Des musiciens américains qui jouent comme des allemands qui plagient des suédois, voici une situation assez cocasse en soi pour une nation ayant inventé le genre…ou presque. C’est en tout cas le paradoxe créé par les originaires de Chicago, Illinois de BLOODLETTER qui nous offrent avec leur second album un gigantesque paradoxe mélodique. Peut-on adapter la légende de son propre pays à ce qu’en ont fait d’autres nations sans trahir sa foi ? La réponse est un oui massif, puisque Funeral Hymns incarne le meilleur de l’avant-garde de l’arrière-garde, en mixant simplement ses influences tout en gardant une indéniable puissance de feu. Sorti il y a quelques mois sur la subdivision Petrichor de Hammerheart, Funeral Hymns est semble-t-il passé inaperçu dans les colonnes et n’émerge qu’en 2021, situation assez étrange mais imputable au calendrier des sorties complètement faussé par la pandémie. Mais il eut été fort dommage de passer cette réalisation sous silence tant elle prône des valeurs de brut de chez brut et de concision terriblement convaincantes. Et deux ans après leur tonitruant début Under the Dark Mark qui de son titre rappelait BATHORY, les BLOODLETTER s’en reviennent donc plus remontés qu’une pendule à l’heure de la violence la plus intelligente.
Formé en 2013, le quatuor (Zach Sutton - basse, Peter Carparelli - guitare/chant, Pat Armamentos - guitare et Adam Payne - batterie) a publié coup sur coup trois EP’s introductifs (Malignancy en 2014, Bloodletter en 2016 et The Darkest Reaches en 2017) avant de se jeter dans la lave du premier LP l’année suivante, qui nous avait assez facilement convaincu de son potentiel pluriel. L’attitude des résidents de Chicago était alors simple, broder sur une base purement Thrash des thèmes très mélodiques, pour se rapprocher de l’école de Göteborg, sans tomber dans le piège du Néo-Death harmonique. Difficile donc d’accuser les vilains de pomper les recettes d’AT THE GATES ou SOILWORK, puisque leur musique en reprenait les astuces de séduction tout en les radicalisant d’une énergie propre au KREATOR de ces dernières années.
Funeral Hymns n’a donc rien changé à la donne, mais en a perfectionné l’approche. Avec une collection de morceaux courts et concis frappant très fort, les américains nous assènent un gigantesque crochet du droit en pleine face, sans jamais baisser la garde ou relâcher la pression. Pas plus de trois minutes par insert, méthode efficace qui n’empêche pas les musiciens de faire preuve de goût et de dextérité dans l’exécution. Toujours à la lisière du Techno-Thrash mélodique, les BLOODLETTER soignent leurs interventions sans leur faire perdre de ce caractère d’urgence qui les caractérise. La production sèche et sans artifices confère à ce retour une aura d’authenticité patente, et le déluge se subit avec un plaisir non feint, le jeu consistant à éviter les coulées de lave sans tomber dans le précipice. Et c’est après une courte intro harmonique et empreinte de Power Metal que « Absolution Denied » commence le massacre, sur une vitesse de pointe somme toute raisonnable, mais dans un ballet étourdissant de riffs tous plus pertinents les uns que les autres. La fluidité est là, le phrasé de Peter Carparelli convaincant, et les arrangements d’arrière-plan riches, ce qui permet à ce second chapitre de commencer sous les meilleurs auspices. Et si ce premier morceau vous convainc immédiatement de sa puissance, soyez heureux : le reste du répertoire est du même acabit.
Chœurs prononcées et persistants, cohésion de profondeur et osmose de surface, aucune erreur ne vient sanctionner ce retour en force. Si les soli se montrent tous aussi pointus et exigeants, c’est bien évidemment la rythmique qui accroche l’oreille, multipliant les digressions pour conférer à chaque intervention la dose de folie qu’elle mérite. Adam Payne se permet même quelques blasts sur l’aplatissant « The Grim », que KREATOR et DESTRUCTION auraient pu se partager il y a quelques années, et le ton lapidaire de l’album ne se dément jamais, comme si les américains souhaitaient laisser leur empreinte de façon très durable. Ce qui est le cas, puisque les morceaux passent, et l’enthousiasme jamais en trépasse, l’auditeur restant subjugué par cette démonstration d’efficacité dans la violence. Une violence intelligente et jamais gratuite, qui autorise donc des cassures Heavy du plus bel effet Mosh. De là, Thrash, Thrash/Death, Death mélodique, quelle importance ? Aucune, je vous l’accorde, puisque les trente minutes passent très vite, à tel point qu’une petite rallonge eut été appréciée.
Alors bien sûr, tout ceci est assez convenu dans les faits, mais mis à exécution avec tant de brio qu’on excuse les facilités old-school. La brièveté des morceaux entraîne un certain systématisme dans les enchaînements, et les segments les plus courts ont un air de déjà entendu quelques minutes plus tôt, comme sur « Guillotine » qui reprend à son compte tous les ingrédients déjà utilisés.
Mais l’énergie, l’enthousiasme et la saine violence finissent par avoir raison de nos avis les plus nuancés, spécialement lorsque le quatuor se fend d’une crise de folie intense (« Hang », il manquait juste le Pape pour que la fête du pendu soit plus folle), ou au contraire d’un morceau plus évolutif et élaboré (« I Am the End” parfait final emphatique).
Du bon travail donc, sauvage mais léché, une sincérité qui fait plaisir à entendre, une rythmique en rouleau-compresseur qui aplatit tout sur son passage, une utilisation futé du mid tempo (« Death Masks »), pour un second chapitre plus dense que le premier.
Titres de l’album:
01. Absolution Denied
02. The Grim
03. Funeral Bell
04. Burnt Beyond Recognition
05. Death Masks
06. Mark of Justice
07. Blood, Bone & Ash
08. Guillotine
09. Disinterment
10. Hang
11. I Am the End
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