Gates Of Darkness

Risen Siren

28/04/2024

Autoproduction

Plongeons ensemble dans les bas-fonds de l’underground, pour en ramener une pêche assez spéciale. Les espèces évoluant dans ces profondeurs sont plus ou moins dangereuses, et en tout cas, méconnues de la surface. Non que la musique proposée par ce duo grec soit mystérieuse ou embourbée, mais avec douze followers sur sa page Facebook et un rayonnement intime de son Bandcamp, il est évident qu’il n’a pas encore trouvé le moyen de finir dans des filets quelconques.

Pourtant, tout est là. Le nom, RISEN SIREN, qui évoque ce chant si particulier rendant les marins fous et suicidaires, la pochette, sublime de teintes bleutées avec cette divinité gironde au regard qui ne trompe pas, et les chansons, qui empruntent au vocabulaire seventies ses tics de langage doomy, et aux années 90 ce son si gras qui rend la guitare collante sous les semelles.

RISEN SIREN sont donc deux, Stavros Papadopoulos (instrumentation et composition) et Tania Kikidi (chant), se connaissent bien, et se complètent à merveille. Inconnus sur le circuit, en tout cas dans le mainstream, ces deux musiciens font une proposition alléchante avec leur premier album, qui détourne quelques codes à son avantage. Gates Of Darkness ouvre grand les portes d’un univers mythologique et fantasmagorique, et nous entraîne là où peu osent s’aventurer, de peur de ne pas revenir. Et effectivement, il est possible de se faire happer par ce mysticisme, au point de ne plus envisager de retour en arrière.

D’une part, parce que la musique composée par Stravros est hypnotique, bien foutue, subtilement mystérieuse et délicieusement évanescente. D’autre part, parce que la voix superbe de Tania prend au corps et laisse divaguer l’esprit le long des récifs, pour mieux briser le bois des embarcations. Si l’obédience est formelle et très inspirée par BLACK SABBATH et ses suiveurs (y compris PANTERA ou COC), si les accents sont classiques et l’intensité variable, ce sont les humeurs qui transforment ce premier album en immersion totale. On se laisse guider à travers les époques, entre Birmingham et le Desert Rock, et la Grèce devient alors un pays d’énigmes occultes, de célébrations païennes et autres manifestations inexplicables.

RISEN SIREN joue serré, travaille ses effets, et ne s’en remet à aucun gimmick. Les chansons en sont vraiment, et trimbalent toutes les astuces les plus franches comme un baluchon permanent. Tirant de sa guitare les riffs les plus embrumés, Stavros sait aussi s’envoler en solo, pour dérouler des interventions mélodiques de fort bonne facture, à la manière d’un Ace Frehley après quelques cours de vélocité digitale.

La trame est claire, il est impossible de se perdre une fois les portes franchies. Le duo garde la ligne de conduite adoptée dès « Gates of Hades », mais dévie parfois pour rendre hommage à l’Alternatif nineties, avec un lick très caractéristique sur « In the Dead of Night » (et un riff que Billy Corgan aurait pu pondre. S’il ne l’a pas déjà fait sur « Cherub Rock » par exemple). Entre Hard-Rock traditionnel et Rock greasy et dreamy, Gates Of Darkness est un piège qui se referme sur des promeneurs nocturnes endormis par la douceur de la lune, et qui influe sur le cours des rêves. Tania Kikidi et sa profondeur vocale charme ces aventuriers d’un soir pour les faire adorer son parfum, tandis que Stavros tisse sa toile en arrière-plan pour couper toute retraite.

Les deux musiciens ont trouvé la bonne formule, théâtrale à souhait, mais aussi très efficace. « Sister of the Sun » et son orgue Hammond déchainé rappelle sur terre le spectre du DEEP PUPPLE Mark IV, et groove comme un damné aux pieds chauffés par les flammes de l’enfer. Ce mélange tripartite entre Hard, Heavy et Stoner est donc très efficace, et comme l’album s’achève une fois la demi-heure passée, l’impression laissée est forte et durable.

Dommage toutefois que le duo ne se soit pas laissé aller à une divagation plus ample. Si « Let Me Cry » incarne la longueur et le développement, le fait qu’il n’ose pas franchir la barre des six minutes frustre, alors même que nous étions prêts à affronter un mastodonte d’une dizaine. Très BLACK SABBATH, cet épilogue referme les lourdes portes, et contemple des siècles de perdition et d’abandon. L’atmosphère est pesante, le pas lourd, la procession lente, et le Doom enfin célébré après vingt-cinq minutes de débats.

Crossover global, Gates Of Darkness est un travail de pro. Un magicien, une déesse, quelques invocations, et le décor est planté. Brumeux évidemment, à la bruine fine et au vent frais, entre la Hammer et le premier SAB’, et le sabbat est diablement attirant. Laissez-vous charmer par ces sons anciens remis au goût du jour par une production habile, et marchez main dans la main vers l’autel.

Le poignard luit, et votre visage sourit. Vous avez l’habitude vous aussi.     

 

Titres de l’album :                                              

01. Gates of Hades

02. The Good and the Evil

03. Bride of the Darkness

04. Until I Fall

05. In the Dead of Night

06. Sister of the Sun

07. Let Me Cry


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Bandcamp officiel


par mortne2001 le 23/12/2024 à 17:35
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