Sept ans que nous étions sans nouvelles des envahisseurs anglais, sans savoir s’ils préparaient une attaque éclair ou si leur flotte avait subi des dommages irréparables. Et en découvrant ce nouveau blitzkrieg musical, on constate que les deux éventualités étaient les bonnes. D’une, ONSLAUGHT est toujours debout, et vaillant. Mais on constate que son équipage a subi d’importants changements depuis la parution de VI en 2013, avec pas moins de trois membres remplacés sur une équipe de cinq. C’est ainsi que depuis 2018, le capitaine Nige Rockett a enrôlé un nouveau guitariste (Wayne Dorman), un nouveau batteur (James Perry), et même un nouveau chanteur, arrivé cette année (David Garnett). Nouvelle composition donc, pour un lourd héritage à porter dont seul Nige est le garant depuis 1982 et les débuts du groupe, et nouvel album, qui avait la lourde tâche de succéder à trois LPs depuis la reformation, dont un Killing Peace de légende que je n’avais pas manqué de louer. Mais sans remonter jusqu’en 2006 et en se basant sur le dernier effort de 2013, la tâche n’était pas aisée pour le groupe qui devait conserver un niveau de qualité très haut, et combler une fois de plus l’attente de ses fans les plus exigeants. Il faut dire que l’ONSLAUGHT post-reformation n’a plus grand-chose à voir avec celui que nous avions connu dans les années 80, cette créature un peu gauche, légèrement Punk sur les bords, proposant un Thrash diffus et sombre que des œuvres comme Power from Hell et The Force étalaient à longueur de face avec force pentagrammes et autres références diaboliques. Depuis Killing Peace, le groupe anglais est devenu une référence majeure sur la scène Thrash internationale, et n’est plus cet outsider bruyant et sympathique qui se contentait d’une approche sourde et primaire. Et une fois encore, malgré des défauts évidents (qui ne sont pas à imputer aux compositions mais à la production), ONSLAUGHT écrase la concurrence avec une énergie incroyable qui en remontre à bien des jeunes loups avides de sang nostalgique.
Toujours secondé depuis 2006 par son lieutenant Jeff Williams à la basse, Nige Rockett s’est lâché comme jamais, et nous a proposé l’album quasiment parfait qu’on attendait de lui. Rien à reprocher au guitariste passionné qui a balancé ses riffs les plus hargneux et ses idées les plus féroces, et les dix morceaux de ce septième longue-durée (onze pour la version japonaise) font tous preuve d’un réalisme Thrash étonnant qui permet à la vieille référence anglaise de ne pas se laisser dépasser par ses jeunes homologues allemands ou américains. Mais encore une fois, l’œuvre pèche par son excès de production, le reproche majeur qu’on adresse à toutes les têtes de liste Thrash des années 80 (TESTAMENT, KREATOR, DESTRUCTION), et qui confère à la rythmique ce son trop systématique qui transforme la batterie en tir de barrage numérique parfaitement insupportable. A croire que les musiciens et ingénieurs du son souhaitent transformer les albums en jeux-vidéo trop réalistes, et suggérer un climat de guerre virtuelle un peu trop prononcé. Mais en dehors de cette remarque, aucun autre grief ne saurait être formulé à l’encontre de Generation Antichrist, qui dame clairement le pion au Phantom Antichrist de KREATOR, tout en louchant sur sa fanbase pour se constituer un nouveau following. Soyons clair, ONSLAUGHT est en quelque sorte devenu une créature de Frankenstein impressionnante, assemblé des meilleurs morceaux des plus grands groupes des années 80, avec un torse EXODUS, des bras KREATOR, des jambes ANNIHILATOR, des pieds TESTAMENT, gardant son visage pour nous rappeler sa propre identité. En multipliant les riffs accrocheurs à la Holt/Waters, en gardant un up tempo sous le coude qu’il confronte à de nombreux passages en mid totalement écrasants, ONSLAUGHT sacrifie l’originalité au profit de l’efficacité, et signe l’un des albums de Thrash les plus radicaux de cette année 2020. Même si la variété de Killing Peace peut être regrettée, on ne peut que s’incliner face à cette démonstration de force si bien résumée par le premier morceau de l’album, au titre si révélateur.
« Strike Fast Strike Hard » est évidemment la déclaration d’intention la plus honnête que le groupe pouvait nous adresser, et dès les premières mesures en feu nourri sur la coque des navires ennemis, la flotte ONSLAUGHT nous prouve que l’Angleterre n’a pas l’intention de se rendre et de baisser pavillon, mais bien de faire toucher le fond à tous ses suiveurs. Rarement premier morceau aura tant fait mouche, et si les accents agressifs ne sont pas sans rappeler le DESTRUCTION le plus moderne et véhément, les passages les plus puissants nous ramènent au meilleur du SLAYER des années 2000. Concentré de violence, « Strike Fast Strike Hard » ose en outre un phrasé vocal tout à fait diabolique, et malgré son intégration récente dans l’équipe, David Garnett se montre tout à fait à l’aise dans son rôle de frontman, avec une voix éraillée qui n’est pas sans rappeler à la fois Schmier et Rob Dukes. De sérieuses références donc, d’autant plus que le nouveau soliste Wayne Dorman n’a pas les sextolets dans sa poche et dégaine encore plus vite que Lucky Luke, ce qui ne fait qu’accentuer cette sensation d’hystérie globale. Loin de calmer le jeu violent, « Bow Down To The Clowns » enfonce encore plus le clou, même si sa double grosse caisse d’intro nous brise les tympans, mais on constate assez vite que l’ONSLAUGHT mid tempo est aussi probant que l’ONSLAUGHT up tempo. Profusion de chœurs qui fusillent le moindre silence, rythmique à l’abattage sidérant, guitares qui ne s’arrêtent jamais de syncoper, et chanteur en pleine possession de ses moyens, la démonstration est bluffante, et le rendu salement impressionnant. Bien évidemment, on a déjà entendu ça des dizaines de fois de la part des quelques références déjà citées dans cette chronique, mais on se laisse prendre au jeu de ce Thrash formel remis au goût de la puissance 2020, et le temps passe très vite, surtout lorsque le quintet utilise des recettes employées par l’ANNIHILATOR le plus récent.
Partant du principe que seul le tempo des morceaux change, que parfois, un intro brillante vient nous cueillir à chaud (« Generation Antichrist »), inutile de se livrer à une dissection exhaustive qui ne servirait pas à grand-chose. Précisons que le groupe a sélectionné ses riffs les plus pertinents, qu’il n’hésite pas à défier EXODUS sur son propre terrain de vélocité solide (« Addicted To The Smell Of Death »), qu’il recycle un titre déjà paru sur le single Religiousuicide (pour la version européenne) et qu’il nous offre une relecture de son propre « In Search of Sanity » sur l’édition japonaise. Célébrons donc le retour du navire ONSLAUGHT dans nos ports, eux qui vont nous faire transpirer par tous les pores comme des porcs avec ce Generation Antichrist aussi puissant qu’un canon vaillant.
Titres de l’album:
01. Rise to Power
02. Strike Fast Strike Hard
03. Bow Down To The Clowns
04. Generation Antichrist
05. All Seeing Eye
06. Addicted To The Smell Of Death
07. Empires Fall
08. Religiousuicide
09. A Perfect Day To Die (2020)
10. In Search of Sanity (2020)
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Je ne suis pas au courant.. il s'est passé quelque chose récemment avec le groupe Al Namrood?
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