Nous allons aborder là un cas très intéressant de l'underground américain, puisque ce groupe est parvenu avec ses deux premiers albums à ne pas dépasser une moyenne globale de satisfaction de 19% sur le site Encyclopedia Metallum, ce qui en fait sans doute un des ensembles les plus détestés de son pays, et ce...à quasiment juste titre. Fondé il y a quelques années, le collectif CAR DOOR DICK SMASH et son nom de baptême cocasse fait partie de cette catégorie de groupes qui se foutent globalement de la musique et complètement du solfège, et qui fondent leur réputation sur une instrumentation approximative et un art du calembour consommé. S'ils s'affilient d'eux-mêmes au mouvement Thrash/Death/Grind, il convient de voir en leur pratique une certaine digression sur le thème du Grotesque Metal, genre popularisé par les INTENSE MUTILATION dans les années 80, MACABRE, ANAL CUNT, DECHE CHARGE, et tout autre manipulateur de bon mot discount pour mallrats redneck en manque de binouze bon marché. En gros, un démarquage pas très subtil de nos GRONIBAR et ULTRA VOMIT, sans la maîtrise du second degré et surtout, sans la technique imparable qui permet à nos deux représentants de se vautrer dans la gaudriole auditive avec classe. La classe, les CAR DOOR DICK SMASH ne connaissent que de nom, et pratiquent la private joke avec la finesse d'un texan raciste en plein banquet du KKK, mimant une victime de lynchage des années 50 avec une ficelle à rôti. Mais autant mettre les choses au point. Depuis leur émergence, ces musiciens nous venant de Lafayette dans l'Indiana ont fait d'énormes progrès, et parviennent même à cacher dans le placard des mauvais souvenirs leurs deux premiers efforts, publiés en 2014 et 2016. Nous en étions donc resté à Fully Torqued, qui se cogne le privilège de trois reviews parfaitement catastrophiques sur le site précédemment cité, et qui n'avait pas laissé un souvenir impérissable aux pauvres hères ayant eu le malheur de déposer leurs oreilles dessus. Mais comme l'occasion fait le lardon, les vôtres pourront quand même s'amuser une grosse demi-heure avec ce Garbage, qui de son intitulé ne fait rien pour cacher ses qualités, qui sont toutefois plus nombreuses que par le passé.
Préambule important. Au cas où vous n'auriez pas pigé, CAR DOOR DICK SMASH est donc un groupe de Comedy Metal dans son sens le moins noble, qui use des artifices de l'extrême le plus abordable pour faire passer son message humoristique. Un simple coup d'oeil au tracklisting avant d'enfiler les fichiers dans votre lecteur suffira à comprendre la haute portée philosophique de leurs opinions, et des titres traduits dans la veine de « Se faire passer pour un bouseux de droite est trop à la mode de nos jours », « Je suis certain que la terre peut encore se faire violer une ou deux fois », « Nous allons tous choper le cancer », ou « Moshe avec les seins à l'air » ne laisseront planer aucun doute sur la subtilité de leur humour. Mais après tout, on peut parfois préférer se marrer devant Benny Hill plutôt qu'en regardant Sacré Graal des Monty Python, pour peu que l'on soit en bonne compagnie et que la bande-son soit bonne. De ce côté-là, sans atteindre des sommets, les américains ont quand même fait de notables progrès, et parviennent parfois sur un malentendu à se faire passer pour de vrais musiciens, torchant une sorte de sous proto-Thrash rustique mais efficace, aux contours légèrement Hardcore pour rester roots. Nous sommes donc encore loin des sommets du genre, mais la marge de progression restant importante, il faudra peut-être s'attendre à l'avenir à constater des évolutions patentes, sans aller jusqu'à parier sur la pérennité d'une approche qui reste quand même très pipi-caca. Évoluant toujours en trio accompagnés de leur fameuse boite à rythme informatique tendrement surnommée « Computer », les trois marsouins (Kegs – guitare/chant, A-Trayne – guitare/chant et Drunk Chris - basse) nous offrent donc leurs dernières humeurs, sur fond de Death/Thrash/Grind primaire et immédiat, qui fera certainement se dresser les poils de tous les amateurs des trois genres usurpés. Ici, les riffs sont basiques, les breaks téléphonés comme un twist de téléfilm de Noël, les lignes de chant se dédoublent entre un gosier à l'allemande et quelques growls caverneux, et la rythmique fait ce qu'elle peut pour amuser la galerie, sans vraiment déclencher l'euphorie. Alors, bilan des courses ? Deux packs de Lager, quelques snacks, un porno en DVD, quelques cartouches, des clopes, et surtout, une collection de chansons, qui parfois en sont vraiment (les plus longues) et très souvent qui ne sont que de simples prétextes à la gaudriole.
Dit comme ça, vous pensez certainement que je vais leur tailler dans le gras sans faire gaffe aux morceaux de viande. C'est en partie vrai mais aussi totalement faux puisque comme je le disais, ces animaux ont quand même tenté de faire quelque chose de leurs poubelles, puisque Garbage se hisse sans peine au plus haut de leur œuvre pas forcément impérissable. Mais cette fois-ci, les riffs plus étudiés et ludiques, quelques accroches bien troussées et des progressions vraiment agencées permettent d'apprécier un véritable album, et non une anthologie de blagues débiles vaguement mises en musique. Ça reste donc de la merde comme son nom l'indique, mais on peut jouer avec et éventuellement trouver ça marrant, puisque au moins la moitié des titres restent écoutables, ce qui représente à peu près le double de la moyenne des efforts passés. Sans risquer de se hisser à la hauteur des cadors du style, les CAR DOOR DICK SMASH vont peut-être voir le nombre de leur haters diminuer, puisque dès l'intro « Sewer Fuckin' », on devine leur désir de se faire accepter. Ils en ont certainement eu marre de se faire rejeter, et ont donc plus ou moins travaillé leur compo, qui si elle reste sous des standards d’excellence, n'en demeure pas moins lisible sans trop d'efforts. C'est certes une forme de Metal presque Thrash pas forcément euphorisante, mais au moins présentable, et surtout, assez proche des critères des 80's pour satisfaire les moins exigeants. On note un motif mémorisable, un refrain qui l'est tout autant, et même quelques aspirations groove tout à fait potables, ce qui en moins de trois minutes représente plus de plaisir que leurs premières années réunies. Certes, les morceaux lapidaires sont toujours aussi crétins, mais restent assez fun, d'autant que le niveau instrumental est presque monté d'un cran, si l'on met de côté les soli toujours aussi balbutiants.
Et en étant clément, puisqu'ils le méritent quand même, admettons des qualités indéniables et rythmiques à « Eternal Internal Vomiting » aux soli dignes d'un Kurt Cobain découvrant pour la première fois l'instrument, quelques pirouettes Death rigolotes à « Public Intoxicator », accordons le prix spécial du jury stade anal à « Bill Scully Is a Dick », humons sans déplaisir l'air Thrashcore sur « One Man Mosh Pit », mettons-nous d'accord sur l'efficacité globale de « Fight Your Dad », l'un des meilleurs numéros du cirque, et au final, sans tomber dans la linéarité, gratifions le trio du bénéfice du doute, et de la clémence à laquelle tout ancien coupable à droit à partir du moment où il fait amende honorable. Sans évidemment devenir recommandables, les CAR DOOR DICK SMASH sont devenus écoutables et (presque) fréquentables, ce qui leur permettra sans doute de grappiller quelques avis positifs sur les sites ayant l'inconscience de les recenser.
Titres de l'album :
1.Sewer Fuckin'
2.Death by Diarrhea
3.George Foreman Cock Crusher
4.Slave to the Desk
5.Eternal Internal Vomiting
6.Bath Salt Alligators
7.Fight Your Dad
8.Pretending to Be a Right Wing Redneck Is Too Trendy These Days
9.Mosh with Your Titties Out
10.Bill Scully Is a Dick
11.GMOs Are Cool
12.Smashed into Liquid
13.Public Intoxicator
14.Lethal Fecal Injection
15.I'm Sure the Earth Can Take Another Raping or Two
16.Retox
17.One Man Mosh Pit
18.Weedwhacker Nose Job
19.We're All Gonna Get Cancer
20.The Cast Iron Chef
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