En matière de Hardcore lourd, sombre et écrasant, les russes ne craignent personne. En matière de Crust non plus d’ailleurs, leur école enseignant des pratiques beaucoup plus rudes que celles de leurs homologues nordiques. Alors, lorsque des élèves indisciplinés mais appliqués se mettent en tête de combiner les aspects les plus violents de leur cursus, le résultat est inévitablement terrifiant. C’est le cas des TORVE, qui vous regardent certainement d’un œil adapté, mais qui ont bien compris que la brutalité et la vélocité n’étaient jamais aussi efficaces que lorsqu’elles étaient combinées. Du coup, ce quatuor à la puissance phénoménale (Anton – voix, Dmitrii – guitare, Vladimir – basse et Stas – batterie) se permet de toiser la grande majorité des sorties actuelles de sa violence frondeuse, qui prend corps autour de ce nouvel LP, qui fait la part belle à la vilénie instrumentale et à la brutalité viscérale. Les originaires de Penza, fédération de Russie, ne se gênent pas pour verser du sel sur des plaies encore béantes, et nous assomment de leur férocité, qui quelque part, parvient à combiner la sournoiserie des CONVERGE et la folie des TOTALITÄR. Croisement impossible ? Pourtant si, mais pas que, puisque les quatre instrumentistes possèdent une très forte identité, qu’ils ont eu l’occasion d’affirmer sur scène, mais aussi en studio, sur Without Words, enregistré en 2014, et qui effectivement, laissait sans voix. Eux n’en manquent pas, et leurs guitares, leur rythmique et leur poumon vocal respirant à plein souffle l’air glacial de leur région natale, se font un malin plaisir de nous conter les horreurs d’un monde inégalitaire, qui va certainement se satisfaire de ce From The Land Of The Barbarians, qui en effet, se montre aussi barbare qu’une horde de huns sur le sentier de la guerre enflammée.
Là où les TORVE passent, comme l’Attila de légende, rien ne repousse, ou mal. Ils laissent dans leur sillage une terre Hardcore si aride que même le chiendent dépose ses armes, et crament tout alentour de leur mélange pas vraiment subtil de Crust, de Hardcore, de Darkcore et de Beatdown à l’occasion, tout en faisant preuve d’une incroyable cohérence. Et ce premier véritable album à des allures de déclaration d’intention, conspuant la tiédeur ambiante et les réflexes faciles de ses plans en équilibre sans talon d’Achille. Aussi entraînants qu’ils ne sont impressionnants, les russes jouent le jeu d’une musique sombre mais explosive, et se montrent aussi effrayants que convaincants. Il suffit pour s’en persuader de se pencher sur le bloc de béton armé qu’est « Of Enemies », qui ne donne pas vraiment envie de choisir le mauvais camp, celui d’en face, qui ose défier cette armée de chœurs en chien de fusil et de riffs en barbelés aiguisés et rouillés. Il faut dire que leur nouveau bébé a été soigné, et a bénéficié de soins particuliers, puisqu’outre une production conjointe des studios Petrovitch et DTH, on retrouve au mastering l’incontournable Brad Boatright, toujours vissé à sa chaise des Audiosiege, et qui a concocté un enrobage aussi épais que brillant, conférant de fait à des compositions déjà bien concentrées la puissance qu’il leur manquait…ou pas. Impossible de résister à l’exubérance d’ultraviolence de pistes aussi radicales que « Behold The Past », qui catapulte le Crust aussi près du Grind que possible, tout en aménageant des espaces Core vraiment abrasifs, et susceptibles de débloquer vos cervicales coincées.
Mais les TORVE ont décidément tout compris, de la forme au fond, et ne perdent pas de temps à tourner en rond, préférant une poignée de secondes lorsqu’elles suffisent, mais se laissant aller sur le traumatique final « In Word And Deed », qui de ses sept minutes bien chargées, fait le tour de la question Sludge, Crust et Darkcore sans trop se poser de questions, vu que les réponses sont toutes déjà intégrées. Feedback, lourdeur extrême, hurlements sans humanité, pour une oppression qui comprime le thorax et vous empêche d’expulser des glaires qui encombrent pourtant votre système respiratoire. Dans un ultime effort à la limite du Doom le plus cauchemardesque, les russes peaufinent un tableau de l’horreur, qui renvoie la clique américaine dans les cordes, et se servent de leur propre ressenti pour repousser les limites de l’ignominie musicale en laissant un riff unique agoniser jusqu’au dernier râle…C’est très vilain, c’est très méchant, mais ça fait du bien. Parce qu’après tout, la vie n’est certainement pas si belle que ça…
Et de pistes lâchant l’effort sous la barre des deux minutes, à celles qui se contentent d’une et quelques, le tour de force est impressionnant, au moins autant que ce tétanisant « Lonesome Path », qui ne donne pas vraiment envie de marcher seul, dans des rues qui ne se donnent pas vraiment. Crustcore, Darkcore, en tout cas sombre et brutal comme un guet-apens terminal au coin d’une ruelle louche, pour un uppercut en pleine face qui laisse de méchantes traces. En version courte, la peine est encore plus lourde, et l’intensité monte d’un cran, de quoi rendre les NAUSEA et autres HIS HERO IS GONE fous de rage de passer pour de gentils faiseurs (« Riot Today », AGNOSTIC FRONT sous stéroïdes qui cogne sur tout ce qui bouge, et qui ose même un solo bien rouge, « S.W.A.K. (Shark With A Knife) » et sa partie de batterie en nage, qui multiplie les fills, breaks et autres percussions infernales, avant d’enfin oser les blasts en bacchanales). Notons aussi pour la bonne bouche des arrangements de composition discrets mais efficaces (le final gospel du classique Crust « The Great Machine », les coups de boutoir et la précision diabolique de « Ashes To Ashes »), et nous parvenons en définitive à un résultat au-dessus de tout soupçon, qui place les TORVE en tête de liste des groupes à suivre de très près, mais pas trop quand même histoire qu’ils ne se retournent pas pour vous fracasser. Mais soyez assurés que From The Land Of The Barbarians décrit exactement de son titre ce qu’il contient comme avertissements et méfaits. Un disque sauvage, sous contrôle, mais qui vous explose au visage comme une réalité trop longtemps niée.
Titres de l'album:
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