Comme dirait Jon Snow, « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». En gros, j’ai découvert ce groupe au hasard de mes pérégrinations sur la toile, tombant sur leur album en scrollant sur un Vk quelconque de type Destroy the Music. Je n’ai donc pas grand-chose à vous raconter à leur sujet qui ne soit disponible sur leur Bandcamp, c'est-à-dire pas grand-chose. Je vous dirai tout au plus que les HYBRID WARFARE évoluent en formation quatuor (Jug - batterie, David - chant, Jason - basse et Alan - guitare), qu’ils ne semblent pas avoir sorti quoi que ce soit avant ce Future Violence, et qu’ils viennent de Richmond, Virginie, clin d’oeil qui en dira long aux initiés de l’extrême. En dehors de ces données sommaires, rien d’autre à ajouter si ce n’est que ces quatre flingués jouent une forme très particulière de Grind, agrémentée de Hardcore, de Powerviolence, de Crust, en gros, tout ce qui fait mal et mouche dans la fange bruitiste, mais qui est ici manipulé avec un flair certain et une méchanceté indéniable. On retrouve donc pas mal de vilénie musicale, des accélérations en embardées, et une production pas si économique qu’elle n’en a l’air, pour une courte symphonie de vingt minutes autour d’un absolu underground auquel les individus de cette trempe tiennent tant. Toutefois, et là est le point intéressant du débat, pas facile de comparer ces olibrius à des références trapues, puisqu’ils disposent de leur propre son, même si les références ASSUCK, THE KILL et autres NASUM pourraient servir d’exemple, sans vraiment en définir les pourtours. On a parfois le sentiment d’un Grind du futur, capté par une station spatiale à la dérive, qui peine à en interpréter les fréquences, et qui renvoie même à une traduction d’ensemble des psaumes de TOTAL FUCKING DESTRUCTION, sans vraiment pouvoir garantir le résultat.
Celui-ci est assez fascinant en soi, et s’avère même parfois proche d’une adaptation du nihilisme du bayou des ACID BATH dans un vocable Powerviolence, puisque les voix de David et de Dax Riggs partagent parfois des nuances communes. Et comme les HYBRID WARFARE ne sont pas farouchement opposés à une décélération puissante, le parallèle prend tout son sens. Mais globalement, et puisque nous foulons le sol Grind de nos pas malhabiles, la cadence générale adopte la forme d’une opposition entre blasts et lourdeur Heavy un peu sèche, ne rechignant pas de temps à autres à laisser s’exprimer un mid tempo plutôt entraînant. A cheval entre Crust sévèrement handicapé par une sècheresse de basse à l’agonie, Hardcore hybride qui ne sait pas trop sur quel moignon tanguer, Powerviolence débridé qui vire au coup de folie (« Guilty Conscience »), et Grind pas franchement assumé, Future Violence nous dépeint une violence assez moderne, qui se nourrit des travers de ses contemporains pour leur prédire un avenir incertain, mais bourrin (« False Salvation »). C’est évidemment efficace, Grind oblige, mais aussi méchamment accrocheur, puisque les vingt minutes passent comme l’éclair en laissant un sentiment de plénitude. On se souvient même de l’art consommé du passé de certaines formations ne sachant pas vraiment piocher la bonne option, et laissant parler leurs humeurs pour ne pas manquer l’heure. Composé de musiciens vraiment investis à la cause, HYBRID WARFARE s’adapte aux exigences modernes du chaos, et ne se contentent pas d’une bordée de riffs en outrance pour matérialiser leur colère. Ils travaillent leurs compositions pour qu’elles en soient, et il n’est pas rare de trouver sur un titre de quatre-vingt-dix secondes de quoi remplir un EP entier d’une formation moins féconde (« Wolf Wits »).
Mais la tradition est respectée, et la combinaison de Grind vraiment furieux et de Powerviolence salement teigneux atteint parfois son paroxysme (« We Are The Law », aux envolées en fusée vraiment tétanisantes), mais en mode lourd et compact, les troupes tapent fort et osent des motifs mémorisables et agréables, rappelant même un DEATHBOUND chafouin et déliquescent (« Prison Colony », avec solo rachitique offert au paradis). Assez conséquent, ce premier LP fait preuve d’une belle dextérité, et si la donne est plus ou moins affichée dès l’entame « Raqqa », on sent d’emblée que ça risque d’être un peu plus compliqué qu’un jet de blasts fielleux vaguement décoré de riffs malicieux. Ambiance lourde et accents trainants, pour une ballade industrielle à Richmond, pas vraiment séduisante, mais lucide de ses accents mordants. Heureusement, « G.U.J » vire vite à la déclaration honnête et sans fard, et nous propose une montée en puissance, qui tient la route et nous la fait parcourir sans doute. Mais en choisissant dès le deuxième morceau une ambivalence de choix, les HYBRID WARFARE savent qu’ils ne nous le laissent pas, et nous obligent inconsciemment ou pas à les suivre sur les traces d’un Hardcore sale et glauque. Celui que l’on préfère, évidemment.
D’ailleurs, « Divine Justice » confirme, de son pattern poisseux et de sa rythmique haineuse, se permettant d’être aussi catchy que moisi, et nous incitant au headbanging sans renoncer à sa caution Core prononcée. Sifflantes, arrangements épars mais intelligents, mini-break de basse, et départ sur les traces Crust, qui combine l’approche américaine à la randonnée scandinave. C’est bruyant, tendu, dense, cru, mais c’est inventif pour le moins, et le fond de l’air est même légèrement Rock N’Core lorsque Alan part dans un solo hystérock. Mais je pourrais recenser tous les titres en les nommant un par un, tant ce Future Violence est d’intérêt. Alors je me contenterai de dire que si vous cherchez à déguster une tranche dans la tronche de violence urbaine contemporaine louchant vers l’avenir, cet album est fait pour vous. Il est élaboré comme une contre-manif, et agité comme des puces dans une touffe de tifs. Et en plus, il est digitalement gratuit sur le Bandcamp du groupe. Alors si vous n’avez pas le cerveau qui tourne au ralenti, vous aurez compris.
Titres de l'album:
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