La pochette annonce la couleur, ou plutôt la température. On y admire Jen au milieu d'un décor d'apocalypse, reine trônant au centre d'un incendie de l'âme, le port altier, l'air fier, et le regard de celles qui savent...Qui savent que l'étape du troisième album est la plus difficile à franchir, mais qui savent aussi qu'elles ont toutes les cartes en main pour remporter la mise. Et après cinq ans d'une carrière impeccable, cinq années qui auront vu naître trois longue-durée, les DUST IN MIND peuvent pavaner en tenue de gala, puisqu'en plus de l'air, ils en ont les chansons. De ce premier EP publié à l'orée d'un parcours que personne ne présentait aussi majestueux à ce From Ashes to Flames qui ne fait que replacer dans le contexte l'un de nos groupes les plus talentueux, les strasbourgeois ne se sont jamais reposés sur leurs lauriers chèrement acquis, et ont toujours continué la route, partageant la scène avec les modèles d'ARCH ENEMY, pour devenir eux aussi une référence live que l'Europe nous envie. Et une petite année après le cramoisi Oblivion, qui avait nargué l'oubli pour les propulser en tête de gondole, le quintette nous en revient donc toujours aussi indépendant, mais toujours aussi solide sur ses bases. Celles d'un Metal moderne, mélodique, ne sacrifiant pas l'efficacité au profit de l'inventivité, même si quelques figures imposées sentent encore l'opération séduction en mode alternatif contemporain plein de flair...Alors, une seule année entre deux LP, et une seule année pour négocier ce terrible virage en chicane du troisième tome, une période donc courte pour sauter de plain-pied dans le grand bain de la reconnaissance, déjà acquise pour beaucoup, mais restant à prouver pour les plus sceptiques. Et le couperet tombe après quelques écoutes attentives de la bête...From Ashes to Flames ne sera pas le premier faux pas, mais bien le triple-saut dans le bac du professionnalisme, tant ce nouvel opus aux contours brûlés par le talent respire l'urgence et la connaissance, l'impulsion comme la réflexion, et brille de mille feux comme un phœnix qui ne renaîtrait pas de ses cendres, puisque les DUST IN MIND ne sont jamais morts, et n'ont jamais paru aussi vivants.
Toujours à la croisée des chemins, le quintette (Jennifer Gervais - chant, Damien Dausch - guitare/chant, Jackou Binder - batterie, Xavier Guiot - basse et Yann Roy – guitare) n'a pas vraiment changé de formule, mais a perfectionné la sienne pour atteindre maintenant des hauteurs que seuls leurs homologues américains semblaient à même de pouvoir tutoyer. En gardant leur musique à l'abri des étiquettes et labels, les strasbourgeois continuent de prodiguer des conseils Crossover très judicieux, adoptant les structures d'un Metal alternatif sevré de Metalcore solide, et enrobant le tout dans des arrangements Electro pour faire danser, pogoter, chanter et headbanguer, sans tomber dans la vulgarité d'une lecture transversale un peu trop populiste. On reconnaît évidemment la patte du groupe, toujours à la recherche d'un refrain efficace pour propulser des couplets agressifs, et combinant la puissance et la mélodie avec un brio effarant, mais ce troisième chapitre de leurs aventures laisse assez admiratif, tant les soins qui lui ont été prodigués sont pointilleux. Certes, et les réfractaires à la cause brandiront l'éternel argument du “déjà entendu cent fois”, sans avoir vraiment tort, mais les morceaux sont tellement calibrés pour percuter qu'on ne peut s'empêcher de se laisser prendre dans les mailles du filet, sans perdre notre libre arbitre. Les influences sont là, et impossible de passer outre. On pourra par facilité mais aussi par pertinence citer le nom de PAIN, celui de KORN, dans une version contemporaine un peu plus lâche, évidemment arguer de la vague alternative américaine, mais toutes ces références n'enlèveront rien au potentiel des DUST IN MIND, qui parviennent toujours à moduler leurs pulsions pour les lover au creux d'un Ambient relaxant et transitoire (“ Day O”, un interlude qui unit les esprits de MORCHEEBA et MIRANDA SEX GARDEN dans une volute d'amour délicate et ombrageuse). Alors oui, et j'en conviens, les similitudes sont parfois troublantes, spécialement lorsque “My Quest for Recognition » semble émerger des tiroirs inédits du The Serenity Of Suffering de Jonathan & co (le riff est quand même un cousin pas si éloigné que ça du « Black Is The Soul » connu), appuyant sur l'emphase de sa dualité de chant, mais malgré ces quelques emprunts inconscients (le groupe a suffisamment d'idées et de talent pour ne pas avoir à loucher sur la copie du voisin), les morceaux font leur chemin dans nos veines pour faire battre notre cœur plus fort que de raison, et nous rallier à leur cause.
Pas d'innovation majeure donc à attendre d'un album qui préfère la sérénité dans la continuité, plus que dans la souffrance, mais une énorme dose d'efficacité, et une fausse immédiateté qui glisse sur la piste de la conception peaufinée. On sent derrière ces arrangements impeccables un gigantesque travail de fond pour rendre les chansons imperfectibles, et on se demande même comment le groupe va réussir à se sortir de cette impasse de qualité. On les imagine assez mal surpasser en restant dans le même créneau les valeurs établies par From Ashes to Flames, et il conviendra à l'avenir de réfléchir à une porte de sortie pour ne pas s'embourber dans les redites déclinantes. Mais le présent c'est le moment, et ces onze nouveaux titres qui dès le morceau éponyme préviennent de la suite, à savoir une cinématique musicale aussi intense qu'un désir de conquête, ont largement de quoi rassasier les fans jusqu'à la prochaine tournée. Production aux graves qui rebondissent, guitares qui se jouent du sous-accordage pour saucer le plat de riffs sombres mais épicés, Jen en grande forme vocale, qui hésite entre lyrisme contenu et dramaturgie pudique, et section rythmique au millimètre, qui percute, tapisse, soutient et glisse, dans un numéro de sidérurgie massif et pourtant fluide. Des ingrédients indispensables à une réussite incontestable, qui taquine même le dancefloor dans une tentative Electro-Metal digne du grand Peter Tägtgren (« This Is The End », tube imparable et incroyable qui va affoler les foules européennes), ou qui met la résistance des subs à rude épreuve sur l'élastique « Open Your Eyes » (et qui par la même occasion réconcilie les KORN et AMARANTHE). Du gros son, très gros même, mais qui réussit à trouver un écho de plaisir dans nos oreilles en s'appuyant sur des compositions de première classe ne servant pas de vulgaire test à un mixage digital à la patine irréelle.
Et si la première partie de l'album privilégie les fulgurances les plus évidentes, la seconde s'autorise des incartades sinon plus intimistes, du moins plus risquées, comme en témoigne le poignant « A New World » qui nous ferait presque croire à un nouveau monde plus beau que l'ancien, ou le terrassant « I'll Never Forget », qui ramène à la surface le souvenir présent d'un CREMATORY sorti des flammes du purgatoire pour sautiller sur la piste d'une boîte de nuit infernale. Et c'est sur un final ciselé que le quintette nous quitte, via « Grandma » et sa mélodie en nostalgie majeure, comme pour nous aider à laisser la musique s'évanouir d'elle-même sans chercher à la retenir. Aria discrète de Jen, pour tapis électronique en claviers majeurs, et point final en pointillés pour un disque qui décidément a définitivement balayé le mot « défaut » du vocabulaire artistique. Astucieux pari que ce troisième LP des DUST IN MIND, qui les imposera sur la scène, mais qui risquera aussi de décevoir ceux qui attendaient d'eux plus d'audace et moins de surface. Mais en faisant abstraction de deux ou trois clins d’œil un peu trop appuyés, ce LP se taillera un bout de chemin dans les charts des classiques du genre, et reste indubitablement le témoignage ultime d'un groupe qui en seulement cinq ans, est devenu une icône incontournable.
Titres de l'album :
1. From Ashes to Flames
2. This Is the End
3. Open Your Eyes
4. The Point of No Return
5. Another Dimension
6. Day 0
7. My Quest for Recognition
8. A New World
9. I´ll Never Forget
10. Siana
11. Grandma
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