Pour commencer cette année 2024, j’avais le choix entre la douceur et la joie de vivre, et la violence et l’attente du pire. Evidemment, n’étant pas d’un caractère jovial et enjoué, j’ai opté pour la seconde option. Grand bien m’en a pris, puisque ce choix m’a permis de découvrir un jeune groupe suisse plus que méritant, et s’épanouissant dans un genre exigeant.
DYSSEBEIA n’accuse que trois ans d’existence, mais fait déjà preuve d’une incroyable maturité. Ce quatuor de Genève nous propose ainsi directement son premier longue-durée, immédiatement distribué par la référence Transcending Obscurity. De quoi intriguer ceux connaissant ce label et ses poulains, et aiguiller sur la piste de la qualité. Pas d’erreur possible, ou une marge très restreinte, et sans aucune surprise, Garden of Stillborn Idols s’avère être la première de cette nouvelle année, qui en révèlera sans doute beaucoup d’autres.
Alexandre Sotirov (chant), Merlin Bogado (guitare), Duran Bathija (basse) et Sam Jakubec (batterie) ont donc opté pour la complexité, en pratiquant un Death Metal progressif pointu et largement influencé par les scènes américaine et suédoise. Si le Bandcamp du groupe lâche quelques pistes en citant ETERNAL STORM, BE'LAKOR, MAJESTIES, AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY, EUCHARIST, IN MOURNING (à raison pour certain), le quatuor dispose déjà de ses propres armes et développe sa propre vision. Une confrontation permanente entre la brutalité la plus froide, et les mélodies les plus apaisantes. Le principe est d’usage, mais porté ici à des niveaux assez hallucinants. C’est en tout cas ce que j’ai retenu du monstrueux « Sacrificed On The Threshold », qui se situe en convergence d’un Black norvégien intègre et d’un Death suédois alambiqué et généreusement dissonant.
Avec son lot de changements de rythme abrupts, Garden of Stillborn Idols brosse le tableau d’un jardin d’enfants mort-nés attachés à des cordes, qui font office de fruit défendu et d’avertissement pour la suite des évènements. Plus la terre se peuplera, plus elle dépérira, et si la solution est en chacun de nous, personne ne semble prendre la mesure de la catastrophe.
Le gros avantage de cet album à la lisière de l’expérimental, est la concision de ses morceaux. Pas de débordement inutile, pas de tergiversation stérile, et pas d’atermoiement sans fin. Les idées sont nombreuses et bien exploitées, et si le chant révèle vite ses limites dans un style MESHUGGAH modéré, l’instrumental se permet de sinuer entre Post-Rock, Black, Death, Heavy, Ambient, pour mieux tisser une toile épaisse retenant ses victimes à la force des blasts.
Surprenant, fascinant, homogène et pourtant aussi varié que la faune d’un mariage de trentenaire, Garden of Stillborn Idols évite soigneusement les acrobaties faciles et autre exercice équilibriste sans filet. La technique et l’imagination de ces musiciens est justement leur garde-fou, mais aussi l’audace qui leur permet de se distinguer de la masse des nouveautés frappées du sceau Death Metal. Si l’on ne peut s’empêcher parfois de penser sérieusement à des influences comme GOJIRA ou AT THE GATES, la structure globale décalée permet à ce premier album de taper dans le mille, et de déjà s’affirmer comme un concurrent sérieux dans le panorama extrême de cette année 2024 à peine née.
D’une production claire et nette, d’une approche viscérale mais intellectuelle, Garden of Stillborn Idols sort des sentiers (re)battus, et s’épanouit dans une diversité qui n’empêche guère la logique de s’imposer Une logique formalisée par des plans que l’on retrouve à intervalles réguliers, et qui agissent comme des gimmicks violents pour mieux nous happer dans leurs filets. Sans viser le haut du panier des groupes les plus avant-gardistes, DYSSEBEIA tient tout de même à s’attabler avec les idoles progressives de son temps, mais aussi les icones d’hier. Ainsi, quelques traces de SADUS, PESTILENCE peuvent être dénichées avec un nez exercé, bien que ce disque sente la modernité.
Mais une modernité de circonstance, et non une recherche forcée. Les suisses ne prennent pas le contrepied de la vague old-school pour l’amour du geste, mais bien parce que leur inspiration les ancre dans un présent ferme et définitif. Et lorsqu’on se concentre sur la guitare incroyablement versatile et bavarde de Merlin Bogado, on reconnaît là la patte des innovateurs et des maitres des gammes. Son jeu est si complet qu’on en vient à se demander ce que l’homme ne peut pas jouer, avant de comprendre qu’il peut justement tout se permettre. Ses soli, tout à tour jazzy, harmonieux ou Fusion subliment les titres et les sert à merveille sans tomber dans la démonstration.
Et Ô, surprise, la basse de Duran Bathija est elle aussi proéminente, dans un registre Steve DiGiorgio coulé et apaisé.
Avec tous ces éléments en main, vous avez largement de quoi anticiper sans même avoir écouté la moindre note. Dites-vous simplement que DYSSEBEIA se pave une voie royale, et qu’il deviendra à n’en point douter une sacrée référence de demain. De quoi entamer 2024 avec le sourire de ceux qui savent qu’on va leur jouer fourbe, mais qui ont de quoi encaisser.
Titres de l’album:
01. Mors Tua, Vita Mea
02. Retribution
03. Moon Bearer
04. Sacrificed On The Threshold
05. Hatch
06. Black Swarm
07. Funeral Ink
08. Apophenia
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41
Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)
03/05/2025, 21:36