Lorsqu’on s’ennuie, on s’occupe comme on peut, en solo, avec des potes ou en famille. Lorsqu’on est musicien et qu’on a un peu de temps libre, le side-project peut-être une alternative assez ludique et enrichissante. Mais quand on a la chance d’avoir élevé une famille de musiciens, avec des enfants prêts à reprendre le flambeau, c’est encore mieux. Les cas de figure sont légion, des fils Zappa au rejeton Harrison, en passant par Jason Bonham, les exemples sont d’engeance ayant repris la tradition familiale ne sont pas rares, mais peu de groupes peuvent s’enorgueillir de regrouper en leur sein un père et ses deux fils. Et si vous êtes fan de Metal un peu plus dur que la moyenne, le projet HATRIOT n’a pas du échapper à votre attention, puisque ce groupe a déjà publié deux longue durée à peu de temps d’intervalle, Heroes of Origin en 2013 et Dawn of the New Centurion en 2014. Fans d’un Thrash traditionnel de la Bay Area, ce quatuor somme toute assez typique diffusait donc ses effluves Thrash un peu partout aux Etats-Unis, s’inscrivant dans une démarche nostalgique battant son plein. Rien de très original me direz-vous, mis à part que le dit groupe était mené par le revanchard Steve « Zetro » Souza, ex-couineur d’EXODUS, et que ce simple fait avait de quoi attirer toutes les attentions. Mais outre Steve au chant, HATRIOT cachait aussi en son sein deux autres membres de la famille Souza, Nick, le fils à la batterie et Cody à la basse, soutenant tous les deux l’association formée entre leur père et Kosta Varvatakis, guitariste de son état. En deux albums, le quatuor avait donc en quelque sorte essayé de redéfinir un son dont le principal frontman avait contribué à élaborer en temps et en heure, et sans bousculer l’ordre établi, autant dire que ces deux œuvres avaient le parfum vintage que tout amateur était en droit d’attendre et d’apprécier. Mais le temps passe, les occupations changent et parfois, un ancien employeur peut en redevenir un nouveau, et c’est ainsi que le bon Zetro laissa ses enfants prendre leur envol seuls, sans lui derrière le micro.
C’est donc aujourd’hui un HATRIOT nouveau que nous retrouvons, tout du mois légèrement remanié pour palier à la déficience de Steve au chant, mais la tradition restant dans la famille, c’est Cody qui a assumé la responsabilité de faire oublier le timbre si particulier et sardonique de son père, tout en gardant la basse fermement en mains. Le départ de Zetro aurait pu sonner l’hallali pour ce groupe dont plus personne n’entendait parler depuis cinq ans, mais au contraire, cette contrariété semble avoir donné de l’allant à la fratrie, qui en profité pour injecter à sa musique une puissance nouvelle, et teinter son Thrash typiquement Bay Area de quelques inflexions Death, certes encore timides, mais patentes pour qui a l’oreille fine. Bonne initiative donc des deux frangins, qui conscients du capital sympathie de leur père se devaient de maintenir l’attention sur leur désormais groupe personnel, et avec plus de cinquante minutes et neuf morceaux, les deux compères rythmiques ont donc mis le paquet pour se rappeler à notre bon souvenir, mais pas forcément à bon escient. Sauf qu’en définitive, et après quelques écoutes attentives, From Days Unto Darkness est loin d’être le LP définitif que l’on était en droit d’attendre d’eux…Sans pointer du doigt les défauts de cette réalisation avant d’en avoir parlé musique, autant dire qu’elle à celles de ses qualités, toujours aussi évidentes depuis la création du groupe. D’une part, le travail de Cody au chant est hallucinant de mimétisme, son timbre étant si proche de celui de son père que la distinction est plus que difficile. On a vraiment le sentiment que Steve n’a pas quitté le groupe et qu’il a eu le temps d’enregistrer ses parties avant de réintégrer EXODUS (pour combien de temps encore…), et le parallèle est plus que troublant, mais se montrera rassurant pour les fans du groupe qui avaient apprécié les deux premiers efforts. Ensuite, le travail de durcissement du ton est assez notable et remarquable, rapprochant le résultat d’une migration de la Bay Area vers les côtes nordiques des années 90, avec quelques enfoncements bien virils et des parties vocales très Death, qui boostent l’énergie traditionnelle de certains morceaux.
Musicalement parlant, aucune grosse surprise ni révélation sur le chemin de San Francisco donc, avec toujours en exergue un Thrash en directe lignée des deux premiers albums, qui eux même piochaient dans le répertoire de l’EXODUS des années 90 et 2000, avec quelques allusions plus poussées à des albums comme Force of Habit réhabilités de la qualité de Fabulous Disaster. Les guitares sont donc toujours promptes à lâcher des saccades en haut débit, agrémentant leur tronçonnage de quelques mélodies symptomatiques de la première vague US des années 80. Niveau structures, les deux frères n’ont pas hésité à lâcher la bride, et se lancent donc la plupart du temps dans des compositions épiques foulant du pied une durée Thrash normale, décision entérinée par le premier titre, « One Less Hell » qui dépasse allègrement les sept minutes de jeu. EXODUS n’avait jamais peur lui non plus de titiller un timing étiré, avec le magistral « Like Father, Like Son », une de leurs épitaphes les plus mémorables, qui trouve donc un écho particulier sur From Days Unto Darkness. Cody et Nick s’affirment donc comme les dignes fils de leur père, et s’assument seuls, après quelques hésitations et périodes de flottement, et la décision de Cody d’assurer le chant et la basse. Rien de surprenant donc, mis à part cette volonté d’épaissir un peu le Thrash ambiant de quelques touches plus viriles, qui se remarquent surtout dans les chœurs, plus que dans la bande instrumentale. La production étant évidemment irréprochable, avec un mixage impeccable, rien à souligner de particulier dans le son qui ne fait que prolonger les directions antérieures, mais là où le bât blesse, c’est que l’efficacité se retrouve méchamment matinée d’uniformité, les titres se suivant et se ressemblant énormément, avec toujours cette alternance de poussées de vitesse et de breaks plus lourds, les chœurs s’abandonnant parfois à une niaiserie tout à fait déstabilisante, à base de « Hey, ho » incongrus…
Les parties vocales plus velues, pas forcément toujours convaincantes ne permettent donc pas d’oublier que ce troisième album n’est qu’un succédané des deux précédents, sans chercher à transcender l’inspiration, et une fois parvenu à mi album, on se prend déjà à regarder sa montre en anticipant les plans à venir. Toujours aussi efficace rythmiquement, les deux frères n’ont pas pris grand soin d’exiger des riffs un peu plus variés, et lorsque l’ambiance se tend enfin, on regrette que les partis-pris pâtissent d’un manque flagrant de culot, et « In the Mind of the Mad » de tutoyer les anciens sommets d’EXODUS avec ce riff pataud mais gluant qui n’est pas sans rappeler le magique « Toxic Waltz ». Plus de modération dans l’envie eut été une option à privilégier, même si certains morceaux de leur fulgurance nous font oublier le caractère timoré de l’entreprise (« Frankenstein Must Be Destroyed », franchement le plus exubérant du lot). Et comme en sus le chant de Cody enfile le costume de caméléon filial, difficile de ne pas voir en ce troisième chapitre une suite un peu trop logique qui peine à prendre ses distances avec la tutelle paternelle. Du Thrash donc, bon évidemment eu égard au CV des musiciens, mais seulement ça, malgré des soli convaincants et des breaks torrides, mais pas assez pour nous faire oublier la répétitivité des chansons, et la transparence des intentions. Un bon album d’EXODUS non signé par EXODUS, qui en reprend tous les tics, mais qui ne joue que l’égalité et non la personnalité. Dommage, mais peut-être que les deux frangins Souza finiront par comprendre que leur singularité viendra de leur talent et non de leur héritage.
Titres de l'album :
1.One Less Hell
2.Daze into Darkness
3.Carnival of Execution
4.Organic Remains
5.World, Flesh & Devil
6.Frankenstein Must Be Destroyed
7.In the Mind of the Mad
8.Delete
9.Ethereal Nightmare
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