Pardonnez-moi de ne pas m’être jeté sur cet album comme la misère sur le pauvre monde. Et pourtant, c’est un fan de la première heure qui vous écrit ici, mais de la première heure seulement. Mon initiation à l’univers sombre de SODOM s’est fait via Persecution Mania, monstre d’efficacité, qui redéfinissait les contours de l’optique du combo, en ajoutant de la précision à la sauvagerie. Je suis ensuite remonté dans le temps pour découvrir les cris primaux d’In The Sign of Evil et Obsessed By Cruelty, avant de fondre cœur et âme pour le magique Agent Orange il y a trente ans de cela. Et puis, en écoutant Better Off Dead, j’ai vite compris que la machine commençait à tourner en rond, ce que Tapping the Vein a rapidement confirmé, et j’ai lâchement abandonné mes anciens compagnons bestiaux sur le bord de la route. Et pour être totalement honnête, je crois que mon dernier rendez-vous mortel avec Tom et ses comparses eut lieu en 2007, avec la sortie du catastrophique The Final Sign of Evil, reprenant bêtement les débuts à la sauce moderne, les pains compris dans le prix, et la rage en moins, laissée dans le placard des souvenirs. Alors, non, ne m’en voulez pas de de ne pas m’être jeté sur cet album comme la misère sur le pauvre monde, et pour cause : je n’en attendais rien de précis, si ce n’est une reformulation plus ou moins habile des idées tièdes déjà servies sur les albums précédents, et le mollasson Decision Day lâché en 2016. Et si cette attitude fait de moi un traître, j’en assume l’absence de honte.
Pourtant, cette fois-ci, les choses se présentaient différemment. Mieux même. On appréciait d’abord le retour dans la famille à tronçonneuse de Frank Blackfire, le guitariste historique qui avait donné à SODOM ses lettres de noblesse et lui avait permis de passer d’un proto-Black gauche et maladroit à un Thrash précis et impitoyable. Avec son comeback, Franck transformait le groupe en quatuor, ce qui n’était jamais arrivé jusqu’à lors. Ensuite, l’EP avant-coureur donnait des signes de bonne santé, et de rage retrouvée pour Tom, en roue libre et pilotage automatique depuis trop longtemps. Out of the Frontline Trench l’année dernière ouvrait des perspectives, et laissait planer l’espoir d’un retour aux fondamentaux, avec ce supplément de foi qu’on n’espérait plus depuis les années 90. Alors, sans espérer être transcendé par les douze titres de ce seizième album produit par le groupe, je me demandais quand même si l’inspiration antique allait être ramenée à la surface par ces retrouvailles en famille, tablant aussi sur le nouveau souffle apporté par la frappe de Toni Merkel, fraichement embauché et déjà testé sur le tabouret de BIG END BOLT, FRANK BLACKFIRE, INTERSTELLAR GENOCIDE, SABIENDAS, ou PESTLEGION. Et le bonhomme fait ce qu’il peut pour porter sur ces épaules ce seizième projet collectif de la bête, allant même jusqu’à se permettre des blasts dans un contexte purement Thrash, donnant ainsi à certains titres l’impulsion dont ils avaient besoin pour vraiment décoller. Mais las…
…Ça n’a pas suffi.
Pour être clair, Genesis XIX est loin d’être un mauvais album, et fait peut-être partie du haut du panier pour le SODOM des années 2000 et suivantes. Il gomme certaines erreurs commises dans le passé par facilité, mais ne se démène pas pour autant pour nous faire oublier les actes de complaisance les moins pardonnables de Tom. Une complaisance qu’on retrouve encore une fois en ces sillons, lorsque le leader/hurleur se complaît dans les facilités les plus symptomatiques de son parcours (« Glock 'n' Roll »). Une complaisance qu’on retrouve dans la production même de l’album, au mixage erratique qui laisse la voix de Tom rouler en arrière-plan alors que la rythmique et les guitares bouffent tout l’espace sonore. Une complaisance qui fait fermer les yeux sur une durée rédhibitoire au regard de l’impact créatif des morceaux, et de l’inspiration en demi-teinte. Cinquante minutes de SODOM live passent comme dans un rêve, mais sur disque, et avec uniquement des inédits, le résultat provoque des bâillements qu’on tente de cacher par un headbanging pas convaincu, et quelques signes d’enthousiasme intervenant trop sporadiquement. D’abord, cette intro, totalement inutile, qui rappelle les années 80, et qui semble d’ailleurs totalement pompée sur une approche à la « Persecution Mania » en live. Ensuite, ce pompeux et redondant « Genesis XIX » qui intervient beaucoup trop tôt et dont le riff pataud et ludique dessert cette envie d’ambiance poisseuse et glauque qui aurait pu incarner le premier point d’orgue de l’album. Sept minutes durant, le groupe se cherche et ne se trouve pas, malgré quelques idées sympathiques et plans accrocheurs.
Pourtant, tout démarrait plutôt pas mal avec le brutal et frontal « Sodom & Gomorrah », d’inspiration suédoise et légèrement D-beat sur les bords, et en tout cas, révélateur des possibilités encore intactes. « Euthanasia » en suite logique maintenait la pression, s’autorisant un beat plus soutenu et une charge plus concentrée, avant que le premier grain de sable ne bloque les rouages et ralentisse la machine.
Mais ce qui frustre le plus ici, c’est la constance dans la facilité et la prédiction des évènements à venir sans avoir à trop réfléchir. SODOM ne surprend plus depuis très longtemps, et s’est enfermé dans le confort de son statut de légende d’outre-Rhin, certainement satisfait des citations permanentes des groupes de la première génération norvégienne, reconnaissant leur influence. Alors, lorsque SODOM tutoie le meilleur aujourd’hui, il ne fait que rappeler le facile d’autrefois, et lorsqu’il s’engonce dans la fierté, il se perd sur le chemin d’un Metal à l’allemande gras du bide, et inutilement Heavy. J’en veux pour exemple « Nicht mehr mein Land » qui commence velu avec ses blasts, avant de s’embourber dans l’inspiration la plus terne avec une renonciation déconcertante.
Et lorsque Tom nous refait le coup du morceau à tiroir, on s’endort ferme, malgré une intro sympathique (» The Harpooneer »). « Dehumanized » essaie bien d’accumuler les riffs mais ils sont tellement éculés qu’on les accroche à la patère en attendant la suite. Et Genesis XIX suit son cours tranquille, comme un petit ru pollué qui glisse sur les roches dans laisser de trace de sédimentation. On atteint parfois les sommets du néant à l’occasion du pataud « Occult Perpetrator », mais jamais ceux d’une inspiration qui nous a donné une palanquée de morceaux remplissant des best-of et des live qui sont depuis longtemps les plus grosses ventes des allemands. Dommage, le retour de Frank méritait mieux que des restes présentés sur une toile cirée aux couleurs passées, mais à force de ne plus courir après son talent, SODOM est devenu un roadie gras du bide qui n’arrive même plus à soulever les amplis.
Titres de l’album:
01. Blind Superstition
02. Sodom & Gomorrah
03. Euthanasia
04. Genesis XIX
05. Nicht mehr mein Land
06. Glock 'n' Roll
07. The Harpooneer
08. Dehumanized
09. Occult Perpetrator
10. Waldo & Pigpen
11. Indoctrination
12. Friendly Fire
N'importe quoi. Chaque album de SODOM a apporté pour son époque son lot de découvertes et de surprises. Certes, le retour de Blackfire n'apporte pas grand-chose au moulin mais ce nouvel album est, hormis un ou deux titres, formidable. De plus, je ne suis pas d'accord avec ton jugement : certains albums un peu oubliés de SODOM sont d'enfer. Certes, ce n'est pas le groupe le plus inventif de la galaxie mais, tel un MOTORHEAD version thrash allemand, SODOM aligne tranquillement ses albums les uns après les autres sans faiblir et en étant toujours au top du top. Allez, efface-moi cette vilaine chronique et rejoins mon jugement (je plaisante bien entendu même si tu as tort) !!
NecroKosmos + 1000.
Album qui moi aussi m'a plus que convaincu.
PS : C'est moi ou tant au niveau de la voix que des solis de guitares, y'a du SLAYER partout ???
Un de ces 4 il faudra que je m'intéresse à autre chose que leur compile "Ten Black Years".
Problème : y a t-il vraiment une série d'albums qui valent absolument le coup chez ce groupe certes devenu un peu culte (Big 4 du Thrash teuton, ok) mais un peu mou du genou en même temps ? J'ai peur de me faire chier avec 3 morceaux cools par album et le reste en mode remplissage, vite écouté vite oublié. :-/
Depuis l'écoute d'Obsessed by Cruelty en 88, je n'ai jamais franchement approfondi. Et c'est pas avec ce dernier album que je vais réellement monter dans le train. La chronique ne fait pas envie. :-)
J'ai trés peu écouté Sodom, hormis ces albums là :
- Persecution Mania : j'en suis fan ! Nuclear Winter ! Mention spéciale au titre Christ Passion qui me hérisse les poils des avant-bras à chaque écoute.
- Agent Orange : contrairement à la quasi totalité des Thrashers, je n'aime absolument pas cet album. Sorti après Persecution Mania, il s'en éloigne un peu trop à mon gout. J'aime pas du tout mais la majorité si, alors tente le Bones ;)
- Masquerade in Blood : j'adore le son crade de cet album !
- 'Til Death do us Part : dans la lignée de Masquerade in Blood mais je préfère ce dernier.
- Genesis XIX : sympa, un peu old school sur les bords. Je me léverai certainement pas la nuit pour l'écouter.
Ma formation de Thrash outre-Rhin préférée !
SODOM fait parti des groupes dont tous devraient avoir écouté la discographie complète au moins une fois dans sa vie.
Après les goûts et les couleurs...
Pour moi, les albums marquants de Sodom sont : Persecution Mania (mais le son a beaucoup vielli), Agent Orange (évidemment), Code Red et M-16. Ce Genesis XIX m'a l'air bien parti pour rejoindre ce top, même si je manque encore d'écoutes.
+1 pour le son vieillissant de Persecution Mania mais chez moi, c'est ce qui fait sa force.
J'en ai plus que marre des prods Thrash actuelles à la Andy Sneap (ex-Sabbat, ex-Hell, Judas Priest) avec mur du son mais aucune personnalité.
Au moins ce vieux Sodom, dès les premières secondes, tu sais quel album c'est.
Et cette prod' raw est juste sublime et fait un gros FUCK aux prods' modernes.
Déçu... Heureusement il y a le dernier Warfect
Fan "inconditionnel" de Sodom aussi, d'autant plus qu'étant plus jeune que certains ici (hé ouais les vieux !) je ne vénère pas spécialement leurs débuts (même si j'adore !). Donc pas de soucis avec les derniers albums particulièrement. De mon coté, ça va en faire criser certains, mais mon préféré c'est Code Red. Que je trouve ultra méchant en fait. Et puis M-16 aussi (mais ça c'est parce que j'ai découvert le groupe avec celui-ci, c'est sentimental quoi, même si ce mot est bizarre quand on cause de Sodom...)
Merci à tous pour ces bons conseils !
J'avais entendu parler en bon termes de M-16. Il est souvent cité.
Arioch91, je te rejoins sur les prods actuelles, ultra maîtrisées mais finalement uniformes et noyées dans la masse. C'est vrai que certains albums un peu ratés, mal tringlés, mal équilibrés, ont parfois un charme tout à fait particulier, une IDENTITE.
Tel un gros affamé de thrash, je vais essayer de me trouver quelques-un de ces albums, histoire de remettre un peu de poil et de graisse sur ma platine CD. En plein hiver il faut bien ça ! :-))))
'tain ça fait chier, il existe au moins 2 box 5CDs différentes de Sodom sur le Net mais quand elles ne sont pas épuisées elles valent une couille en occase.
Sinon, tu vas sur METAL TRACKER (site de téléchargement Metal génial !) où tu prends la disco et tu te fais ton avis avant de claquer des bifetons dans des albums qui ne te plairont pas...
PS : Je rejoins la foule sur "Code red" et surtout "M-16".
Merci pour l'info, Humungus ! ;-) Je ne connaissais pas ce site (IMPRESSIONNANT) mais de toute façon je ne charge plus de torrents depuis plus de 15 ans (après une mauvaise expérience et un putain de virus qui m'a fait perdre des plumes). Je vais m'abstenir. :-)))))
Pas grave, je vais y aller à la confiance sur les albums qui reviennent souvent, dont ceux que tu as cité (ça se trouve à 6 ou 7 balles, c'est pas méchant). Sur Spirit of Metal ils sont bien notés et ont l'air de se démarquer, c'est vrai.
MERCI à tous pour vos bons conseils !
Surtout que maintenant avec YouTube et Bandcamp, il y a quand même moyen de se faire un avis sur un album avant achat sans pour autant pirater.
En règle générale, sur la chaîne Youtube du label ou du groupe, il y a ce qu'il faut et en plus lorsque ces chaines sont rémunérées avec les publicités, cela revient aux artistes (pas grand chose, mais c'est mieux que 0). A un moment, j'avais téléchargé des discographies complètes de groupe que je voulais découvrir... je n'ai jamais ouvert un seul de ces fichiers et j'ai fini par acheter certains de ces albums à l'aveuglette, je ne télécharge donc plus.
Oui... C'est vrai qu'il y a aussi ces possibilités là... Peut-être bien plus simple d'ailleurs...
J'ai donné ce petit conseil car c'est ma façon de faire en fait : N'ayant pas de portable, n'étant pas sur mon PC toute la journée, refusant les publicités plus qu'intrusives de Youtube (insupportable putain !!!) et aimant tout de même avoir une référence en ma possession de l'œuvre (même si ce n'est que du MP3), je préfère pour ma part télécharger.
Enfin bref... ... ...
Connaissais po METAL TRACKER, merci Humungus !
Généralement, je télécharge avant de me faire une idée sur un album et si j'aime, direction l'achat, sinon poubelle.
Le peu de place perso n'aidant pas, je privilégie malheureusement désormais l'achat en numérique, sauf si le packaging est vraiment superbe (comme par exemple le dernier Mr Bungle et son lapin vert en couverture qui se voit dans la nuit).
Youtube, je m'en sers régulièrement pour me faire une idée sur un album, avant d'aller le télécharger. Ca m'arrive que seule l'écoute sur Youtube suffise. Si j'accroche dès les premières secondes, j'hésite pas : j'achète aussitôt ! Parfois d'ailleurs, je le regrette plus tard
Et d'ailleurs, depuis cette année je télécharge quasi plus puisque j'ai droit à un abo à Amazon Music.
J'en profite pour écouter en streaming dans les transports en commun.
Mais j'achète ce qui me plait, de préférence sur Bandcamp si le groupe s'y trouve.
"Je télécharge avant de me faire une idée sur un album et si j'aime, direction l'achat"
Itou.
Je crois que l'écoute avant achat n'a jamais été aussi justifiée : trop de sorties, trop de plagiat, trop de redites, trop d'albums avec du remplissage. Pour trier le bon grain de l'ivraie il n'y a pas de mauvais outil. L'important est de supporter ensuite les artistes qu'on aime... puis le tri se fait tout seul. :-)
Perso, après avoir pas mal téléchargé (pour parfois ne pas vraiment écouter ! un comble), je suis quand même revenu drastiquement au support physique. J'aime les jaquettes avec les crédits, pouvoir lire des paroles, voir une intention artistique, un produit d'ensemble pensé par un groupe.
@Bones : exactement.
Dans un genre comme le Thrash, la pseudo nouvelle vague se cantonne à pomper sans peu de neuf ce que faisaient les Destruction/Kreator/Sepultura/Testament/Exodus.
Sont peu nombreux, les jeunes groupes sortant des sentiers battus pour proposer quelque chose de réellement neuf et rafraichissant.
Dans le genre, les derniers à m'avoir halluciné furent Vektor (Sci-Fi Thrash), Xenophile (Thrash Prog) et Bestial Invasion (Techno Thrash).
L'écoute avant l'achat devient très important pour moi.
Et comme toi Bones, ça m'est arrivé de télécharger plus que je suis en mesure d'écouter. Ca s'appelle la collectionnite aigüe.
Maintenant, je préfère rester des semaines sur l'album d'un groupe que je trouve vraiment génial que d'écouter en surface plein de disques et n'en rien retenir.
Oups, désolé de rajouter une pièce dans le hors sujet :)
Yeah ca s'inspire de Slayer
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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