L’obstination paie. En tout cas, c’est le genre de leitmotiv tout fait qu’on assène à ceux qui semble relâcher leurs efforts, et qui ne se vérifie pas toujours.
Parfois. Rarement. Mais il est certain que dans des cas très précis, cet adage s’avère plein de bon sens, pour peu que les individus concernés soient dotés d’une motivation à l’épreuve des balles, genre caractère blindé en vitres teintées sans jeter un coup d’œil à la pression qui s’exerce à l’extérieur.
Et c’est le cas semble-t-il de notre ami de l’après-midi, le Salvadorien Jorge Montesino, qui depuis presque vingt-cinq ans suit une feuille de toute très personnelle dont il n’a que très rarement dévié.
Jorge a commencé la musique en 1993, en composant ses propres chansons sur une guitare acoustique, qu’il fixait sur les bandes fatiguées d’un vieux magnétophone. Dépité de ne trouver aucun musicien pour l’accompagner dans sa quête extrême, ces derniers préférant exprimer leur créativité en jouant un Grunge très en vogue à l’époque, il lui fallut attendre 1994 pour enfin réunir un line-up digne de ce nom afin de répéter et de jouer live. Bien évidemment, pour ce faire, il dû accepter à ses côtés des instrumentistes ne faisant pas partie de la galaxie Metal, la condition sine qua non pour arriver à ses fins. En 2001, la première démo de DISORDER vit donc le jour, Voces de la Tumba, aussitôt suivi d’un premier LP baptisé du même nom un an plus tard.
Las, cet accomplissement signifia aussi un arrêt presque définitif des affaires courantes, et DISORDER sombra dans un long coma, avant d’en être extirpé par Jorge en 2011. Affublé du nouveau sobriquet de Morbid, Jorge s’acoquina avec son neveu Kevin Orellana, autrement surnommé Hellbastard. L’union fut de courte durée, puisque le pauvre Kevin se vit intimer l’ordre d’aller ranger ses shorts dans un autre tiroir juste avant la sortie du second LP du groupe, En El Rio Del Olvido, publié en 2014.
Depuis, Morbid est devenu M.Q, travaille en duo avec V.K (Iosif Najarro, membre des CONCEIVED BY HATE), a collaboré à un split en compagnie des Suédois de TOTAL INFERNO en 2016, et sort donc cette année son troisième longue durée, qui affiche toujours de belles prétentions extrêmes, sans faire de mystères sur son message interne et profond.
A savoir, jouer la musique la plus viscéralement brutale possible, sans fioritures, en se basant sur des riffs simples et des rythmiques puissamment violentes et rapides. Et si le Thrash à forts relents Black est votre canette de Lager préférée, réjouissez-vous, car Fuero Negro va vous en mettre une bonne derrière la nuque.
Musicalement, l’affaire est aussi simple qu’elle n’est efficace. Jorge se fie donc à ses instincts primaux, et se consacre corps et âme à un Blackened Thrash de première bourre, qui toutefois – et malgré ses précisions, auxquelles il tient – se permet quelques fantaisies mélodiques de bon aloi. Ne vous attendez donc pas à une charge ininterrompue singeant les IMPALED NAZARENE ou les premières exactions de WARHAMMER, puisque DISORDER joue autant sur la franchise de ses thèmes que sur les extrapolations légères qu’il imprime aux morceaux, qui finalement, sont beaucoup moins basiques que sa philosophie ne le laissait croire. Nous sommes donc en présence d’un Thrash très efficace, et dont la patine Black est surtout conférée par le chant sombre et sourd de Jorge, qui outre la guitare et les vocaux, s’occupe aussi de la basse, assez linéaire il faut l’avouer.
Si parfois ses motifs rappellent une version très dark de GRIP INC, SLAYER ou même DESPAIR, et si le tempo insufflé par V.K est assez souvent statique et speed, la musique proposée sur Fuero Negro est à l’image de son nom, et brûle d’un souffle ardent dont les braises s’envolent tout autour de vos oreilles assez malmenées. Il est certain que si les variations vous sont indispensables pour apprécier une musique aussi extrême soit-elle (mais celle de DISORDER est quand même assez pondérée), vous risquez de trouver l’écoute un peu décevante et les accès de rage relativement roboratifs, puisque de « Carroñeros de Justicia » à « Fuego Negro », les altérations et modulations sont plutôt rares, et les chansons calquées sur le même moule, incassable cela dit.
Sympathique, mais répétitif, telle pourrait être la sentence prononcée à l’égard d’un disque qui ne dévie jamais de sa trajectoire, et qui se cale sur un certain nombre de BPM, quitte à reproduire les mêmes breaks au même endroit.
Et si le travail de V.K au kit est admirable de régularité, gageons que l’homme aurait aimé varier un peu plus ses mouvements pour apporter aux titres le dynamisme qui parfois leur fait défaut.
On note quand même un semblant de déviance sur le final « Fuego Negro », qui débute par un mid tempo accrocheur, soutenu par un riff plus joyeux que fonceur, mais bien sûr, c’est un leurre destiné à nous écraser le nez sur une rage Thrash encore une fois soutenue.
Même croches égrenées au même rythme, même chant raclé, même riff rebondissant et purement Thrash, la boucle est bouclée, et finalement, un peu trop serrée pour nous permettre de respirer.
Non que la tentative soit dénuée d’intérêt, loin de là, mais il est certain que Jorge aurait gagné à diluer son propos dans un peu de nuances histoire de proposer des idées un peu plus aérées. Une accélération soudaine, ou au contraire quelques passages en down tempo, un break un peu moins calqué sur les précédents, ou un changement atonal au chant eurent été les bienvenus, mais après tout, c’est la vison de Jorge, et il convient de la respecter.
D’ailleurs, l’homme est un très bon instrumentiste aux soli très affutés et précis, qui savent se montrer harmoniques et suffisamment rapides pour le style sans tomber dans le fouillis ou la démonstration stérile. Il aurait tout intérêt à varier son chant comme il varie ses interventions, pour conférer à ses morceaux plus d’épaisseur et moins de prévisibilité.
Mais en l’état, et si vous cherchez un album qui justement ne cherche pas la petite bête sans vous prendre pour de gros bourrins sans tête, Fuero Negro fera parfaitement l’affaire dans un cadre Thrash teinté de BM light, qui tient la route, mais ne prend pas assez de risques de peur d’une éventuelle sortie de piste.
Saluons tout de même l’acharnement d’un homme qui n’a jamais renoncé. Comme quoi, l’obstination…Mais je l’ai déjà dit.
Titres de l'album:
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