Power-trio, pseudos obligatoires et rigolos (Persecutor – guitare/chant/sitar, Horrified – batterie/chœurs et Madness – guitare), nom adapté, tout est sur le plateau de la balance pour le déséquilibrer. A vu de nez, on se dit tout d’abord qu’une nouvelle sortie de chez Caligari a de quoi affoler les sens, mais rien ne prépare en fait au choc causé par ce premier album. Non, rien. Mais alors, rien. Ou alors, si, un peu de drogue. Beaucoup de drogue.
Des kilos de drogue.
Mais pas n’importe laquelle. Pas la drogue dure du show-business, ni la drogue létale des bas-fonds et des rues aux aiguilles rouillées plantées dans les veines nécrosées. Non, un bon trip à l’ancienne, avec Psilocybe naturel de bouse, et une pandémie comme décor à venir. Il est vrai que cette dure période d’enfermement et d’inactivité avait de quoi stimuler la créativité, en tout cas celle de Persecutor qui s’est bouffé un joli retour de bâton, peinant à retrouver sa santé mentale et même physique. Mais bon, sans vouloir jouer les vieux cons, les disques enregistrés pendant ou après un trip, on connait. Bowie, GRATEFUL DEAD, HAWKWIND, et même les BEATLES et les STONES, alors rien de bien neuf. Ce qui l’est par contre, c’est l’approche choisie par ce trio d’Oldenburg.
Enfin plutôt l’option choisie par Persecutor, qui insiste lourdement sur le caractère hippie-proof de son expérience traumatisante.
Réfléchissant à un moyen de retranscrire ses émotions et son ressenti, le musicien allemand a rapidement compris qu’un Death progressif et dissonant était le meilleur des vecteurs d’expression. D’où ce premier album en journal pas si intime qui dénote dans la production actuelle de sa liberté de ton, loin des atermoiements old-school qui n’impressionnent et n’émeuvent plus personne.
Le label balise de plus belle, et cite quelques références possibles. Dans les vieux pots où se trouve la meilleure soupe, SEANCE et DESULTORY. Dans la poêle plus récente, CHAPEL OF DISEASE et GOLD SPIRE. Entre les deux, HALLUCINATE qui n’a pas fini de vous en faire voir de toutes les couleurs. Ou de tous les noirs plus exactement. Car les couleurs n’ont pas droit de cité sur From the Bowels of the Earth.
HELLHAMMER après un voyage dans le temps à la rencontre de VIRUS en compagnie de VOÏVOD et PUNGENT STENCH. Voilà peu ou prou ce qui vous attend sur ce premier jet qui laisse des traces, et pas qu’au fond du slip. Drivé par une inspiration incroyable, le trio se perd dans sa propre imagination, et dessine les lignes et impasses d’un labyrinthe mental en forme de piège à rats. Difficile de se repérer dans ce dédale de riffs dissonants et de lignes vocales résignées mais graves, d’autant que d’autres ingrédients ont été rajoutés au plat.
Un peu d’Ambient, beaucoup de stridences, une gravité de fond et de ton, et une inspiration qui relie l’Allemagne à la Suède des années 90, sans qu’aucun des héros locaux ne soit cité en bas de page. Cet album tient plus du voyage intérieur que d’une simple bande-son pour psychopathes, et nous balade dans les recoins les plus sombres de l’âme de ce guitariste/chanteur aux occupations illégales. Alors, se laisse-t-on entraîner sur la pente de la délinquance artistique, ou garde-t-on un pied en terre règlementaire ?
On plonge, on glisse, et on atterrit là où la terre sent encore le vomi et la mort.
Je ne vous cacherai pas que tout ceci est bien glauque et bizarre, mais surtout, unique en son genre. Entre Desert Rock blindé et Death progressif à l’autrichienne, HALLUCINATE nous fourre les convenances là où vous pensez les mettre, et propose une frise impressionnante et constellée de personnages louches et autres créatures farouches.
Construit comme la progression logique des sens durant un bad trip sévère, From the Bowels of the Earth peut compter sur la technique de ses concepteurs pour trouver les bonnes ambiances. Parfois moite et angoissant, parfois lent et oppressant, parfois léger et virevoltant, ce Death est une bonne occasion de se réconcilier avec le genre, qui depuis quelques temps se satisfait un peu trop de sa propre nostalgie. La nostalgie ici n’a pas sa place, et la créativité permet de se distancier d’une masse informe qui a de plus en plus de mal à déterminer son identité.
Entre l’horreur viscérale de « Paracletus », et le foudroîment de « Tachycardia » (qui peut en effet provoquer des palpitations), HALLUCINATE colle à l’irréalité des faits, et nous bouscule constamment, pour mieux nous faire appréhender la non-réalité des faits.
Conçu pour procurer les sensations d’une montée/descente éprouvante, ce disque est aussi infernal qu’une drogue peut l’être lorsqu’elle n’est pas prise au bon moment. « AION », continue l’amorce de descente pour nous faire peur, alors que « Crimson Rain » fait battre une pluie cramoisie sur le cœur, mis à rude épreuve par les effets secondaires de cette drogue de traître à la corde bien raide.
En quarante minutes, le trio nous évite les désagréments pour partager les images. Mais se dire que cette musique est la retranscription d’un état d’esprit humain donne méchamment froid dans le dos. Comment supporter ces attaques incessantes des sens qui s’affolent, et qui donnent envie de mourir avant de devenir complètement barge ?
Mais le plus simple est encore d’attendre l’état de stress le plus intenable, de vous asseoir le plus inconfortablement possible, et de vous infuser From the Bowels of the Earth en pleine crise de paranoïa.
Désagréable n’est-ce pas ?
Oui, c’est bien le but de la manœuvre.
Titres de l'album :
01. A Universe Obscure
02. Blackened Gills
03. Black Smokers
04. Mahavishnu's Dream (Instrumental)
05. Paracletus
06. Tachycardia
07. AION
08. Crimson Rain
09. Dying Consciously
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