Des génocides au nom de Dieu ? Au nom des Dieux serait plus judicieux, mais à vrai dire, la problématique ne date pas d’hier, à croire que les religions organisées ont été créés à ce propos. Le débat est vaste, et le Metal, genre athéiste et apolitique par excellence (mis à part quelques énergumènes qui se réclament d’un satanisme pas toujours très adulte ou de doctrines néfastes…) s’en repait pourtant avec une grande régularité, histoire de dénoncer deux ou trois travers bien mal placés…Titre d’album donc très justifié, tout particulièrement lorsqu’il émane d’un groupe dont le pays d’origine est justement placé sous l’égide d’une foi démesurée.
Les CORPSIA sont effectivement brésiliens, de Londrina pour être plus précis, et existent depuis 2012, ce qui leur a permis de sortir une première démo il y a deux ans, Order From Chaos, leur offrant ainsi une exposition en dehors de leurs frontières. Evoluant sous la forme d’un trio (Daniel Scaloni - batterie, Gabriel Arns Stobbe – guitare/chant et Lucas Landin - basse), le groupe se complait donc dans une formule très efficace de Thrash old-school, fortement marqué par ses influences, qu’il ne daigne même pas citer tant elles sont évidentes. Enregistré aux studios High Voltage, Genocides in the Name of God bénéficie d’une production tout à fait honnête au regard des standards passés du style, ce qui lui confère une patine délicieusement rétro qui enjolive des compositions simples, efficaces et souvent percutantes. Toutefois, et malgré les racines du trio, inutile de vous attendre à une débauche de décibels bestiale, car les CORPSIA ne sont pas là en tant que gardiens de l’héritage national des SEPULTURA ou SARCOFAGO. Non, leur identité serait plus à chercher du côté des voisins nordiques des USA, dont ils empruntent le vocable musical d’il y a trois décennies. Et la référence qui crève les yeux et les tympans est bien celle que vous imaginez…
SLAYER, vous avez dit SLAYER ? Bonne réponse, puisque les riffs estampillés 88/90 de Jeff et Kerry servent de base aux morceaux des brésiliens, qui utilisent les mêmes ficelles de staccato avec une aisance naturelle, sans pour autant atteindre le degré de mimétisme d’un EXUMER. Ici, c’est l’hommage qui prime sur le plagiat, même si certains arrangements semblent tout droit sortis de South Of Heaven ou Seasons In The Abyss. Mais l’avantage des CORPSIA, et qui leur permet de se démarquer, c’est cette voix très Hardcore qui émane du gosier de Gabriel, et qui rapproche la musique d’un Crossover à peine déguisé, sans pour autant s’éloigner des préceptes Thrash les plus usités. De temps à autres, les clins d’œil appuyés sauront réjouir les initier, à l’image de l’intro en arpèges de « Holochrist », qui louche grave du côté « Seasons In The Abyss » où il va tomber. Sans prôner une originalité de toute façon déplacée, le trio s’en sort avec les honneurs et des lauriers, en nous convaincant de son talent sans le forcer, et surtout, sans chercher à atteindre un but un peu trop élevé. Et après une intro assez bien troussée, que Max et Andreas n’auraient pas reniée, « Purgatory Scum » explique plus ou moins ouvertement en moins de quatre minutes tous les arguments qui vont être développés, sans jouer la subtilité. Thrash modéré donc, très harmonieux, et respectueux de la frange la plus abordable du genre, pour une grosse demi-heure de cavalcade saccadée et de breaks à l’étouffé, pour un nouvel album revival qui vaut largement le coup d’être apprécié. Certes, on aimerait parfois que la retenue s’estompe, et que l’opération opte pour une folie passagère nuancée, mais il est difficile de trouver le moindre reproche à émettre envers des morceaux de la trempe de « Prophecy », qui nous ramène en plein Thrash boom de son tempo échevelé et de ses riffs finement découpés.
Précision, hargne et volonté, telles sont les armes de Genocides in the Name of God, qui en fustigeant les religions en profite pour placer ses pions. L’échiquier est d’ailleurs d’un noir et blanc assez peu contrasté, puisque les pistes s’enchainant sans faiblir privilégient l’homogénéité, ce qui pourra en contrarier certains qui auraient attendu plus de variété. Mais ainsi va le Thrash vintage, qui préfère se fondre en un bloc pour mieux fracasser, plutôt que jouer d’une ouverture déplacée. Je conseillerai à tous les esthètes de se diriger vers les morceaux au mid tempo lourdaud, qui une fois encore se souviennent très bien des litanies gravissimes de Tom Araya et consorts, et spécialement vers « Execution », lourd comme le pas d’un condamné vers la potence à la corde effilée. C’est dans ces moments-là que les brésiliens montrent leur potentiel, qui s’accommode fort bien de BPM dégressifs, et qui leur permet d’instaurer une délicieuse tension. Et comme ces intermèdes sont entrecoupés d’interventions divines (savourez l’allusion via « The Rite », vous la comprendrez sans chercher), la fin de l’album s’avère être la plus passionnante, puisqu’elle offre enfin une véritable alternance, et ne se contente plus de ruer dans des brancards déjà salement endommagés. D’ailleurs, l’un des meilleurs morceaux s’y cache aussi, « Snakes », qui comme le serpent biblique sinue pour nous inciter au péché de violence, et y parvient sans trop forcer. On pense même à un croisement diabolique entres les meilleurs instants de SLAYER et TESTAMENT, tant la persuasion Heavy le dispute à la speederie en furie.
Genocides in the Name of God se termine sur une dernière pesée bien lestée, « Returns », qui ose la redondance d’un riff que les MORTAL SIN auraient pu piquer à King et Hanneman, et une fois ses derniers effluves évaporés, le parfum d’un Thrash de tradition perdure dans nos naseaux enflammés. Je ne mentirai toutefois pas en affirmant que les CORPSIA ont signé l’album nostalgique de l’année, mais force est de reconnaître qu’ils ont du mordant, et que leur premier méfait va salement se faire remarquer. Ce LP inaugural confirme le bien que l’underground pensait de ce trio lusophone, qui loin d’être aphone, sait faire parler son Thrash pour se faire entendre. Limité à cinq cents copies, le CD est disponible en autoproduction depuis avril, mais avec un peu de chance, quelques exemplaires subsistent à la vente. Dépêchez-vous de vous le procurer si une bonne dose de nostalgie vous envahit, et si vous déplorez que les combos actuels ne sachent plus jouer l’extrême avec raison et de modestes ambitions.
Ceci dit sans aucune ironie, et avec toute la franchise que cette réalisation mérite.
Titres de l'album:
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49