Tout ça commence comme une histoire australienne, bondissant entre les boules de végétation qui roulent dans le désert, et pourtant, l’action se situe aux antipodes de l’axe austral, puisqu’elle se déroule en Finlande. Mais on sait depuis longtemps que les pays scandinaves sont capables de faire monter la température encore plus haut qu’un habitant de Melbourne, Los Angeles ou Mexico City, et finalement, la surprise n’en est pas si grande au moment de découvrir le sophomore de la créature BEAST IN BLACK. Alors non, malgré les similitudes, malgré ce riff qu’on croirait fauché des poches d’Angus Young, malgré cette batterie élastique et épileptique piquée dans le coffre à idées des AIRBOURNE, « Cry Out For A Hero » n’est pas une aventure australienne, mais bien une entame dans la plus pure tradition finlandaise de ces dix dernières années. Mais nous n’avons pas affaire à des inconnus, puisque la bête du froid s’est déjà exprimée avec puissance il y a à peine deux ans, et que nous savons très bien qui est aux commandes depuis le début. Festoyez donc fans de BATTLE BEAST, puisque votre héros limogé pour des mésententes irrémédiables s’en revient avec son nouveau projet titiller votre corde nostalgique. Nous célébrons donc le retour en fanfare du sieur Anton Kabanen, toujours bien entouré de ses comparses de 2015, et toujours aussi étonné de fait de constater que son nouveau médium d’expression déchaîne autant les passions - sinon plus - que l’ancien. La formule de BEAST IN BLACK pour les néophytes, est simple, et complexe à la fois. Œuvrant dans un Power Metal qui n’en est pas un mais qui arrange bien la presse de ses généralités, ce quintette à la passion affichée (Máté Molnár - basse, ex-WISDOM, Kasperi Heikkinen - guitare, CONQUEST, MERGING FLARE, ex-ICONOFEAR, Yannis Papadopoulos - chant, ex-CROSSWIND, ex-UNTIL RAIN, ex-WARDRUM, Atte Palokangas - batterie, AGONIZER, AMONG THE PREY, THUNDERSTONE et Anton Kabanen - guitare, ex-WISDOM, ex-BATTLE BEAST) se réclamerait plutôt d’une synthèse générique de tout ce que les années 80 ont pu proposer de plus hédoniste, s’inscrivant ainsi dans la tradition vintage qui dirige les débats au nord depuis pas mal de temps.
Et si Berzerker manquait encore un peu de personnalité, mais affichait de belles qualités hétérogènes, autant avouer que From Hell With Love se paie des allures de best-of de luxe de tout ce que le Hard-Rock pluriel a pu offrir de plus clinquant cette dernière décennie. Taillé sur mesure pour séduire les fans de Metal ouvert et éventuellement faire de l’œil à ceux que la distorsion rebute, ce monstre aux allures de diadème de strass joue l’exubérance et le clinquant, à tel point que les non-initiés pourront être aveuglés par autant de brillance. Et si j’entends déjà les grincheux hurler à la trahison et à la compromission commerciale (les mêmes qui pointent du majeur GHOST, NIGHT FLIGHT ORCHESTRA et tout ce qui fricote un peu trop avec la Pop), j’ai déjà préparé quelques arguments à leur opposer, à savoir d’aller écouter du Hard à moustache made in Germany, ou de retourner fouiller dans leurs vieux vinyles d’origine. BEAST IN BLACK ne s’est jamais adressé aux puristes de la cause, pas plus que BATTLE BEAST d’ailleurs, et les fans du groupe n’ont cure des protestations émises à l’égard de leurs héros, qu’ils jugent (à juste titre) irréprochables. Car si la filiation entre BEAST IN BLACK et BATTLE BEAST est d’une lénifiante évidence (les deux groupes ne partagent pas le même compositeur pour rien…), les points communs entre GHOST, STRATOVARIUS, NIGHT FLIGHT et BEAST IN BLACK crèvent les yeux, à tel point que la version digipack du CD et sa reprise du « No Easy Way Out » de Robbert TEPPER justifierait même un rapprochement avec les autres finlandais de THE LOCAL BAND, le cover band que tout le monde s’est arraché récemment. Mais en dehors de cette précision presque anecdotique, le répertoire original du quintet s’est offert un profond lifting, et se présente sous la forme de onze nouveaux morceaux qui pètent le feu et qui incendient toutes les scènes à la ronde, d’autant plus que la tournée de printemps a été entamée depuis le 20 février dernier.
Inutile de dire que les foules qui attendent les super-héros de pied ferme ne seront pas déçues du sort qui leur sera réservé. Car outre l’entame tonitruante de « Cry Out For A Hero » qui place le Hard à tendance Heavy au centre des conversations, From Hell With Love propose un éventail de compositions aussi varié que pertinent, et des inspirations qui n’hésitent pas à tremper leur plume dans la Pop, la Synth-Pop, le Folk, mais aussi le Heavy bien suintant, et la délicatesse la plus pure. Aucune surprise donc à voir ses oreilles caressées par les effluves synthétiques de « From Hell With Love », le premier véritable hit de l’album, qui ose la jonction entre le Hard Rock le plus populaire et la Pop musclée des années 80, se montrant ouvertement populaire, mais pas populiste. Dès lors, cette juxtaposition de guitares féroces et d’une rythmique souple ne choquera personne, tout le monde étant parfaitement conscient des inclinaisons mélodiques de Kabanen, qui n’en a jamais fait grand mystère du temps de BATTLE BEAST. Et engoncé dans sa superbe pochette à l’artwork signé Roman Ismailov, From Hell With Love, une fois de plus concocté au Sound Request Studio d’Anton déroule le tapis rouge pour m’as-tu-vu en manque d’amour charnel, déclenchant les enfers de la séduction sur terre comme en témoigne la vidéo officielle illustrant le punchy « Sweet True Lies ». On pense à LORDI, mais aussi à une version réactualisée du BON JOVI de « You Give Love a Bad Name », au Hard teuton qui fait griller les petons, et en somme, à tout ce qu’on peut aimer de différent dans le Hard Rock du fiston et de grand-maman. Mais conscients qu’ils avaient une grosse carte à jouer, les BEAST IN BLACK ont pris leur temps pour peaufiner le cadeau et faire plaisir à tout le monde, n’hésitant pas à confronter des claviers évanescents à des riffs saignants, sur fond de vocalises lyriques, se parant d’atours à la NIGHTWISH pour mieux s’inviter au bal de fin d’année de PRIMAL FEAR.
Versatilité ? Mais absolument, et eut égard aux capacités des musiciens impliqués, il n’y a rien d’étonnant à cela. Entre les qualités évidentes de soliste et de songwriter de Kabanen, la voix surpuissante et presque asexuée de Yannis Papadopoulos, et la polyvalence rythmique de l’axe Molnár/Palokangas, le champ des possibles semble infini, et une tuerie Hard-Pop bubblegum de la trempe de « Die By The Blade » le confirme d’une moue charnelle. Couplets taillés dans la soie de draps d’un amour d’une nuit, refrain digne d’un orgasme partagé de concert, on nage en plein stupre artistique, et le plaisir dégouline de tous les pores. D’autant que le quintet s’est arrangé pour nous permettre de reprendre notre souffle et de rêver à de beaux paysages finlandais, avec un délicat et cristallin « Oceandeep », sur lequel les arpèges acoustiques créent un climat feutré alors que la voix de Yannis se féminise à outrance. Ne vous fiez cependant pas à ces quelques accès de tendresse, puisque le propos est à la puissance, mais toujours modulée d’une touche de nostalgie assumée (« Unlimited Sin », qu’on pourrait croire sur le couplet exhumée d’un best-of de Sandra), et à l’énergie surdéveloppée, en mode Hard-Rock de champion, genre le « Maniac » de Michael Sembello revu et corrigé Bonnie Tyler sous stéroïdes (« This Is War »). En plus, le groupe n’est pas radin, puisque deux bonus comme déjà précisé vous attendent sur le digipack ou l’édition double LP, avec deux reprises aussi différentes que jouissives, dont le « Killed By Death » de MOTORHEAD, fidèle à l’original mais dopé d’un refrain synthétisé, et la scie circulaire « No Easy Way Out », déjà reprise par chez nous par Nina Scott, et qui trouve ici une seconde jeunesse. Une réussite ? Pour le moins, mais après tout, pas surprenant qu’une histoire finlandaise finisse encore bien…
Titres de l'album :
01. Cry Out For A Hero
02. From Hell With Love
03. Sweet True Lies
04. Repentless
05. Die By The Blade
06. Oceandeep
07. Unlimited Sin
08. True Believer
09. This Is War
10. Heart Of Steel
11. No Surrender
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