A quoi s’attendre de la part du leader d’un groupe lorsqu’il part en vrille solo ? Selon son poste, à plusieurs choses. Les chanteurs, décidément affamés de gloire et de reconnaissance se lâchent, partent en piqué commercial pour plaire aux masses, ou au contraire tentent des choses inhabituelles, plus en adéquation avec leurs goûts personnels. Les guitaristes, encore plus egocentriques enfilent les perles de sextolets, délirent Blues, s’amusent progressif, et en gros, font étalage de leur énorme talent honteusement bridé dans leur cadre collectif. Mais les guitaristes/chanteurs alors, que font-ils ? Leur cas est plus complexe, puisque leur position de base est multiple. On peut espérer d’eux tout et n’importe quoi, de la simple démarque de leur musique habituelle dans le cas des compositeurs, à la recherche d’un ailleurs dans celui des créateurs/esprits libres qui ne sauraient se cantonner à un seul style, trop restrictif. De fait, c’est dans cette catégorie que nous pouvons ranger ce bon vieux CONNY BLOOM qui depuis des années s’amuse dans son coin, en aparté de son groupe de légende. Quelle légende ? Celle des ELECTRIC BOYS, dont il est le frontman depuis le début, et qui en son temps eut les honneurs de MTV avec des clips Metal/Funk en fusion et hauts en couleurs…Mais l’époque bénie de MTV pour le Metal étant révolue depuis des décennies, c’est bien l’actualité du bonhomme qui nous intéresse, et en l’occurrence, son nouvel album solo qui ne manque pas de piquant. Habitué à se déhancher, le sieur BLOOM n’en a pas perdu la bonne habitude, et nous surprend de ce quatrième essai en solitaire, après des tentatives nineties, 2K et plus récemment avec Fullt Upp. Désormais épaulé par les voisins danois de Mighty Music via Target et SPV, Conny peut s’adonner à son sport musical préféré, restant l’iconoclaste que l’on a toujours connu, mais surtout cet imprévisible compositeur capable de passer du Rock au Trip-Hop en sautant par-dessus le Blues, tout, pourvu que rien ne soit standardisé ou anticipé.
Je vous demanderai afin d’apprécier cet excellent album à sa juste valeur de faire abstraction de trois choses. La première, sa pochette, vraiment pas terrible, genre Gene Simmons surpris à Roland-Garros avec une ancienne raquette de Jimmy Connors. La seconde, de son titre, pas top non plus et qui rappelle certaines idées moyennes de GREEN DAY. La troisième, que sa musique n’est assurément pas du Metal, mais bien du Rock, ouvert et varié, avec des inflexions Pop, psychédéliques, évolutives, alternatives, etc…Et pour en ajouter une quatrième qui n’en est pas vraiment une, l’homme chante dans sa langue natale, ce qui pourrait vous rebuter si votre mémoire se souvient du « Waterloo » d’ABBA entonné en suédois. Nonobstant ces quelques réflexions personnelles mais néanmoins objectives, Game! Set! Bloom! est un extraordinaire album de musique, sans étiquette ni catégorie en autocollant sur la pochette, et fait montre d’un réel élan créatif de la part du chanteur/guitariste. Habitué à partager son éclectisme, BLOOM se lâche, reste naturel, tente un peu tout mais surtout pas n’importe quoi, et parvient à nous proposer un album indatable, imbattable, et plus symptomatique de l’école du tennis de l’Est que de la résistance du fond de court suédoise. L’homme n’hésite donc pas à mélanger les tactiques, restant parfois attentif derrière sa ligne, avant de monter au filet d’un service rageur, en claquant une gigantesque volée au passage. Et si « AB Maffiadojor » vous pose un problème en intro avec son ambiance Trip-Hop à la MASSIVE ATTACK/PORTISHEAD, ne vous inquiétez pas, Conny ne s’est pas entiché du FAITH NO MORE le plus aventureux, mais aime aussi sortir de sa zone de confort. Et le titre en question faisant partie du haut du panier de Game! Set! Bloom! autant vous y faire. Le musicien n’aime pas qu’on le cantonne à un rôle particulier, et le fait savoir.
D’ailleurs, lui et son nouveau boss s’entendent à merveille sur le papier, ce qui en dit long sur la confiance que les deux hommes s’accordent. « CONNY BLOOM est la rockstar par excellence avec son style personnel et son charisme » a déclaré Michael H. Andersen, PDG de Mighty Music. « Je suis honoré de travailler avec lui et je suis impatient de montrer au monde quel incroyable album solo il a créé ». Voici donc la version du patron, mais qu’en dit le glorieux employé ? « En ce moment, je travaille avec le label Mighty Music au Danemark sur mon projet solo. Ils ont fait un excellent travail avec le dernier album des Electric Boys c’est pourquoi la prochaine sortie sera mon nouvel album Game! Set! Bloom! ». Voici donc une affaire qui roule, et pas seulement sur le court, mais aussi à long terme. Et malgré les sonorités un peu rocailleuses du chant en suédois, et cette phonétique bizarre, on apprécie les différentes extravagances d’un musicien qui connaît bien sa partition, et qui passe allègrement d’une Pop glamourisée à la Marc Bolan teintée de réalise Rock scandinave (« Rulla På »), à des choses beaucoup plus intimes et progressives, et en tout cas très éloignées de son groupe d‘origine, avec accents orientaux et orgue onirique (« Jag Tror Jag Trollat Bort Mig Själv »). Si le manque de Rock vous inquiète, pas de soucis, il est bien présent, mais toujours traité avec cet esprit gouailleur et ludique (« Knegarjäntan Och Jag », les KINKS repris par les HOTEL REPUBLIC), et parfois respecté à la lettre US et développé en déroulé (« Flyttkarl », impossible de ne pas trépigner en entendant un truc pareil…).
Après une seule écoute, la diversité peut diviser. On sent l’album un peu décousu, de par les disparités existant entre les morceaux, mais après plusieurs immersions, la logique frappe au coin du bon sens. BLOOM n’hésitant pas à broder sur des thèmes simples à la « My Sharona » pour imposer un refrain purement suédois et addictif (« Jag Vill Ha Dig »), avant de nous surprendre d’un délire seventies avec Hammond à fond les ballons et syncope de guitare bien ronde (« Gånglåt Från Kärrträsk »). Le seul but étant patent, celui de se faire plaisir, l’objectif est largement atteint, et il n’est pas difficile de voir en cet album une véritable bouffée d’air frais Rock. Le talent de guitariste de Conny n’est toujours pas à remettre en cause, et sa voix sobre et pourtant délirante donne du peps à des chansons naturelles et spontanées. Nous avons même droit à un shot d’émotion final avec « När ska jag få bli kär då » qui sonne comme l’union de la tradition Folk suédoise et de la pureté Blues américaine. Un beau survol très personnel, frais, cajoleur et franchement attachant, d’une carrière bien remplie, mais aussi la certitude que CONNY BLOOM fera toujours les choses à sa façon, et pas autrement. Et c’est comme ça qu’on l’aime après tout non ?
Titres de l’album :
01. AB Maffiadojor
02. Rulla På
03. Skadad
04. Knegarjäntan Och Jag
05. Jag Tror Jag Trollat Bort Mig Själv
06. Flyttkarl
07. Dubbelgig
08. Jag Vill Ha Dig
09. Gånglåt Från Kärrträsk
10. När ska jag få bli kär då
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