Si vous pensiez que le son de caisse claire de Lars Ulrich sur St Anger était le pire que vous puissiez supporter, alors tentez la comparaison avec celui d’Alvre, batteur de CARPATHIAN WOLVES. Entre le timbre très fatigué et la cowbell exsangue, cette pauvre caisse subit tous les outrages possibles et imaginables, et trouve sa place légitime dans les rangs des instruments les plus malmenés de l’histoire. Mais le son de caisse claire de ce premier album n’est pas la chose la plus laide du packaging. Non, le pire, ce sont les musiciens, qui font partie des plus vilains de l’univers Black Metal, avec une mention pour le gros monsieur à gauche de la photo promotionnelle, qui semble tout droit sorti d’une bande-dessinée amateur et malheureuse, sorte de pirate démoniaque décati et gonflé au rhum qui ne sait pas vraiment ce qu’il fait là…
Une fois cette introduction posée, intéressons-nous à la musique, qui se doit d’être à la hauteur de ces considérations horrifico-conceptuelles. CARPATHIAN WOLVES nous en vient d‘Allemagne, le pays où le Black Metal le plus moche et violent règne sans partage, et sort donc son premier album, baptisé Ginungagap, et dont l’étymologie ne date pas de l’époque bantou, mais bien de la mythologie nordique. Ginungagap était le nom donné à un vaste gouffre, un abîme si profond que son fond était inconcevable, et qui séparait les mondes Niflheim et Muspellheim, respectivement les royaumes du froid et du feu, avant la création du monde. Voilà pour le décorum, assez classique dans le cas d’un BM païen.
La thématique étant clarifiée, passons à la musique. Cette musique est justement ancienne, très inspirée par la scène norvégienne des années 90, et il est évidemment recommandé de se souvenir des exactions de DARKTHRONE et IMMORTAL pour la situer avec précision. En gros, un BM d’obédience classique, légèrement Raw sur les bords, sans artifices ni arrangements pompeux, et basé sur le traditionnel trio basse/guitare/batterie.
Du conformisme donc, ou du classicisme selon les opinions, pour un disque qui prend son temps pour développer une ambiance froide et macabre. Si le grésillement permanent de cette pauvre guitare nous ramène aux techniques Fisher Price des adorateurs de Satan les plus minimalistes, l’atmosphère générale et l’aura maléfique nous entraînent dans les bas-fonds d’un style que le trio allemand ne peut que concevoir pur et historique, ce que soulignent ces dix compositions tantôt lancinantes, mais la plupart du temps féroces.
Une sorte d’épure, qui commence par les yeux et une pochette sobre au trait grossier. Le monochrome est donc roi pour une vision grisée du passé, et une interprétation des canons d’origine respectueuse à la moindre croche près. On pense évidemment à un mariage entre CARPATHIAN FOREST et DARKTHRONE, un mariage sous un ciel plombé (« Anderswelt », vraiment très vilain et avec des alliances faites maison), qui se célèbre entre initiés encapuchonnés et fascinés par le passé.
Loin d’être désagréable, le BM de CARPATHIAN WOLVES est linéaire mais efficace, et nous fait ressentir à nouveau ce frisson evil originel, qui nous stimulait tant dans la première partie des années 90. Rien de vraiment inventif, encore moins de culotté, mais une envie de perpétuer un esprit séculaire, et des plans au rendement maximal, déjà largement éprouvés par les années.
En ce sens, le trio germain (Ulvre - batterie, Fenrir - guitare/chant et Varis - basse) se montre sous une nuit honnête et totalement noire. La production, assez sèche pour être old-school mais gardant quand même prise avec la réalité 2022 est la plus parfaite que le groupe aurait pu souhaiter, et convient parfaitement à ces morceaux sombres et portés par une voix atroce de troll possédé. Les crises de colère sont fameuses, et aboutissent à des sommets de violence (« Eisiger Norden », hystérique et glacial), et il n’est pas interdit de penser que le trio a une approche quelque peu progressive de la nostalgie.
Chaque morceau possède son identité propre, et Ginungagap n’est pas qu’un vulgaire jet de bile acide à la face du bon goût et de la chrétienté. CARPATHIAN WOLVES, tout en restant droit dans ses bottes cloutées a la politesse de varier son propos, et de rendre ces cinquante minutes fascinantes et glaçantes. Un voyage dans le passé convaincant, entre la Norvège et l’Allemagne, pour un résultat qui tient la route sans avoir besoin de béquille ou de l’aide du grand cornu.
Le trio se fend même d’un morceau à rallonge, « Samhain », qui célèbre en grandes pompes et en plus de neuf minutes la nuit où les morts peuvent revenir sur terre le temps de quelques heures.
A recommander aux fans les plus puristes d’un Black Metal d’antan intègre, mais qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Ginnungagap
03. Asgardareid
04. Gorm Der Alte
05. Anderswelt
06. Eisiger Norden
07. Varus Untergang
08. Vermächtnis
09. Samhain
10. Outro
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09