Je m’interroge. Parce que j’ai beau avoir de moins en moins de neurones, mon cerveau turbine encore en certaines occasions. D’où cette interrogation, légitime. Un groupe a-t-il sa place dans ces colonnes parce que le chroniqueur est fan de la première heure ? Peut-on encore repousser les limites de l’acceptable, et intégrer un orchestre à notre style favori parce que par le passé, ses membres ont pratiqué un Death mélodique tout à fait respecté ? Beaucoup se le demandent, lorsqu’ils écoutent le dernier BON JOVI ou un nouveau live de DEF LEPPARD, et les autres se grattent encore la tête après avoir appris la présence de MUSE au Hellfest. Je ne saurais les contredire, étant moi-même très circonspect quant à cette signature en tête d’affiche. Mais laissons le Hellfest où il est, et revenons à nos moutons. Suédois.
Des moutons suédois. Mais qui sont suivis par le reste des troupeaux, ce qui n’est pas banal.
Alors, la question me direz-vous ? La voici : peut-on encore considérer que THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA mérite d’être traité par notre webzine préféré, eu égard au virage plus que Pop qu’il a pris il y a quelques années ? A l’époque des trois premiers albums, le dilemme était le même que lorsque GHOST pointait le bout de ses chaines en plastique. Aujourd’hui, la controverse fait rage, et Give Us The Moon ne fera rien pour éteindre l’incendie.
Au contraire.
Björn Strid (chant), Sharlee D’Angelo (basse), Jonas Källsbäck (batterie), Sebastian Forslund (guitare/percussions), John Lönnmyr (claviers), Rasmus Ehrnborn (guitare), Anna Brygard & Åsa Lundman (chœurs) ont totalement conscience d’avoir dépassé les limites depuis longtemps, et ils s’en moquent comme de leur premier t-shirt bariolé. Désormais ancré dans une tradition Pop-Rock 80’s qui brille plus qu’un néon géant sur le Sunset Strip, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA parvient à faire passer les ROYAL REPUBLIC pour un groupe de Black Metal avant-gardiste. Les synthés sont de plus en plus mis en avant, la guitare de plus en plus en retrait, les chœurs de plus en plus proéminents, les mélodies de plus en plus sucrées, et les refrains totalement irrésistibles. Sur le terrain de la qualité, les suédois sont inattaquables. Sur celui de la crédibilité Rock, le flou règne en totale impunité. En découvrant ce nouvel album, on a la sensation de se replonger dans des épisodes inédits de Miami Vice, lorsque le soundtrack coutait plus cher que le salaire des acteurs.
Le plaisir est néanmoins intact. Car les suédois sont toujours aussi créatifs lorsqu’il s’agit de réanimer la nostalgie pour que nos cœurs retrouvent leur énergie. Comme un 70’s band passé dans le camp ennemi la décennie suivante, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA rythme nos nuits en glissant dans le jukebox STYX, Pat BENATAR, Kim WILDE, BALANCE, Robbie NEVIL, ASIA, et nous fait danser jusqu’au bout de leur nuit. La tenue incorrecte est exigée, le mauvais goût des couleurs imposé, mais le déhanché se droit d’être précis, et la séduction fine et exquise. Et dès « Stratus », les idées noires s’envolent, comme la chasteté, comme la sobriété, comme le champagne posé sur la tablée. La Pop-Rock aux bulles enivrantes de Give Us The Moon est de première qualité, et cache des ambitions radiophoniques, mais aussi des élans progressifs, comme en témoigne le long et charnu « Stewardess, Empress, Hot Mess (And The Captain Of Pain) ». Plus d’une heure de voyage intergalactique, à la recherche de la planète miracle, celle qui nous hébergera lorsque la nôtre sera passée de vie à trépas.
Une planète aux pastels ravissants, à la lumière tamisée, aux bars démodés, mais remis à neuf avec un goût certain. Celui de « Like The Beating Of A Heart » qui rebondit sur un Robert TEPPER, sans oublier le passé propre du collectif suédois. Des harmonies sublimes, une production suffisamment slick mais terriblement perfectionniste, des titres construits comme autant de hits, et toujours cette fraicheur qui était plus ou moins absente des deux albums précédents. Cette fois-ci, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA a décidé d’aller jusqu’au bout de sa démarche, en se moquant de savoir si son costume Rock impressionne toujours les masses.
Ce space-AOR est d’un débit conséquent, et on se demande encore comment les compositeurs parviennent toujours à trouver le bon hook pour nous prendre au piège. « Melbourne, May I? », drague les australiens sans leur forcer la main, mais avec un tel entrain, difficile de rester de marbre et regarder ses chaussures l’air de rien. Up tempo, joie de vivre (en VF please), endorphines en injection directe, ce nouvel album est un best-of du best-of, un greatest hits ultime, et surtout, une playlist qu’on se passe et repasse le sourire aux lèvres et les muscles qui bougent de manière incontrôlable.
Certes, les tubes ne sont pas formatés radio-friendly et dépassent tous une durée légale de trois minutes et trente secondes. Mais quelle importance lorsqu’ils sont truffés de plans incroyables, et de lignes vocales paradisiaques, totalement maîtrisées par un Björn Strid au sommet de son art. L’homme peut parfois se prendre au jeu d’un TOTO de l’orée des années 80 (« Miraculous »), occuper le siège vacant d’un REO SPEEDWAGON en retraite anticipée (« Paloma »), et plus généralement, se rêver en frontman de l’impossible, capable de porter le poids du succès sur ses larges épaules.
Entre Pomp et Pop, entre plaisir et démonstration de force, Give Us The Moon vous promet la lune, et vous l’offre sur un plateau. Une lune en satellite d’amour, mais aussi en masse effective non négligeable (« Cosmic Tide », étrangement syncopé et proche d’un Jazz-Rock assoupli pour le Billboard), ou en station provisoire en attendant le grand espace inconnu (« Give Us The Moon », RAH BAND dans une fusée rétro-futuriste).
On fouille, on traque, on a envie de jeter certains trucs, mais on les laisse dans les cartons car il n’y a décidément rien à faire. Même le discoïde « A Paris Point Of View » parvient à sympathiser avec le KISS de 1978, ce qui est une preuve supplémentaire du génie de ces musiciens qui ne se refusent rien. Pas même un trip impossible dans une étendue sauvage, sans espoir de retour…pour l’instant.
Je le reconnais, et le souligne une fois encore. THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ne gravite plus dans la galaxie Hard-Rock depuis longtemps. Les guitares, même saturées sont trop sages et propres pour encore effrayer. Le clavier est trop envahissant pour nous faire vibrer. Le décalque des valeurs les plus sûres d’il y a quarante ans et plus, trop fidèle.
Et l’ambiance bien trop souple et festive.
Alors considérons cet album pour ce qu’il est. Une récréation magique, un plaisir coupable, une hypnose rétrograde qui réveille les souvenirs des discothèques d’antan. Enfin, quelque chose entre tout ça. Peut-on encore considérer que THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA mérite d’être traité par notre webzine préféré ? La réponse est visiblement oui, et le reste, on s’en fout. Le rêve est trop précieux pour le refuser sous couvert d’une éthique déplacée.
Titres de l’album:
01. Final Call (Intro)
02. Stratus
03. Shooting Velvet
04. Like The Beating Of A Heart
05. Melbourne, May I?
06. Miraculous
07. Paloma
08. Cosmic Tide
09. Give Us The Moon
10. A Paris Point Of View
11. Runaways
12. Way To Spend The Night
13. Stewardess, Empress, Hot Mess (And The Captain Of Pain)
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Euh... 30 secondes d'écoute et je me dis "achat obligatoire".Merci Gargan !
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