La Grèce, comme l’Italie, étaient en quelque sorte les cousins sympa mais peu doués, les parents pauvres du Heavy Metal des années 80. Quelques groupes venaient parfois sauver l’honneur de la production nationale, mais les choses ont bien changé depuis cette époque. Aujourd’hui, les grecs et les italiens, à l’instar des suédois et des finlandais font jeu égal avec le reste de l’Europe et même du monde, pouvant se targuer d’avoir donné naissance à des groupes essentiels, souvent portés sur le Heavy Metal et le Power le plus pur. VALIDOR en est un exemple frappant depuis maintenant plus de douze ans, et les quatre longue-durée sortis viennent témoigner de la fidélité de ces musiciens envers un style sans époque et sans âge.
VALIDOR n’est donc pas Poulidor, mais bien l’Anquetil du Metal épique hellène, et Full Triumphed porte de fait admirablement bien son nom. Maillot jaune de la ferveur grecque envers une musique riche et opératique, Odi Thunderer, grimpeur, coureur de fond et sprinteur hors-pair nous a donc encore réservé une performance hors du commun, seul à la barre de sa guitare, de son chant, de sa composition et de presque tout le reste. Toutefois soutenu pour l’occasion de ce cinquième full-lenght par Bob Katsionis (guitare, basse et claviers) et Apollo Gi (batterie), le musicien prolifique athénien revient donc à la conquête des fans de MANOWAR et HAMMERFALL, et cette pochette guerrière ne trompe guère : la cible est évidente, les fans d’un True Metal hautement énergique et mélodique, dans la plus grande tradition des manieurs d’épée des années 80 et 90.
Poussant les clichés à leur paroxysme, Odi Thunderer n’a jamais eu peur d’en faire trop, et en a toujours fait juste assez. Se frottant au ridicule le plus achevé des histoires de surhomme chevalier arpentant la terre du milieu pour combattre le diabolique dragon, VALIDOR est l’exemple même de celui à suivre lorsqu’on souhaite se vautrer dans la soue de l’Heroïc-Fantasy sans ressortir sale comme un cochon. La méthode ? Faussement simple, mais reposant sur des riffs vraiment probants, une atmosphère belliqueuse, une montée de testostérone, mais aussi quelques harmonies empruntées au Folk national pour accentuer cette impression de légende musicale qu’on se transmet de génération en génération.
Produit par Bob Katsionis, enregistré et mixé au Sound Symmetry Studio d’Athènes, et masterisé par Nasos Nomikos aux VU Productions, Full Triumphed est une décharge d’adrénaline directement injectée dans le cœur, et surtout, un modèle d’un genre qui ne supporte ni la demi-mesure, ni la médiocrité. Là où MANOWAR s’enfonce dans le grotesque depuis de longues années, VALIDOR transcende les clichés, se joue des images d’Epinal, et propose de véritables chansons, triomphant d’un refrain fédérateur et écrasant de couplets vraiment élaborés.
Le son, typique des productions eighties permet à la batterie ce petit côté synthétique qu’on aimait tant dans les années 86/88, tandis que la guitare d’Oli taquine les lames de rasoir autrefois maniées avec flair par la paire Downing/Tipton. Et si le mot « steel » est employé par trois fois dans les intitulés, il convient d’y voir une fidélité sans faille en un crédo simple : le Heavy Metal est la musique des Dieux et des vrais hommes, ceux qui ne craignent pas d’affronter les monstres de la société.
Dès « Son of Fire », les naseaux reniflent les incendies volontaires, les soldats torse-nu qui s’affrontent lors de joutes meurtrières, et les héros naissant qui sont prêt à prendre la relève pour protéger le royaume et même l’étendre. Le talent d’Odi Thunderer est justement de jeter tout son talent fans la bataille, et de trousser des hymnes qui donnent envie de prendre les armes, de pourfendre de l’ennemi, et de se couvrir le visage de sang. Le rythme, soutenu, les riffs, touffus, l’ambiance, enflammée, font de ce cinquième album une réussite hors norme dans un créneau pourtant capricieux et sujet aux quolibets les moins tendres, et les titres passent sans que la résistance ne trépasse.
« Man of Steel » évoque un superman moyenâgeux, volant au-dessus des combats comme un oiseau de fer et de feu, tandis que « Strong Winds » évoque le meilleur de la scène virile d’il y a trente ou quarante ans. Les approches divergent quelque peu pour offrir la variété d’un conte pour adulte maculé de sueur et ponctué de regards d’acier, mais on craque vraiment pour ces chansons qui essaient sans forcer de nous transporter dans le passé, à l’image de ce statique et lourd « Blood Metal Legions », que MANOWAR et ACCEPT auraient pu signer dans le sang.
Sans trop en révéler sur un album fantastique qui tient la dragée haute aux cadors, on peut quand même souligner l’importance d’un final épique, passage obligé d’une telle œuvre qui se veut pinacle d’une carrière bien remplie. « Conquest of Steel » est sans aucun doute le morceau héroïque que les MANOWAR cherchent à reproduire vainement depuis les années 90, l’épée que l’on retire du rocher pour devenir roi, et cet épilogue nous laisse sur une impression de plénitude totale, et de guerre livrée contre la morosité.
« Heavy Metal (Is The Law) » » chantait il y a fort longtemps HELLOWEEN. Les VALIDOR confirment que la flamme ne s’est pas éteinte, et qu’elle brille comme jamais.
Titres de l’album:
01. Dawn of New Age
02. Son of Fire
03. Man of Steel
04. Strong Winds
05. Blood Metal Legions
06. Silverhawks
07. Gladiator
08. The Ten Thousand
09. Conquest of Steel
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