Gente Ruim Só Manda Lembrança pra Quem Não Presta

Gangrena Gasosa

01/01/2018

Autoproduction

Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures ? Généralement oui, et il suffit de se fader quatre-vingt-dix minutes de comédie française pour le comprendre. Mais parfois, des blagues montées de toute pièce et destinées à être éphémères s’éternisent un peu, mais ne provoquent pas de grimace gênée pour autant. Prenons par exemple l’histoire improbable des GANGRENA GASOSA. Fondé à la base pour ouvrir un des shows des RATOS DE PORAO, le groupe s’est finalement retrouvé embarqué dans une histoire de longue haleine (chargée bien sûr), qui dure encore aujourd’hui, au point d’aboutir à la genèse d’un quatrième LP, chose que ses concepteurs n’auraient sans doute pas imaginée il y a presque trente ans. Il faut dire que ces olibrius n’avaient pas toutes les armes en main. Joyeux fouteurs de merde, ils auraient selon la légende ruiné un plateau de télé national durant une interview (mais où les programmateurs avaient-ils la tête ???), attiré le mauvais œil sur leur combo fétiche des RATOS, vu leurs membres se tirer un par un, certainement effrayés par les manifestations surnaturelles pourrissant leur quotidien, et dû affronter les forces obscures de la Santeria pour pouvoir garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Gag jusqu’au bout, cette formation prend pourtant son art du délire au sérieux, permettant aux mondes opposés de GWAR et de BRUJERIA de se percuter de plein fouet dans les étoiles d’une religion désorganisée. Un nouveau big-bang est-il pour autant à craindre ? Vu l’énergie développée par ces tarés, la chose est possible, mais il y a fort à craindre qu’il n’engendre pas la vie cette fois-ci, mais bien une nouvelle forme de mort…

La mort de la morosité, c’est un fait, établi. Avec une imagerie à rendre fous de jalousie les DEATH SS et notre très respecté GRAND ORCHESTRE DU SPLENDID, les brésiliens ont mis le paquet sur l’apparence, adoptant les accoutrements de quelques grandes figures de la religion vaudou. Se targuant d’être le seul groupe de Sarava Metal de la création (contraction de trois mantras de la religion afro-brésilienne « sa », le pouvoir de Dieu, « ra », le mouvement de la terre, et « va », l’énergie), cette assemblée de décalés et d’arrachés du bulbe ne respecte pas grand-chose, et certainement pas les conventions Thrash un peu trop figées pour leur philosophie décalée. L’identité des membres de cette assemblée ? Eder Santana - chant (Omulu), Ge Vasconcelos - percussions (Pomba Gira Maria Mulambo), Angelo Arede - chant (Zé Pelintra), Renzo Borges - batterie (Exu Mirim), Diego Padilha - basse (Tranca Rua da Almas) et Minoru Murakami - guitare (Exu Caveira), qui sous couvert des rôles qu’ils ont endossés côtoient et défient l’au-delà d’une musique aux forts relents non de Samba, mais de percussions afro-brésiliennes (presque) parfaitement intégrées à un contexte purement Crossover (assez) bien remué. Et autant l’avouer, l’euphorie est (quasiment) à portée de main, même si l’ensemble dégage une petite impression de déjà entendu au bout de quelques morceaux. Il serait parfois possible de penser à une hybridation pas si contre-nature que ça entre le SEPULTURA de Roots, et le Chico Science d’Afrociberdelia, le tout pimenté d’une sauce corsée à la TOXIC HOLOCAUST et BEASTIE BOYS, pour une ambiance de DC Comics délocalisée à Rio de Janeiro, et une fiesta d’enfer, menée tambour battant par des SLIPKNOT locaux vraiment pas méchants. Ici, les masques ne servent pas forcément à masquer un manque d’inspiration, même si la paillardise de l’entreprise peut lasser de ses systématismes et autres abus de fantaisies rythmiques qui sont avouons-le assez bordéliques (« Farda Preta de Caveira »).

Pourtant avec trente ans de carrière derrière eux, les brésiliens savent parfaitement où ils veulent en venir, même si leur direction artistique semble encore un peu erratique, et légèrement Punk sur les bords (« Se Liga Doidão (Zé Droguinha) »). Leurs riffs manquent encore d’ampleur, et se font méchamment bouffer par ces percus qui ne s’arrêtent jamais, ou si peu, ce qui n’arrange pas les choses, tandis que les voix conjuguées d’Eder et Angelo sont à peu près aussi subtiles que les hurlements des fans de Pelé, Cafu, Hulk, Edu, Zizinho, ou Kaká, se lançant avec régularité dans des échanges verbaux un peu trop mis en avant. L’équilibre n’est donc toujours pas atteint, malgré trois longue-durée qui ont précédé (Welcome to Terreiro en 1993, Smells like a Tenda Spírita et son allusion fine en 2000 et surtout Se Deus é 10 Satanás é 666 en 2011), et on suit le tout plus comme une cérémonie rituelle surprise en pleine nuit plutôt que comme un véritable album de musique pensé et réfléchi. Non que leur musique ne soit euphorique, ce qu’elle est assurément, mais elle est tellement débridée qu’on a parfois beaucoup de mal s’y accrocher, comme un film pour les oreilles aux effets plus présents que le fond du scénario, qui reste encore à la porte à prendre le frais. Pourtant, les musiciens savent parfois trousser de jolies embardées purement Thrashcore (les premières secondes de « O Saci »), mais ils prennent un malin plaisir à les ruiner par des interventions de schizophrène et des chœurs qui se démènent. Dommage, parce que la démence générale est plutôt bon enfant, et que de temps à autres, dans un registre SLAYER sud-américain, ça fonctionne assez bien (« Fiscal de Cu »).

Et si l’aspect visuel de l’entreprise est sans conteste à la hauteur des ambitions, l’aspect musical est encore un peu trop brouillon pour ne fonctionner qu’à un degré auditif, ce qui handicape grandement le projet. Et si les intros et autres intermèdes sont plutôt bien troussés (« Ponto de Abertura »), les thèmes sont encore un peu trop génériques pour vraiment nous faire trembler. Mais dans un accès de mansuétude, on accordera le bénéfice du doute à l’entame assez dantesque et grotesque de « Gente Ruim », qui met les choses au point d’entrée, en laissant tous les intervenants s’installer progressivement, et à l’accès de furia de « Carnossauro Diet », que les GWAR auraient pu entonner en rentrant du boulot à la nuit tombée. Du Comic Metal donc, qui est finalement plus Punk que réellement Thrash, et encore un peu trop foutraque pour satisfaire les fans les plus pointilleux sur le discours et la méthode. Gente Ruim Só Manda Lembrança pra Quem Não Presta et son titre interminable est donc le genre de truc qu’on écoute une fois pour être au courant des déviances en cours dans un monde de fou, mais qu’on remise gentiment dès la première approche passée, de peur que nos voisins ne frappent à notre porte comme des damnés. L’âme des GANGRENA GASOSA l’est déjà de toute façon, mais dommage qu’ils l’aient bradée pour se contenter d’un foutoir à peine agencé plutôt que pour une explosion d’exubérance organisée. Le carnaval de Rio n’a pas encore à trembler de la concurrence de ces allumés, qui devront sans doute bosser un peu plus leur partition pour en dégager les cotillons et faire de la place à la raison. Celle du plus barge évidemment.


Titres de l'album:

  1. Ponto de Abertura
  2. Gente Ruim
  3. Terno do Zé
  4. Encosto
  5. Carnossauro Diet
  6. Trabalho pra 20 Comer
  7. Farda Preta de Caveira
  8. Se Liga Doidão (Zé Droguinha)
  9. O Saci
  10. Fiscal de Cu
  11. Jogo do Bicho
  12. Darkside

Site officiel


par mortne2001 le 19/01/2018 à 14:19
68 %    1057
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.

08/05/2025, 09:17

SALMIGONDIS

@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" !  :-/     En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi...  De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)

07/05/2025, 11:52

Orphan

Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque

07/05/2025, 11:04

RBD

@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)

06/05/2025, 20:29

MobidOM

"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)

06/05/2025, 20:28

RBD

Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.

06/05/2025, 19:29

Caca

line-up de clodos

06/05/2025, 18:18

SALMIGONDIS

Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...  

06/05/2025, 17:11

DPD

Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.

06/05/2025, 16:15

DPD

Bhen c'est écrit dans la news, les 3 premiers albums.

06/05/2025, 16:14

LeMoustre

A voir quel contenu sera proposé 

06/05/2025, 15:42

DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41