrement dévoué à la déesse guitare, comme leur baptême l’indique sans ambages. Pour faire simple et réducteur en se basant sur la nationalité des gus, on pourrait presque affirmer que ce groupe est une version à peine plus moderne des aînés de D.A.D, comparaison évidemment facilitée par les accointances des deux leaders avec la fratrie Binzer. Jesper et Jacob apparaissaient d’ailleurs sur le dernier album du quatuor, ce Rock n Roll Radio qui tenait plus du Rock austral que du Punk des RAMONES, mais pour autant, la culture musicale des danois leur permet de picorer mondialement l’héritage amplifié de bien des courants.
Quatre ans plus tard mais la motivation intacte, les ELECTRIC GUITARS reviennent brancher le triphasé sur un disjoncteur de 16 pour faire sauter les plombs de notre cerveau d’un Rock joué tonitruant, gaiement, mais toujours aussi sérieusement dans le délire. Et autant l’admettre, retrouver Mika Vandborg et Soren Andersen est un véritable plaisir de fin d’année, beaucoup plus enthousiasmant qu’un vulgaire sapin en plastique au pied jonché de cadeaux sans importance. Car le véritable cadeau de ces fêtes 2021, c’est ce nouvel album, Freewheeler, qui sent bon la liberté, la guitare en bandoulière, et le hasard comme seule destination. N’ayant pas changé leur recette d’un iota, les deux guitaristes nous offrent un festival de bonne humeur, un récital de citations dans le texte qu’on savoure, et plus important encore, de véritables chansons, old-school, qui ne s’ancrent dans aucune décennie, mais qui rappellent à juste titre la capacité danoise à transcender le formalisme.
Ainsi, impossible de ne pas penser aux frangins Young sur le binaire décapant de « Freewheeler », qui sent bon le caoutchouc brûlé sur les pistes australes, ou à la paire Binzer sur ce « Cut Loose », symptomatique de la démarche de D.A.D des années 90. Bible du Hard-Rock nordique ayant grandi dans l’ombre de l’Amérique et de l’Australie, Freewheeler est un voyage dans le temps et l’espace, un trip Rock pur et dur, avec tatouages, bière, étapes sous la lune et rêveries juvéniles, qui nous fait oublier l’espace de quarante minutes la morosité d’un monde qui ne sait plus s’amuser sans brûler des poubelles et des voitures et se taper sur la tronche via les réseaux sociaux.
Ici, on emmerde le numérique, on vénère l’analogique, et on n’a cure des opinions de fiel déversées par des trolls en manque de reconnaissance. Car la vraie reconnaissance, celle qu’on acquiert à la force du poignet se gagne sur scène et sur la route, et pas sur YouTube ou Facebook. Alors, on bluese (« Zero Four »), on burner à fond la caisse sans singer les tics des AIRBOURNE (« Dopamine »), et parfois, on finasse seventies en saccades pour faire gicler le jus de citron sur la cuisse des héros d’antan (« Going Out »).
Parfaitement soutenus par une section rythmique solide et fluide (Peter Kjobsted : basse, chœurs
Morten Hellborn : batterie, chœurs), Mika Vandborg et Soren Andersen se laissent donc aller à ce qu’ils savent faire de mieux, jouer de la guitare et chanter, composer des hymnes simples et imparables, et l’ambiance de ce nouvel album, quoique surchauffée, ne donne pas de malaise en laissant quelques respirations de VMC aérer la pièce.
Enthousiaste, exubérant juste ce qu’il faut, Freewheeler rappelle ces virées en mobylette en roues à bâtons rouges que nous faisions durant notre adolescence, pour se retrouver en ville, et parler de ces albums qui nous faisaient pousser l’acné sur la tronche. Un album qui nous replonge dans l’insouciance, et dans la connaissance, lorsque notre culture se forgeait à l’éducation des dieux du Rock et du Hard-Rock qui nous disaient à mots couverts que la vie était certes une belle garce, mais qu’elle réservait parfois de belles surprises, et pas uniquement sexuelles. Alors, on se prend de plaisir à se remémorer les KIX, les SLAUGHTER, les RECKLESS, et autres seconds couteaux des eighties, mais aussi les rois du ring d’AC/DC, de DEEP PURPLE, et puis parfois, évidemment, les D.A.D et autres imports que l’on dévorait des yeux et de oreilles (« Incoming »).
En passant en revue un répertoire éprouvé par les années, mais en le restituant de façon aussi hédoniste, les ELECTRIC GUITARS accomplissent un réel tour de force, en ne jouant que sur les aspects les plus génériques du Hard de ces trente dernières années. Qu’il soit pur et dur, qu’il soit modulé pour épouser les contours d’une Pop-Rock rustre à la Bryan ADAMS (« The Rainbow »), qu’il soit trépidant comme un Néo-Punk pas totalement assumé et encore attaché à ses racines Rock (« Hot Blooded Woman »), ou plus simplement binaire et mélodique comme un live pris en pleine face à quinze ans (« Nervous Breakdown »), le Rock est le maître mot et le seul mot d‘ordre de ce nouvel album, qui humblement joue l’ambition de ceux qui connaissent la leçon, et la répètent à leur façon.
D’ailleurs, un album pareil devrait être remboursé par la sécurité sociale, tant il remplace aisément tous les antidépresseurs de la planète. Et en bouclant la boucle sur un riff pataud et sombre à la BLACK SABBATH (« Welcome History »), Freewheeler trouve la dernière étape idéale, et clôt le voyage sur une note nocturne plus tamisée, mais pas moins sincère.
Si vous cherchez une échappatoire à la névrose ambiante, alors ne cherchez plus, vous l’avez trouvée. Une fois encore, les ELECTRIC GUITARS, en branchant leur jack et en hurlant dans leur micro nous démontrent que le mieux est l’ennemi du bien, mais que le mieux peut aussi faire du bien. Pur, sans artifices, aussi honnête qu’une accolade amicale, Freewheeler est une cure de jouvence et un retour en arrière qui fait du bien au derrière. Qu’ils bottent avec entrain.
Titres de l’album:
01. Dopamine
02. Freewheeler
03. Cut Loose
04. Zero Four
05. Going Out
06. Incoming
07. The Rainbow
08. Hot Blooded Woman
09. Nervous Breakdown
10. Welcome History
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22