Chronique express vol.152.
Parler d’un groupe de Hardcore autrichien qui vient de sortir un nouvel LP de douze minutes pour neuf titres ne devrait pas prendre plus de neuf à douze minutes de mon temps. Mais je signale quand même la sortie du nouvel effort des STRAFPLANET (Planète du crime en VF), Freizeitstress (Le stress des loisirs en VF), parce qu’en termes de Core énervé à tendance Crust, vous aurez du mal à trouver mieux. Il est certain que le style accusant plus de quarante ans d’existence mine de rien, il est difficile d’innover, mais en faisant parler la haine et en l’accommodant d’un panache instrumental plein de rage, il est toujours possible de le transcender pour le garder d’actualité. Et dire que ces originaires de Graz débordent de colère est d’un lénifiant euphémisme, puisque leurs morceaux sont autant de pavés jetés à la face d’un libéralisme galopant. L’Europe centrale n’échappe donc pas à la désillusion générale, et se rebelle face à cette conception d’homme en tant que produit de consommation, qui achète docilement tout ce qu’on lui vend, sans prendre le temps de réfléchir un instant. Mais vous non plus n’aurez pas l’occasion de beaucoup vous creuser la tête en lâchant vos oreilles sur ce LP sans pareil, qui pendant une grosse dizaine de minutes emprunte au vocable Crust sa vitesse et à l’idiome Punk Hardcore sa rugosité. Après une première tape publiée en janvier 2014, les autrichiens nous ont proposé un split 7’’ en compagnie des SICKMARK, ARNO X DUEBEL, DERBE LEBOWSKI, HANS GRUBER, CREVASSE, BATTRA//, CAPTAIN CAVEMAN, et WORMHEAD (Noncommunicative Violence, juin 2015), avant de repartir en solo via un nouveau single perso, Big Feelings en août 2016. C’est donc gonflés à bloc qu’ils nous en reviennent aujourd’hui, sûrs de leur fait et les batteries aux accus puissants, développant une belle hargne qui prend corps autour de neuf titres relativement courts, mais denses et tendus comme des slogans convaincus.
Impossible de rester de marbre face à la débauche de violence de ce Freizeitstress, à la pochette noir et blanc intrigante de nostalgie d’enfance. En voyant ces gamins jouer à saute-mouton en pleine rue, on oublierait presque que de nos jours elles sont inondées de la tristesse de sans-abris et de citoyens aigris, partant au travail comme on va à l’abattoir, mais elle est en parfaite adéquation avec le message fortement politisé de ces activités énervés. Si certains sites se sont plu à voir en ce groupe de teigneux des contemporains de GLASSES, PUNCH ou GOUGE AWAY, vous pouvez quand même les situer comme il vous plaît, leur musique restant suffisamment générique pour ne pas souffrir d’une comparaison quelconque. Mais pas de soucis, dès l’entame rageuse « Don’t Complain », les dés sont jetés, et les riffs bien tassés. Les titres ont beau rester sous la barre des deux minutes, ils n’en sont pas moins truffés d’idées et débordant de feedback dégueulé, histoire de rester fidèle à une éthique bruitiste parfaitement appréciée. Avec derrière le micro une vocaliste aux poumons surchauffés, et doté d’une rythmique à l’abattage forcené, les STRAFPLANET jouent crânement leur carte de groupe emblématique d’une scène toujours aussi révoltée, qui catapulte le « no future » des punks aînés sous la grisaille d’un vingt-et-unième siècle déjà usé. On virevolte de plans en mid en accélérations typiquement Crust, sans choper le vertige ni le tournis, mais le tout laisse quand même les idées claires et une sale envie d’aller cramer les vestiges d’une société encore soumise aux diktats du capitalisme.
Nageant en suivant le courant du DIY, cette bande de furieux n’hésite pas à en rajouter, en empilant des breaks, de soudaines cassures de rythme pour ne pas nous laisser danser sur le même pied, et peut se targuer d’une intensité maintenue et d’une saine colère entretenue. Ainsi, de petits pamphlets comme « Subject And Order » rappellent même les moments les plus incontrôlables de REFUSED, traités au prisme DISCHARGE, le tout avec une belle énergie à l’anglaise. Ces lascars posent les questions qui fâchent (« Not A Commodity ? »), sur fond de Space Punk à la distorsion lâche, avant de se répandre en une sorte de Powerviolence par intermittence sans contrôle ni papiers. Mais ils savent aussi manier la régularité, qui nous replonge dans les affres de la scène US des années 80, en se reposant sur des structures éprouvées, mais toujours aussi remontées (« Servants Of The People »). Osant même parfois chatouiller le spectre d’un Street Punk à la mine renfrognée et à la linéarité agacée (« Klassenfeind »), ce premier longue-durée est donc largement assez varié pour plaire à tout le monde, séduisant les plus radicaux pour mieux amadouer les plus timorés, dans une politique de rassemblement des masses pour faire bouger les choses un peu trop figées. Et une fois le temps imparti dépassé, on se prend vraiment à regretter que la chose n’ait pas plus duré, tant la tension nous a scotché à notre chaise, avant qu’on ne la fasse valdinguer pour mieux pogoter. Une sacrée dose de Punk à tendance Fast’n’Crust qui vaut vraiment la peine d’être écoutée, d’autant plus qu’elle est disponible gratos sur le Bandcamp du groupe. Mais pour une dizaine d’euros plus fdp, vous pouvez vous procurer la version vinyle, ce qui permettra aux amis autrichiens de continuer le combat. Et dire qu’il n’est pas gagné est un doux euphémisme…Alors autant les encourager à continuer à hurler, d’autant plus qu’ils le font avec une saine fermeté.
Titres de l'album:
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