Les concepts peuvent souvent offrir des univers différents, pour peu qu’ils soient suffisamment développés, et surtout, autre chose qu’un paravent cachant une misère musicale désespérante. Après tout, il est toujours facile de se pointer avec une idée et un look sans avoir travaillé sa partition pour jouer quelque chose de novateur et accrocheur. Les exemples de concept foiré sont légion, entre masques grotesques et chansons imbuvables, mais aujourd’hui, un nouveau venu pointe le bout de ses fantasmes, et nous délivre un message de l’espace assez enthousiasmant.

Fondé par The Alien (ex-BLACKRAT), KONTACT a dû subir comme tout le monde les contraintes du confinement, et s’est donc caché en son Canada natal pendant quelques mois. Le temps de réunir les bons musiciens pour la bonne aventure, et d’expliquer au monde sa fascination pour les cultures extraterrestres. Mais dans l’ombre se fomentait le complot le plus étrange du Metal canadien de ce nouveau siècle, un complot basé sur des théories glanées dans l’histoire de la musique amplifiée, le tout recouvert par une obsession inter-espèces.

Rapidement rejoint par Matt B1257+12Z (TRAVELER), Morh Morf Xela (HROM) aux guitares, et par l’énigmatique Unknown (CHIEFTAIN) à la batterie, The Alien (basse/chant) a pu mettre en application sa vision, comme tout bon gourou qui se respecte. Et après un premier EP dévoilant les grandes lignes du plan, le quatuor a poussé les choses un peu plus loin pour nous décrire par A+B-C la prochaine invasion extraterrestre et la cohabitation avec ces créatures venus d’une autre galaxie.

N’étant pas naïf par essence, je ne m’attendais pas à grand-chose de la part de cette assemblée hétéroclite. Si le laïus promotionnel tentait par tous les moyens de séduire un auditoire avide d’inédit, il convenait de prendre ces arguments avec des pincettes, spécialement lorsqu’ils étaient renforcés par des comparaisons incongrues. Citer en 2023 les noms de MANILLA ROAD et MASTER’S HAMMER n’est pas le meilleur moyen de faire couler la bave aux lèvres, même si les deux références sont pondérées du classique ACCEPT. Mais c’est surtout cette formule incroyable qui intrigue le plus, lorsque l’agence de promotion ose nous parler d’un Sleaze pimenté à la sauce Techno-Thrash, le truc le plus improbable depuis le Morbid Glam de CELTIC FROST.

Mais après écoute de l’objet en question, je me vois obligé par honnêteté de valider (presque) toutes ces assertions, tant le contenu de Full Contact est surprenant, frais, légèrement allumé, mais artistiquement riche et novateur.

Il y a dans cette musique suffisamment d’innovations pour intéresser le public le plus branché sur les étoiles. A la manière d’un HAWKWIND reprenant les recettes modernes d’un BLIND ILLUSION, KONTACT triture ses boutons, branche sa radio sur les méga grandes ondes, et nous donne des nouvelles de l’univers pour mieux préparer cette rencontre du troisième, quatrième ou cinquième type.     

Si les structures sont souvent les mêmes, le parfum psychédélique du trip excuse quelques facilités, même si la plupart des morceaux contiennent au moins une idée porteuse. Mais attention, et la mise en garde est d’importance, il vous faudra passer outre la voix très spéciale et nasillarde de The Alien (et traitée avec outrance), qui dès l’overspeedé « Emperor of Dreams » chante du nez et s’offre un relooking Speed Metal pour une entrée en matière tonitruante.

Si l’élément techno-Thrash est plus que discutable, le reste des indications est assez honnête. Entre Space Glam à la Bowie exilé sur une planète satellite, Heavy Sleaze des étoiles avec un Ace Frehley défoncé à la poussière de Saturne, et Heavy Rock des seventies adapté aux productions old-school modernes, Full Contact doit plus au bis italien qu’à Steven Spielberg, et nous entraîne dans un périple improbable à la rencontre d’autres civilisations, certainement plus avancées que la nôtre.

Assez bref et concis, ce premier album n’en dégage pas moins un professionnalisme déroutant. Les musiciens/guides connaissent leur boulot, traduisent avec acuité les signes venus de l’espace, et nous offrent même des hymnes à entonner lorsque la première soucoupe se posera dans un champ de blé (« Bloodchild »).

Comme si Rob ZOMBIE s’accordait une pause en reprenant le catalogue de Dave Brock, KONTACT joue la singularité, et marque des points. Bien sûr, inutile de nier que sous le vernis conceptuel se cachent des riffs assez prévisibles et un fond Rock’n’Roll classique, mais le tout est tellement bien emballé qu’on se laisse séduire par cette opposition à cheval entre les genres.

NWOBHM, Heavy à la canadienne (SWORD), intonations sardoniques, et une fusée plantée dans le sol attendant l’allumage. Ce petit classique underground de la science-fiction joue évidemment plus sur la fiction que sur la science, mais offre une vue imprenable sur les rêves de THE DARKNESS, alors peuplés de créatures eighties et de Space-Rock des années 70.

Pas besoin de fumer, pas besoin de prendre des pilules. KONTACT défonce assez pour planer, et ce premier album, encore un peu gauche et caricatural reste l’une des nouveautés les plus excitantes du moment.

Titres de l’album:

01. Emperor of Dreams

02. Doppelga¨nger

03. Heavy Leather

04. Astral Vampire (Return of the)

05. Ixaxar

06. Watcher at the Edge of Time

07. Bloodchild

08. Spectral Fire

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