Un petit coup d’œil au nom, et on se prend à imaginer à une énième découverte Indie française, entre BRIGITTE et LA FEMME. Sauf que la MARTHE en question est italienne, qu’elle s’appelle en vérité Marziona Silvani, et qu’elle est une figure de l’underground transalpin depuis des années. D’ailleurs, MARTHE est son projet le plus solide, même si un unique EP est venu valider le concept il y a quatre ans. Mais aujourd’hui, c’est avec la ferme intention de s’imposer que la musicienne revient, avec six longs morceaux sous le bras. Longs, éprouvants, et à la croisée des chemins.
Et c’est tant mieux.
Le CV ? Des noms que l’on ne connaît pas ou peu (ex-ANCIENT CULT, CAMPUS STERMINII, DOXIE, HORROR VACUI, KONTATTO, THE MOUNTAIN MOON, TUONO, ex-GIUDA, ex-DEATH FROM ABOVE, ex-DESPERTAD!, ex-PUSSY FACE), mais une sacrée connaissance de l’extrême, en version lourde et obsédante. Bien loin des dérives Folk de sa consœur MYRKUR, Marziona s’épanouit dans un Metal emphatique et insistant, quelque part entre le Death, le Doom, le Black, et le Heavy Metal occulte de son propre pays.
Et en découvrant Further In Evil, on se dit que la bolonaise flirte dangereusement avec le diable, ses intonations rauques ressemblant à autant d’incantations destinées à libérer le mal sur terre pour le laisser pourrir la vie des humains qu’elle méprise tant. Et elle est claire sur ses intentions et ses prises de position, son Bandcamp livrant une bio très succincte qui met l’accent sur les idéologies :
One woman band. Antifascist, feminist, misanthropic.
Avec ça, tout est clair, mais rien ne vient révéler le contenu de ce premier album, bien caché sous une pochette sobre, mais explicite. Un noir et blanc sans contraste, un sujet décalé en bas de cadre, et un long flambeau qui illumine le ciel comme aux plus grandes heures des églises cramées de Norvège. Mais bien loin de ces idioties criminelles pour adolescents perturbés et un peu trop Trve, MARTHE se concentre sur la déconstruction du patriarcat, emprunte à BATHORY la majesté de sa période Viking, tout en respectant les accroches d’un Heavy/Doom traditionnel, mais sublimé par cette voix atroce, écorchée comme un Cénobite, et éructée comme sur un lit de mort et d’agonie.
Musicalement parlant, Further In Evil est passionnant. Sombre, lugubre, mais étrangement, vivant sous cette carapace misanthropique que l’artiste renforce à chaque retour en grâce. Pas vraiment Raw Black, puisque trop riche et structuré, pas vraiment Doom car trop rythmé et haché, mais quelque part dans le purgatoire d’un Heavy Metal hypnotique, émanant d’une terre désolée aux nombreux cimetières dont les tombes ne sont jamais fleuries. Seule, Marziona se débrouille très bien, pond des riffs simples mais efficaces, et dame le pion à tous les nostalgiques un peu trop statiques qui pensent que copier DARKTHRONE ou BURZUM les rendra plus effrayants. Mais avec une composition aussi longue et majestueuse que « I Ride Alone », placée en entrée copieuse, MARTHE nous fauche à froid, et laisse ces onze minutes officier en son nom.
Le tout est légèrement éprouvant pour les nerfs, tendu comme un arc, mais bouillonnant, et paradoxalement, rigide come le cadavre d’une humanité qui s’est suicidée en refusant d’assumer son avenir glauque. Avec une belle alternance, sobre mais effective, l’italienne se permet des cassures acoustiques, dominées par une guitare en son clair et une basse ascétique, avant de laisser exploser sa rage pour mieux propulser un lick gluant et empestant le linceul moisi. « Victimized », l’un des meilleurs titres du lot se détache clairement à mi-parcours, et nous entraîne sur la piste d’un proto-Black des années 80, encore un peu engoncé dans ses certitudes Metal.
Mais avec un son de guitare pur et sans artifices, et une tendance à étaler ses arguments, Further In Evil ne lâche rien, et domine une grosse partie de la production extrême actuelle. La simplicité des idées est équilibrée par une ambition concrète, et si les titres dépassent les neuf, dix ou onze minutes, ils ne se contentent pas d’un seul thème rabâché jusqu’à la nausée, conférant à cet album une aura maléfique, dramatique et opaque comme la nuit.
MARTHE confirme donc tous les espoirs que l’underground avait placés en elle après la sortie de Sisters of Darkness. Et cette sœur des ténèbres n’hésite pas à les invoquer d’un ton détaché et sournois sur l’impérial et sentencieux « To Ruined Altars », qui évoque une Natasha Khan passé du côté sombre du miroir.
Passionnant, foisonnant, Further In Evil est une profession de foi qui conchie l’humanité, les hommes, le machisme, les instincts xénophobes et qui se drape de fierté dans sa misanthropie magnifique. Le genre d’album fait pour durer, et peut-être même devenir une sacrée référence dans un futur plus ou moins proche. On regrette même après avoir subi les quarante-trois minutes de ce traumatisme musical que le chronomètre rappelle la musicienne à l’ordre, tant un ou deux titres supplémentaires auraient fait franchir à l’œuvre un palier de qualité.
Décrit comme sa « zone de confort », MARTHE symbolise pour Marziona un espace d’intimité, ressemblant assez à ces longues randonnées solitaires que l’italienne aime tant. Un journal intime sans censure, un alter-ego, une thérapie individuelle, et une façon de rendre hommage à son passé Anarcho-Punk en citant AMEBIX.
Dur, cruel et sans fard, conclu par une ode au romantisme des ténèbres (« Sin in My Heart », atmosphérique et proche de ce que LINGUA IGNOTA peut proposer de plus apaisé), Further In Evil est une plongée dans les colères d’une musicienne unique, qui se prépare une carrière exemplaire.
Et seule, s’entend.
Titres de l’album:
01. I Ride Alone
02. Dead to You
03. Further in Evil
04. Victimized
05. To Ruined Altars
06. Sin in My Heart
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