Fait-il froid en Belgique ? La question peut sembler stupide formulée en hiver, mais garde un certain fondement eu égard aux chutes de neige subies par notre beau pays ces derniers jours. D’aucuns me diront que la neige ne connaît pas de frontière, et qu’il n’y a pas besoin de flocons pour trembler comme un marron qu’on approche du feu. Vous avez raison, mais je ne peux m’empêcher de penser que si le plat pays subit une vague de froid, il possède aussi les moyens de se réchauffer.
A la chaleur du premier album des nationaux HERZOG.
Si ce groupe belge n’a rien à voir avec le réalisateur éponyme, il n’en possède pas moins une sacrée puissance et une colère intérieure que Werner a souvent matérialisée sur ses tournages, spécialement ceux impliquant le fou légendaire Klaus Kinski. Mais il n’est pas question ici d’Aguirre, quoi que la colère de Dieu puisse s’incarner en ces huit titres aussi brutaux que glaciaux.
HERZOG est un trio qui n’aime pas vraiment lever le voile sur son mystère. Pas de page officielle, pas d’antécédents, mais…la présence d’un musicien bien connu de la scène underground internationale. On retrouve en effet au casting Déhà, dont le CV commence sérieusement à ressembler au bottin de Bruxelles. Jugez du peu, avec quelques mentions utiles :
ACATHEXIS, BRÆ, CHAINES, COAG, CULT OF ERINYES, DEHA, DRACHE, FALLEN, GOD ENSLAVEMENT, IMBER LUMINIS, IMPENDING TRIUMPH, INIQUITATEM, LYKTA, MALADIE, SATURNIAN TEMPEL, SILVER KNIFE, SLOW, SORTA MAGORA, THE NEST, THE PENITENT, TRANSCENDING RITES, WE ALL DIE (LAUGHING), WOLVENNEST, WRATH OF THE NEBULA, YHDARL, DEAD, IGNIFER
Largement de quoi impressionner au moment de coucher son opinion sur papier, mais ne nous laissons pas aveugler par le parcours du bonhomme. Rien ne garantit la validité d’un projet, et surtout pas le pedigree de ses membres, et il convient donc de rester de marbre pour mieux formuler d’éventuels reproches.
Sauf que les reproches, une fois encore, resteront au placard.
Accompagné par Hochofen et Asgeir Amort, deux anonymes uniquement reconnaissables à leur pseudo, Déhà se donne corps et âme pour incarner l’essence même du Black Metal le plus sombre et poisseux, et nous offre avec Furnace la fournaise dont nous avions besoin pour économiser le chauffage. D’obédience classique, ce premier album propose des idées traditionnelles, entre mélodies tournoyantes et blasts en pilote automatique, mais dilue aussi son inspiration tout au long de passages instrumentaux nostalgiques, à la limite d’un DISSECTION des années de gloire.
Solide, épais, occulte et conséquent, Furnace est un bûcher des vanités qui brûle quelques grenouilles de bénitier, en leur promettant l’horreur éternelle d’un enfer de flammes et de torture. Un chant évidemment écorché donne le ton de l’œuvre, mais c’est bien la cohérence globale qui permet à cette première tentative de se hisser en haut du panier de linge sale du BM contemporain.
Très influencé par la Norvège des années 90, HERZOG joue le jeu d’une brutalité sourde et clinique, malgré quelques tendances à emballer les débats. Mais le tout est fort bien résumé par le pavé « The Craftsmen », à l’intro grondante et au beat processionnel. Aussi pesant qu’une enclume vous tombant sur le crâne, ce long morceau progressif est sans doute ce que le Black Metal peut proposer de plus ample et imposant, entre cette solennité mélodique et cette emphase monstre mise sur les traits de caractère les plus métalliques. Car HERZOG n’est pas contre un apport extérieur, entre Doom, Post-Black, Black atmosphérique et Ambient, pour mieux nous attirer dans ses filets. Et si la colère et la haine se manifestent sans ambages sur le terrassant « Oath of Weakness » ou sur l’étouffant « Acheminement », la tristesse et l’amertume trouvent aussi un terrain d’entente pour équilibrer cet album décidément très intelligent.
Les plus fondamentalistes apprécieront ce jeu de références historiques, les plus ouverts remercieront le groupe pour son adaptation à des standards plus actuels, et les misanthropes se régaleront de l’horreur suscitée par un « All Rites » aussi grave qu’un accident de voiture mortel un vendredi soir.
Sans copier, mais en s’inspirant, HERZOG joue une bonne carte, et nous laisse sur une impression durable de qualité et de cohésion. Enrobé dans une superbe production âpre mais à l’écho digne d’une gigantesque cathédrale, Furnace nous chatouille le corps de sa chaleur en fournaise, et transforme l’hiver en canicule des sens, les doigts déjà rougis et les pieds presque brûlés.
Déhà maintient donc le rythme, et nous fait un bien joli cadeau à l’emballage noir comme l’ébène. L’hiver belge sera donc torride, et la neige commence déjà à fondre de peur. De quoi mettre de côté quelques bûches.
Titres de l’album:
01. Loss of Utopia
02. Acheminement
03. Melted Tesseract
04. Oath of Weakness
05. The Craftsmen
06. All Rites
07. Oath of I
08. Oath of Us
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