D’ordinaire, je ne suis pas toujours tendre avec les groupes de Blackened Thrash/Speed qui se vautrent dans la parodie comme d’autres se confondent en excuses malhabiles et hypocrites. La nostalgie a du bon, spécialement pour les gens comme moi qui accuseront bientôt le coup d’une cinquantaine assumée, mais tout ne doit pas être justifié d’une cause perdue d’avance, grossière justification d’un manque d’inspiration qui le confine au plagiat. Sous ce point de vue, j’aurais dû laminer les allemands de CRYPT DAGGER. Car tout, de leurs pseudos en passant par leur son n’est qu’un recyclage des meilleures méthodes rustres de l’underground européen des années 80, la fraîcheur en moins, et la roublardise en plus. J’aurais crucifié leur culot sur l’autel de l’impolitesse, j’aurais brûlé sur le bûcher de l’honnêteté leur inspiration calquée, en gros, je les aurais démontés point par point sans avoir besoin de jouer les avocats du diable. Et pourtant, j’écris cette chronique, ce qui vous le savez est signe d’approbation. Car pour parler clair et net, les allemands ne sont vraiment pas chiés, mais on le flair de proposer leur repiquage avec talent et panache. Deux motifs de condamnation à l’écoute de ce second EP. D’une, il ne fait que refourguer le précédent avec une poignée d’inédits et une reprise hasardeuse. De deux, il ose la retranscription totale sans artifices ni mise en scène d’un de mes EP cultes de chez culte, le légendaire Morbid Tales de CELTIC FROST. Ne cherchez pas, tout y est, les dissonances, le look à-peu-près-provocateur, les pseudos ridicules, les riffs simplissimes et noirs comme de la poix, les stridences intempestives, l’occultisme de supermarché, et même les inflexions vocales rauques et glauques. Ne manquent à l’appel que les clous, le maquillage à la truelle, et le déguisement eut été parfait. Et après avoir vu les photos promo des trois lascars en question, je regrette d’ailleurs qu’ils n’aient pas fait appel à un tuto pour se farder la tronche, la leur n’étant pas super présentable.
Mais de From Below exhale un parfum unique, celui des abysses de la sincérité, celui des caves de la passion, celui des cabanes à chiottes de l’obsession. Un parfum enivrant, qui empeste le salpêtre, la moiteur des murs en chaux, la saleté des sols en terre battue. De cet EP émanent des gaz asphyxiants, des odeurs de corde usée par les chairs, de jeunesse à chercher la bagarre virtuelle avec le mainstream, à se triturer le neurone pour pondre la musique la moins populaire possible. A dégoûter le plus grand dénominateur commun de la chose Metal, en gros, tout ce qu’on a aimé chez les esthètes de l’époque, les VENOM, BATHORY, LIVING DEATH, RAZOR, mais surtout HELLHAMMER et CELTIC FROST dont tous les tics sont reproduits ici, à tel point qu’on pense « Devastation » titre inédit tiré des séances de Satanic Rites, avec sa rythmique inamovible et son riff cyclique et redondant à l’extrême. D’ailleurs, les trois nouveaux morceaux proposés enfoncent encore plus le clou dans le cercueil des principes, puisque Poser Disposer (chant/guitare), Executer ov Hell (basse) et Savage Defiler of the 144000 (batterie) n’hésitent plus à exposer aux fans médusés leur fascination pour Tom Warrior. On se croirait revenu des décennies en arrière et délocalisé en Suisse tant les similitudes sont flagrantes, mais loin d’un simple jeu de photocopieuse, les jeunes allemands nous proposent leur version de la chose, en agrémentant des structures classiques d’arrangements très personnels. Ainsi, le vraiment démoniaque « Blood for the Crypt Dagger » se voit transcendé de petits fills de batterie inventifs, tandis que Poser Disposer lâche deux ou trois cris de belette pour convier Lucifer aux agapes des musiciens qui puent des pieds. Tout ceci vous paraît subjectif et sommaire comme motivation ? Laissez-vous tenter, et revenez vers moi. Vous comprendrez.
Et en une seule reprise, les allemands nous expliquent le pourquoi du comment de leur existence, et surtout, une culture de la musique underground qui ne se limite pas aux exploits Black n’Speed. En reprenant à leur compte les fabuleux DEAD MOON, les trois CRYPT DAGGER font évidemment preuve de bon goût, mais établissent un parallèle entre leur cas et celui des trois américains, qui eux non plus ne concevaient la musique sous un autre angle que la série B, les poubelles de l’art, et le minimalisme en forme ultime d’expression. Alors, les CRYPT DAGGER, nouveaux DEAD MOON de l’extrême ? Quelque part oui, et avec fierté en plus, les quatre anciens morceaux de Tales of Torment trouvant un autre éclairage une fois ajoutés à ces quatre inédits. On se retrouve donc face à un EP aux proportions de LP, certes court, mais parfaitement cohérent. La preuve en est que je l’ai laissé tourner un nombre conséquent de fois avant de claquer mon laïus sur clavier, et qu’à aucun moment la lassitude ne s’est pointée. Avec en sus une production professionnelle mais pas trop, qui ne dénature pas les morceaux mais leur donne corps, un chant décidément mi blasé, mi hérétique qui n’usurpe pas le statut de focalisation centrale, une guitare traînante aux motifs cycliques, et un background velu, From Below est un petit miracle que Dying Victims Productions ne pouvait absolument pas laisser passer. Certes, il convient d’être grand fan de CELTIC FROST pour l’apprécier, mais une fois happé par ce vortex, impossible de s’échapper. Ce qui est la marque des grandes œuvres old-school n’est-il point ?
Huh !
Titres de l’album :
01. The God Fukk You
02. Six Horned Pervertor
03. Death to All
04. Rape from the Grave
05. The Cruel Reign
06. Devastation
07. Blood for the Crypt Dagger
08. 5440 or Fight
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