Va pas être facile celle-là…Un Bandcamp, sans renseignements, pas de Facebook, pas de line-up, donc en gros, un message implicite à tous les chroniqueurs/fouineurs éventuels : démerdez-vous. C’est donc ce que j’ai fait, et si nous avions déjà un Des Moines dans l’Iowa, nous avons maintenant un Moline dans l’Illinois, à la différence près que les FREITAG ne ressemblent pas plus que ça à SLIPKNOT, à part dans leur tendance à faire plus de bruit que nécessaire. Si les SLIPKNOT ont redéfini l’approche de la violence contemporaine et poussant les excès à leur paroxysme, les FREITAG s’arrangent très bien d’anciennes théories, et pratiquent l’art du crossover, en se plaçant à la frontière du Thrash et du Death, avec toutefois plus d’aisance d’un côté que de l’autre. Formé en ( ?) par ( ?) et composé de ( ? ), ce qui semble être un quintet en jugeant de cette pochette digitale assez marrante, FREITAG se vautre donc dans la fange de l’extrême d’il y a trente ans, tentant d’en apporter un éclairage plus personnel, et ce premier LP fait montre de bien des qualités, et pas seulement au niveau musical. Doté d’une production très compétitive, ce premier effort sonne donc très professionnel, et propose des compositions suffisamment nombreuses et variées pour être appréciées. Difficile toutefois de rapprocher nos amis du jour d’un ou de plusieurs autres groupes, même si on sent l’influence notable de la Bay Area au détour d’un riff et d’une rythmique, et des débuts de la scène Death nationale en contrepoint d’une accélération fatale ou d’un écrasement total.
Du roublard donc, mais du roublard extrêmement sympathique. Des morceaux qui la plupart du temps restent sous la barre des trois minutes, mais une énergie de tous les diables, et un rendu euphorique dans la brutalité qui reste ouverte. Tout commence pourtant par un « Cancerous » assez glauque et lourd, bénéficiant d’un riff écrasant, qu’un mid tempo très appuyé soutient de toute sa rage. Ce qu’on note au prime abord, ce sont ces vocaux, multiples, qui dynamisent encore plus une ambiance assez folle, mais aussi ces fréquentes cassures sur les titres les plus longs qui confèrent une aura presque progressive à la débauche générique. Quelques blasts pour cautionner le label « Death », et une sauvagerie qui rappelle les efforts les plus délurés du Death US. Une efficacité Heavy plus que notable, et donc des qualités remarquables dans la tradition, qui entre les mains des FREITAG se montre sous un jour moins prévisible. Et comme les lascars dispensent quelques soli assez pertinents, le bilan est largement positif, et ce, après un unique morceau. Sans gommer les défauts (feedback, buzz assez présent dans les guitares) pour conserver cet aspect roots, Freitag passe en revue toutes les possibilités offertes par l’extrême d’il y a vingt ou trente ans, y insufflant des arrangements étranges (le gargouillis d’arrière-plan sur « Ears Closed Mouth Open » est très sympathique et distord un peu le classicisme purement Thrash du morceau), ou au contraire, en collant de près au réalisme passéiste d’un Death que les suédois ont ensuite rigidifié, alors que les américains souhaitaient continuer à fluidifier (« Speed », ça mérite assez bien son nom, et ça sonne assez germain dans l’entrain).
Contrairement à pas mal de leurs homologues actuels, les originaires de l’Illinois se montrent suffisamment variés pour ne pas lasser, et lâchent des atmosphères bien putrides, reprenant à leur compte le ténébreux motif qui ouvrait le séminal Black Sabbath (« Descent »), pour mieux nous pilonner d’un mid-tempo rageur et presque mosheur (« The Filth »). Inutile donc de vous attendre à une litanie brutale monolithique, puisque tout y passe, d’un déhanché en boogie d’outre-tombe (« A Life of Constant Torment »), en transition suffocante et oppressante (« Forebearer of the Forgotten Flame » entre ACID BATH et les MORGOTH), jusqu’au hit Speed/Crust avec force cris et autres hurlements de jubilation (« Super Devil »). Semblant prendre un malin plaisir à jouer le contrepied permanent, les américains sautent du pourri au Heavy, et nous maltraitent avec un sadisme manifeste (« Power of the Gods », des psychopathes possédés à une réunion des Thrasheurs anonymes), et flattent nos plus bas instincts avec des approches lourdes de conséquences (« The Human Condition », encore une façon de détourner les codes du Doom sans les fondre totalement dans le Death). Un Thrash qui n’en est pas vraiment un, un peu Punk sur les bords, mais qui s’accorde parfois très bien d’un formalisme en saccades majeures, avec quelques samples intelligemment disséminés pour accentuer l’ambiance affolée. Et l’album de quarante-cinq minutes passe alors assez vite, les titres se succédant à un rythme assez soutenu et hésitant entre vitesse et fausse liesse, trempant des deux pieds dans le marigot Death (« Galactus »), pour mieux draguer le Doom au détour d’un vieux château abandonné mais hanté (« Lumbering Giants », OK, l’emprunt au SAB est plus qu’évident et récurrent, mais ça fonctionne).
Cette variété dans l’horreur permet donc à ce premier album de se passer de références et de lettres de motivation, et on découvre un groupe totalement atypique, qui fait à peu près tout ce qu’il a envie sans se demander si l’ensemble reste cohérent. Et pourtant, il l’est, grâce à une instrumentation très solide et à un chant sourd légèrement en arrière-plan. Et pour parachever ce constat hautement positif, je me suis même rendu compte que j’avais chroniqué sans le faire exprès FREITAG…un vendredi. Comme quoi la vie est bien faite parfois.
Titres de l’album :
1.Cancerous
2.Ears Closed Mouth Open
3.Speed
4.Descent
5.The Filth
6.A Life of Constant Torment
7.Forebearer of the Forgotten Flame
8.Super Devil
9.Power of the Gods
10.The Human Condition
11.Galactus
12.Lumbering Giants
13.The Cycle That Never Ends
14.Until Death (life)
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