En voyant la jaquette de cette démo, et en lisant le nom du groupe, je me suis immédiatement dit que c’était pour moi. Je me suis d’ailleurs faussement laissé abuser par des présomptions toutes personnelles, en pensant dénicher là la première cassette d’un nouveau groupe ricain, alors distribué par un label allemand. Mais en regardant de plus près, j’ai vite compris que notre fossoyeur du jour ne venait ni de Tampa ni d’ailleurs aux USA, mais bien d’Allemagne lui aussi, de Detmold plus précisément, ce qui n’est qu’une anecdote soit dit en passant. Parce que ce qui compte avant tout, c’est la musique, isn’t it ? Et celle proposée par CASKET est de celles qui nous obligent à faire un effort de souvenir, et à nous replonger dans les origines d’un style que nous n’avons jamais oublié. Pour un peu, et en jouant le jeu, on pourrait d’ailleurs croire que cette cassette s’est perdue dans les arcanes mystérieuses d’une poste capricieuse, au point d’avoir traîné pendant trente ans dans un sac oublié au fond d’une salle de distribution. Tout est fait pour qu’on tombe dans le panneau, de la pochette au graphisme Gore sommaire, au support, en passant par la production, et surtout, par les compositions, qui ont délibérément occulté trois décennies de progrès pour rendre le Death plus…présentable. Ici, point de technique superfétatoire, point de Crossover ni de mélange dénaturant, juste du vrai, de la tripe, pour un embaumement de troisième classe suivi d’une mise en terre en silence. Mais qui se cache donc derrière ce nom qui ne cherche pas à tromper son monde ?
Un homme, un seul, bien décidé à raviver ses souvenirs et les nôtres au son d’un Death primal, et fatal.
CASKET est donc le projet d’un seul homme, Marco Brinkmann, se chargeant de la plupart des instruments (chant, guitare, basse) et de la création, et épaulé pour l’occasion au kit par S. Genöziders (VULTURE, QUINTESSENZ, BULLDOZING BASTARD, un grand romantique en somme). Il est certain que l’ami Marco est tombé dans la première vague du Death US assez tôt dans sa jeunesse, et que le style l’a irrémédiablement marqué, au point de proposer sa propre vision des choses bien des années après. Alors, pas difficile de reconnaître dans cette accumulation de riffs putrides, de vocaux humides et de rythmiques pas trop timides un hommage à peine déguisé aux héros du genre, des premiers méfaits de DEATH à celui de CANCER, en passant par des allusions plus ou moins directes à l’art de la mise en bière d’AUTOPSY, mais aussi à la vague suédoise qui confondait guitares et tronçonneuses aiguisées bien grave. Tout est fait pour nous replonger dans l’effervescence morbide de la fin des années 80, et à ce petit jeu-là, Marco est un habile bluffeur, puisque sa démo a tout d’une première tentative du passé pour faire émerger un genre qui ne demandait qu’à se zombifier. Editée à cent exemplaires et distribuée par les bons soins maniaques de Lycanthropic Chants, Ghouls Of Filth est une entreprise de nostalgie parfaite en tout point, et qui nous fore le crâne d’idées toutes plus passéistes les unes que les autres, qui fonctionnent au premier degré. Difficile de résister à cette accumulation de violence délétère, qui privilégie l’efficacité au détriment de l’originalité, et qui parvient même à se hisser au niveau incroyable des pamphlets les plus définitifs déjà publiés.
C’est cru, sale, mordu, contaminant, mais délicieusement rétro, vintage ce qu’il faut, et diablement efficace, tant dans l’instrumentation que dans l’instauration d’ambiances vraiment glauques. Et dès « Flesh Winter », le fond de l’air devient vraiment frais, et on se retrouve plongé dans les abysses d’une tombe creusée à notre intention, nous débâtant dans une terre aride qui s’effrite sur nous au son de guitares en coups de pelle pour que nous ne puissions pas nous extirper de notre trou. Ce qui frappe au prime abord, au-delà du mimétisme flagrant de la progression musicale, c’est cette énorme production qui fait rebondir les graves sur les parois du cercueil, et qui place la voix en arrière-plan, donnant l’extrême onction d’intonations effacées et démentes. J’ai rarement entendu un son pareil, même sur des efforts plus « professionnels », et dire qu’elle confère à cette première démo un caractère éminemment fétide est un délicieux euphémisme…
Musicalement, pas de surprise, le son des CANCER, DISMEMBER et AUTOPSY est repris à la lettre, mais sublimé d’un regain de popularité, et d’enthousiasme débridé. Sur quatre morceaux, rien à jeter, puisque Marco se l’est joué concis et précis, en travaillant chaque partie de guitare pour quelle sonne l’hallali. A ce titre, l’intro de « Ghouls Of Filth » est un vrai modèle du genre, avec sa rythmique poussive et ses sifflantes intuitives, avant que l’accélération attendue ne fasse son office sur fond de chœurs absolus.
C’est du vrai de vrai, du pur et du vécu, truffé de quelques samples qui mettent mal à l’aise, et de concassages en règle qui nous broient les os avec un sadisme non feint (« Sadistic », pour le moins oui, mais avec toujours en fond une sobre mélodie en homélie). Et comme l’effort est maintenu, on se termine sur une dernière image d’Epinal en tripes crues (« Covered On Guts », je vois très bien le tableau), décrite en cris exhortés et en basse claquée, pour un dernier assaut qui laisse K.O.
Sortie à l’époque, cette démo aurait fait le malheur dont elle souhaitait se délecter. Publiée trente ans après, elle fait toujours très mal, et distille une nostalgie Gore qui fait vraiment plaisir à entendre. Se replonger dans les classiques sans les écouter est toujours possible, c’est en tout cas ce que démontre CASKET et son Ghouls Of Filth qui érige le pourri et le putride comme essences de base. C’est méchant, vilain, ça pue, mais ça fait du bien. Et quatre morceaux, c’est plutôt radin. Alors Marco, reviens s’il te plait avec un vrai longue durée, qu’on profite de la putréfaction sans avoir à retourner ta cassette, déjà épuisée il me semble…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
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