Dans la catégorie iconoclaste des supergroupes, je demande l’arrière-petit-fils. Bonne pioche, puisque dans la famille des assemblées de musiciens connus, le tirage au sort peut réserver de très mauvaises surprises, sauf si…Sauf si c’est la passion qui guide, et non la volonté de démonstration. Mais avec les lascars inscrits au casting de FREITOT en lettres de sang, inutile de s’en faire du mauvais. Ceux-là ne sont pas du genre à plastronner avec leur CV en boutonnière, fiers de leur parcours, mais sereins quant à leur avenir, toujours guidés par leurs impulsions et non leur raison. D’ailleurs, ils ont perdu la leur depuis bien longtemps, au sein de leurs combos « légitimes » évidemment, mais aussi à force de se côtoyer les uns les autres, dans un élan consanguin le confinant à l’amour fraternel le plus passionné. En parlant de passion, celle de ce trio n’est pas à mettre en doute, même si les néophytes les accuseront un peu trop promptement de surfer sur la vague de nostalgie actuelle. S’il est certain que ce premier album éponyme porte les stigmates d’une obsession old-school un peu trop présente ces dernières années, les privilégiés introduits au cénacle depuis le début sauront tout de suite qu’il n’est pas question de capitaliser sur une quelconque mode de fond, mais bien de se faire plaisir, et de NOUS faire plaisir par la même occasion. D’ailleurs, ces larrons qui ne manquent jamais une occasion de faire la foire et de boucler la boucle jouent franc jeu dès le départ, en citant leurs influences et leurs accointances. C’est ainsi que les terrifiants (par le talent, mais aussi par leur sourire plein d’allant) Etienne Sarthou (AqME), Arno Strobl (CARNIVAL IN COAL) et Fabien Desgardins (BENIGHTED) se situent donc dans une veine de Death de tradition, de celui qui empeste le cochon, mais qui au final est aussi fin qu’un plat de rillettes fraîches dégluties de bon matin. Vous avez dit classique ? Je ne saurais vous contredire, mais en optant pour le ENTOMBED le plus gras et grave, et le EDGE OF SANITY le plus marave, les fieffés bruitistes ont opté pour une direction artistique raisonnable, d’autant qu’ils connaissent bien et maîtrisent à la perfection leur sujet.
Sujet qui a dû inspirer les pontes de Mystik Productions, qui ont choisi de diffuser à grande échelle le fruit de leurs premières réflexions, qui a n’en point douter, en entraîneront d’autres. Comment résister en effet, à moins de faire preuve d’une extrême mauvaise foi dans le choix du morceau de foie, à ces incessantes attaques froides digne du legs le plus durable de la scène underground scandinave des sacro-saintes 90’s ? Tout ici respire l’air putride des côtes suédoises qui ont subi la corrosion des vagues mortifères des débarquements successifs de NIHILIST, DISMEMBER, GRAVE et autres porte-parole de divagations post-mortem, tout en aérant le tout d’une légère brise mélodique découlant des tempêtes locales déclenchées par les AT THE GATES et autres EDGE OF SANITY. Mais la focalisation interne ne concerne pas que les troubles de la psyché de Dan Swano et consorts, puisque le trio se permet d’accommoder sa sauce nauséabonde d’une petite touche personnelle, découlant de leur parcours individuel. S’il est toutefois difficile de relier le projet aux émanations antérieures de CARNIVAL IN COAL (trop stable et sage) ou d’AqME (trop violent et en rage), le nom de BENIGHTED et de Fabien Desgardins n’étonnera personne, tant le jeu de guitare du bonhomme se satisfait très bien de cette violence maîtrisée et de cette animosité déclarée. Et pourtant, on trouve donc de quoi étancher sa soif de riffs morbides et autres allitérations harmoniques, au travers d’une gravité de cordes digne d’une mise en terre prématurée, et de soli relativement développés. Et c’est ici qu’il faut reconnaître et louer le travail énorme fourni par Etienne Sarthou (rien à voir avec Michel Sarthou, même si son comparse Arno Strobl a obtenu son bac G au rattrapage), qui s’est considérablement éloigné de sa zone de confort pour tenter de rivaliser avec les guitaristes les plus confirmés, et qui réussit haut la main le pari de signer des thèmes qu’on croirait exhumés des Sunlight studios. Bien joué.
En partant de ce constat, il est évident que l’aspect récréatif du concept prend des airs de travail en sous-main bien fait. Loin de se contenter d’un jet primal et d’une nostalgie lacrymale, le trio a travaillé sa copie pour la rendre impeccable, mais juste assez souillée pour qu’on remarque qu’ils ont saigné. Il n’était pas question de bâcler le travail, et une écoute distraite du monumental « Father » et ses six minutes de progression maladive suffisent à s’en persuader. Construction élaborée, feeling nécrophile romantique exacerbé, pour une sarabande de l’horreur qui va plutôt piocher chez Fulci que chez Eli Roth de quoi se sustenter, et qui amène en toute logique les meurtres sur l’écran. Tenant plus du macabre analogique de Stuart Gordon que du mortifère stérile des Saw et autres The Conjuring, Freitot est le genre d’œuvre qui fait froid dans le dos, mais qui vous réchauffe les viscères avant de les faire gicler à terre. D’autant plus que les acolytes ne crachent pas sur un brin de dérision, via quelques lyrics de saison, à l’image de ce « Love Is All Around », qui empeste plus volontiers le vieux caveau que la cave remplie de Bordeaux. Et si « The Last Room On The Left » évoque à merveille la tension du repas décidément inconfortable du Last House On The Left de Wes Craven, c’est pour mieux nous émasculer d’une lourdeur et d’une oppression à nous faire vomir notre quatre heures. Son énorme, pression atroce pour une jolie symphonie de mort en suspens, suffisamment proche des racines du genre pour qu’on y croit, mais largement assez éloignée des standards pour qu’on n’ait pas le sentiment de reconnaître ce froid. Et sans prendre de gants, « Yoko » qui n’a rien de la mamie de Rose Laurens n’a absolument rien à envier aux déviations les plus rigides du ENTOMBED des premières démos, et parvient même à se hisser au niveau du légendaire Left Hand Path, sans repiquer le boulot.
Des reproches ? Pas le moindre, et n’y voyez aucun copinage, puisque malgré l’affection que je porte au sieur Strobl, c’est l’objectivité qui domine cette page. Notons d’ailleurs son implication totale et son art consommé du grognement étouffé, qui m’a ramené l’espace d’un instant à l’époque glorieuse d’un CANCER dévorant. Une performance vocale qui ajoute à la plus-value d’un chanteur décidément versatile, capable dans le privé de faire un grand écart entre EARTH WIND AND FIRE et NAPALM DEATH, et en public de couiner sa haine tout en veloutant son stupre. De ce trio improvisé est donc né un album qui va vous décoiffer, vous décalotter, et vous mettre une bonne branlée, et n’hésitons pas à affirmer que dans la masse protéiforme des rendeurs d’hommage en uniforme, FREITOT fait figure de chien dans un jeu de quille, et transforme ce phénomène de mode en chamboule-tout où tout le monde gagne. L’autosatisfaction, non, la branlette après le saucisson non. Mais la démonstration d’une passion en oraison, oui. Il n’y a aucun mal à se faire du mal en le faisant bien après tout.
Titres de l'album:
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