Il y avait très longtemps que je ne m’étais pas roulé dans la fange du BM underground, et encore plus que je n’avais pas torturé mes oreilles avec une démo lo-fi. C’est en tout cas ce que je me disais en louchant sur l’artwork de la nouvelle maquette du projet biélorusse SACRILEGIOUS PROFANITY, et je commettais là une grave erreur de débutant : ne jamais juger un livre sur sa couverture. Car cette photo un peu cheap et Ô combien convenue (encore un pauvre musicien perdu dans la forêt sous la neige avec son costume d’apparat) me laissait à penser que ce projet s‘affiliait de lui-même au Black le plus Raw et inaudible, dans la plus pure tradition norvégienne d’enregistrement sur un quatre pistes racheté à Daniel Puzio de VULCAIN. Tout l’attirail semblait rassemblé sur cette vieille table en bois du formalisme le plus chêne ou merisier usé, les micros Fisher-Price pour enregistrer le chant d’une pièce à côté, la batterie programmée de la main gauche, les textes refilant toutes les images d’Epinal, et les riffs fatigués empruntés à DARKTHRONE pour quelques centimes d’Euro. Mais avec un timing de quarante-quatre minutes pour six morceaux, Genocide Rituals prenait alors des allures d’album déguisé en démo, et en glissant le premier morceau dans mes pauvres oreilles, ma stupéfaction n’en fut que plus grande : SACRILEGIOUS PROFANITY osait avec sa troisième démo un effort totalement professionnel et bien plus intéressant que des soties officielles plus confirmées et attendues.
Premier gros choc de cette maquette anonyme, sa production terriblement performante et puissante, qui met les graves en valeur et qui évite le piège habituel des guitares qui grésillent sur fond de caisse claire Toys’r’Us. « Life Abomination », de sa vilénie, rappelle mêmes les exactions les plus violentes de mes chouchous de 1349 et se pose en intro redoutable et diabolique. Entame Ambient pour poser le climat, volutes de synthés en cordes un peu minimalistes, avant l’entrée en scène d’un riff incroyablement redondant et d’une basse tonitruante et ronde. Emphatique, ce premier titre nous plonge dans le monde de ténèbres de SACRILEGIOUS PROFANITY et révèle une lénifiante vérité : loin d’un simple gag underground, le trio maléfique mené par le terrifiant Goat Worshiper (aussi membre de DOOMSLAUGHTER et GOATHORNED) s’impose comme une entité professionnelle à part entière, entièrement vouée aux gémonies du BM le plus sombre et violent, et ambitieux, comme le prouvent ces longues pistes de plus de huit minutes qui constituent l’ossature réelle du concept.
Aux côtés du leader, on retrouve T.D aux claviers, et Nihilation au chant, et les trois compères traqueurs de truffes et autres cèpes nous délivrent un message simple, clair et occulte à la fois : le Black Metal formel n’est pas mort, et sa colère n’en est que plus grande. Ici, pas question d’expérimentation hasardeuse, mais bien d’assaut sonique ultime et incroyablement dense, et « Necroritual Of Immortality » de démontrer avec amplitude que le statut de démo de cette sortie est beaucoup trop humble eu égard à ses qualités intrinsèques. Il faut dire qu’en occupant le terrain avec trois compositions atteignant la demi-heure, SACRILEGIOUS PROFANITY a vu les choses en grand, et distribué par un label volontaire, il est évident que Genocide Rituals à la carrure d’un excellent LP. Entre brutalité sourde et blasts tempétueux, Goat Worshiper nous dresse un état des lieux du BM formel de facture très professionnelle, et le chant, raclé et imperturbable ne fait qu’accentuer la majesté de riffs simples mais réellement efficaces. Avec de nombreuses cassures ne nuisant pas à la progression des idées, cette démo offre donc le meilleur du BM des nineties, un subtil mélange de fragrances bestiales et froides, qui combine avec habileté et fluidité les tempi, passant sans transition d’un beat lourd et martelé à une crise d’épilepsie soudaine et incontrôlable (« Unholy Witchery (Devil Invocation) »).
Mais c’est évidemment le pivot central de « Zodiac Sign Of Apocalypse » qui attise la curiosité de ses onze minutes bien tapées, et il n’est guère étonnant de constater qu’il incarne l’acmé d’une démarche noire comme une nuit sans lune. Reprenant à son compte les recettes les plus evil de la scène norvégienne culte, en agrémentant l’approche d’un radicalisme allemand, SACRILEGIOUS PROFANITY se montre implacable, intraitable même, et nous entraîne dans une chute en spirale dans les bas-fonds de la nécromancie musicale la plus effrayante. On pense évidemment à 1349, à DARKTHRONE, mais aussi à DARK FUNERAL parfois, sans que les biélorusses n’empruntent leurs recettes les plus classiques. Et en nous tailladant les veines sur l’outro symphonico-bruitiste de « Damned Void », le groupe laisse une sale coulée de sang dans la neige, et le souvenir macabre d’un groupe sûr de ses arguments.
Plus qu’une démo donc, Genocide Rituals est à appréhender comme un véritable album, pensé, construit, qui donne foi en la capacité des musiciens les plus fidèles à renouveler le genre sans le trahir. Du beau travail.
Titres de l’album:
01. Life Abomination
02. Necroritual Of Immortality
03. Unholy Witchery (Devil Invocation)
04. Zodiac Sign Of Apocalypse
05. Worlds Devoured
06. Damned Void
Une belle d2couverte Merci Mortne2001
Le nom 1349 m'a donné envie de mettre en route le lecteur, j'suis pas déçu. La version CD pourra certainement trouver une place à moins que la version vinyle qui semble être prévue également ne me tente. A réfléchir...
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