D’un côté le minimalisme d’un one-man-project, de l’autre, des ambitions instrumentales clairement affichées, doublées d’une ambition conceptuelle générale. Je me méfie toujours des termes pompeux employés par des musiciens isolés dans leur coin, certains d’avoir touché du doigt la quintessence du génie parce qu’ils empilent les pistes sous Pro Tools ou Ableton Live. Car en effet, il ne suffit pas de superposer des idées et des arrangements pour produire une musique de qualité, il faut du talent, et de l’imagination. Mais aussi une certaine discipline et une absence totale de complaisance au regard de son propre travail. Tout le monde n’en est pas capable, et le marché digital est vite inondé de sous-produits à peine plus écoutables que les démos quatre-pistes de ma jeunesse. Le constat est encore plus grave lorsque les artistes se lancent dans une quête à la Tolkien pour parvenir à leurs fins. Ils nous servent des accroches promotionnelles alléchantes, comme les bateleurs de foire, et tentent à tout prix de nous convaincre du caractère essentiel de leur produit, « qui n’a pas d’équivalent sur le marché ». J’aime l’optimisme, j’aime la confiance en soi, mais je ne vais pas me farcir une heure de musique approximative pour faire plaisir à un VRP qui ne sort de chez lui que pour faire des courses pour sa maman. Mais, puisqu’il y a un mais, je connais aussi des musiciens qui tout en refusant les collaborations trop actives et directes, se débrouillent pour composer une musique riche, pleine et fertile. Ainsi, je pourrais citer l’exemple de ce cher Remzi, agitant l’underground depuis des années avec son vecteur OBSZÖN GESCHÖPF avec beaucoup de panache. Mais je pourrais de la même manière utiliser l’exemple plus lointain de THE OUTSIDER, qui de son Mexique natal tente par tous les moyens de se faire sa place dans l’extrême avec des œuvres aussi ambitieuses qu’uniques en leur genre.
THE OUTSIDER c’est une métonymie, une partie pour un tout, et un compositeur sous pseudo qui représente à lui seul son concept global. Lancé à l’orée 2016, le projet s’exprimait alors dans un Death symphonique très personnel, qui au fil des années à légèrement évolué. On sentait dès le départ une réelle volonté de s’écarter des schémas usuels, pour y intégrer des éléments externes, des sonorités du Moyen-Orient, mais aussi une brutalité mâtiné d’harmonies assez étranges et mystiques. Fortement influencé par des groupes comme THERION, SEPTICFLESH, FLESHGOD APOCALYPSE et ROTTING CHRIST, le projet cherchait alors sa réelle identité dans les corridors humides des cryptes Death anciennes. Depuis, il semble l’avoir trouvée, puisque ce second LP (qui est en fait le troisième après The Outsider en juillet 2016 et Orchestral Renditions from the Unknown en juin 2017, et encore, si l’on considère Ancient Beast of the Apocalypse comme un EP malgré ses trente-cinq minutes bien tapées) fait preuve d’une belle maturité dans les décisions et les options, peaufinant encore plus l’approche grandiloquente tout en appuyant la puissance Death la plus effective et symptomatique du MORBID ANGEL le plus lourd et glauque. Quelle est donc la recette de ce mystérieux mexicain se cachant sous un pseudo et adoptant le costume d’un oracle de mauvaise augure ? Se baser sur des textes inspirés par Lovecraft, envisager l’humanité comme un fléau méritant sa fin proche, et proposant à ses fans de le rejoindre pour jouer le prosélytisme et embrasser le chaos ambiant et à venir au travers d’une musique étrange et déviante, foncièrement brutale, mais plus intelligente et épaisse que la moyenne des projets solitaires de l’underground. De ses débuts, le musicien a gardé sa propension à la grandiloquence, en truffant tous ses morceaux d’arrangements complexes et de strates instrumentales conséquentes. Le risque principal pris et totalement assumée, est de s’être basé sur des astuces de séduction un peu trop évidentes, avec une mise en avant de techniques d’enregistrement risquant de réduire le travail à une sorte de cadeau de forain tentant à tout prix de refiler sa camelote.
Ainsi, les accroches et formules mentionnent la première utilisation d’un effet audio en huit dimensions, et l’utilisation d’une chorale bien réelle, ce qui a toujours tendance à provoquer la défiance chez l’auditeur. Quel besoin en effet de se reposer sur des trucs techniques pour vendre sa musique, au risque de se retrouver pris au piège de ces films en 3D au scénario trop mince, ou de ces navets en Odorama® symptomatiques des années 60 ? Mais pas d’inquiétude à avoir, car si en effet certaines chansons sont clairement handicapées par ce procédé technique envahissant (le pan/scan est parfois tellement incongru qu’on a le sentiment d’écouter deux morceaux passés simultanément), d’autres au contraire en profitent pour développer une atmosphère étrange qui convient parfaitement à la direction artistique du projet. Comme je le disais, ce projet est ambitieux, dans sa durée bien sûr, avec près de soixante-dix minutes de musique, mais aussi dans sa pluralité artistique qui pioche allègrement dans le Heavy Metal, le Death Metal, le Black Metal pour proposer une sorte de « super extrême », qui s’illustre selon des principes différents. Ainsi, le terriblement original et addictif « Primordial Abyssal Chaos » propose un déroulé puissant aux accents orientaux, après avoir pavé la voie d’un Death brutal et viscéral, sans pour autant paraitre incongru ou collé à la hâte. Cette cassure soudaine en plein milieu découlant sur un rythme de samba avec riff redondant et hypnotique en arrière-plan est une véritable idée de génie, d’autant plus que l’artiste comble les espaces avec un synthé ludique qui se repaît de disharmonie et d’atonalité. Parvenant toujours à associer l’efficacité d’une guitare franche aux riffs classiques à des progressions sombres et opaques, le musicien mexicain créé ainsi un décalage entre la simplicité de son fond et la complexité de sa forme, comme l’illustre à merveille l’ouverture « I Belong to the Stars ».
Certes, le tout n’est pas parfait, certains effets et arrangements semblant un peu trop forcés et mal équilibrés (ils empiètent souvent sur le chant, ce qui n’est pas vraiment idéal), le son de la programmation ressemble parfois à une démo sur DX7 (« Suicide is Progress »), les plans se répercutent assez souvent d’un morceau à l’autre, mais lorsque toutes les composantes sont équilibrées, le résultat est plus que probant, et osons-le dire, impressionnant (la longue suite finale « Across the Black Sea », ambitieuse mais captivante). Porté par son inspiration, le musicien a visiblement refusé de couper dans la pellicule, et aurait gagné à expurger son projet d’une bonne dizaine de minutes, mais son flair pour instaurer des ambiances poisseuses (« Nine Worlds Down ») et son désir d’originalité excusent donc les quelques erreurs de jugement. Et pour une œuvre enregistrée en solitaire avec quelques coups de main extérieurs pour les soli, From Ancient Gods and Forbidden Books tient méchamment la route, et se montre bien plus satisfaisant que tous ces albums nostalgiques lancés sur le marché sans aucune autre ambition que de reproduire ce qui a déjà été fait.
Titres de l’album :
01. I Belong to the Stars
02. Bringers of the Apocalypse (Feat. Kristian Niemann)
03. Primordial Abyssal Chaos (Feat. Rick Loera)
04. The Wish that Became a Curse
05. Nine Worlds Down
06. The Headless Horror (Feat. Kelly Shaefer)
07. 918
08. Suicide is Progress (Feat. Jørgen Munkeby)
09. Beautiful ~The "Across the Black Sea" Suite
10. Prelude to the Downfall
11. Lost
12. The Divine Punishment
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