Global Worming

Endseeker

27/10/2023

Metal Blade

Un, deux, trois, nous irons au bois. Pourquoi faire ? Pour y rencontrer pour la troisième fois les allemands d’ENDSEEKER, perdus dans les forêts suédoises à la recherche d’un artefact NIHILIST. Quatre ans après The Harvest, récolte honnête, et deux après Mount Carcass, assaut du sommet Death Metal old-school, le groupe de Hambourg nous revient plus remonté que jamais, avec son album le plus Heavy, le plus concerné et le plus sombre, du moins selon les dires des musiciens.

ENDSEEKER, à l’image de LIK joue la nostalgie à outrance. Celle d’un Death Metal nordique agrémenté de quelques fantaisies nationales, toujours efficace, jamais original, mais entêtant, impressionnant, grave et mordant. Et pour cette troisième production Metal Blade, les hambourgeois se sont inspirés de l’état actuel d’un monde à la dérive, qui a de quoi inspirer les plus vilains des créatifs. D’où ce concept plutôt bien senti, mélangeant horreur, science-fiction et anticipation.

Global Worming décrit un futur dystopique, dans lequel les vers zombies ont envahi la planète, nous dévorant jusqu’à l’extinction. Et tout ce qui reste, c’est un amas grouillant de vers et d’insectes, nichant dans des crânes, et autres restes humains, vivant leur plus belle après-vie.

Outre le jeu de mot initial que les amateurs apprécieront, et au-delà de cette sublime pochette en noir et blanc digne d’un comics de l’enfer, Global Worming est en effet terriblement lourd, compact, hurlé comme à l’agonie d’une planète malade, et symptomatique de l’approche germaine d’un Death de tradition, accommodé d’une sauce thématique qui n’empêche pas quelques traits d’humour. Des textes qui se souviennent des heures passées sur la route, sous un soleil de plomb et sur les autoroutes allemandes, et qui ne crachent pas sur un brin de fantaisie roublarde.

Mais globalement, comme un réchauffement annoncé, Global Worming nous irradie de ses ultraviolets cancérigènes et de son optique post-ap pas vraiment réjouissante.

J’ai, depuis le début, montré mes limites à l’adoption d’un groupe qui finalement, ne s’écarte jamais de sa ligne de conduite prévisible. Cette distance prise est toujours d’actualité aujourd’hui, même si ENDSEEKER semble sur la bonne voie d’un crossover entre passé et groove présent. Mais l’abus de mid-tempi, l’absence de titre vraiment fort, et des répétitions un peu trop évidentes empêchent encore ce quatrième album de vraiment décoller vers les enfers réchauffés, au grand dam de votre serviteur.

Car lorsqu’on décrit un avenir aussi peu clément, mais finalement plutôt cocasse, autant le faire avec panache, violence, exubérance et absence de retenue. Or, le quintet de Hambourg (Lenny - chant, Ben & Jury - guitares, Kummer - batterie et Eggert - basse) se limite une fois de plus à ce qu’il sait faire de mieux, imposer des riffs à la suédoise, singer les tics et réflexes d’ENTOMBED et UNLEASHED, sans toutefois (heureusement) atteindre le niveau honteux de mimétisme de LIK.

Et même la durée raisonnable du métrage ne le sauve pas d’un certain marasme, tant certaines compositions se suivent et se ressemblent méchamment. C’est particulièrement évident sur la doublette « C.B.V. » / « Terror », qui utilise les mêmes recettes et idées, et qui finalement, noie le poisson dans la pollution d’un étang contaminé. Le reproche formulé à l’encontre des deux précédents albums est donc toujours valide, avec cette tendance à recycler plus qu’à inventer, même si Global Worming sait se montrer joyeux lorsqu’un hit vient troubler le statisme générique.

Ainsi, le trépidant « Global Worming » sonne exactement comme le title-track qu’on est en droit d’attendre d’un tel groupe, tandis que le groove vicieux de « Hanging Gardens » compte les pendus sur une planète enfin dirigée par le micro-monde, entre repas pantagruélique et reprise de leadership après des siècles de domination humaine.

Des qualités renouvelées, pour des travers de plus en plus assumés. Mais heureusement pour nous et notre chair, quelques défenses renforcées permettent de se raccrocher à une basse vraiment efficace, et à un habile jeu de mélodies insérées dans un contexte apocalyptique dévorant.

De fait, l’album tient debout par lui-même, et pourra se voir adouber par la faune old-school. La technique des intervenants, un certain panache dans la mise en place et une production impeccable qui fait sonner la batterie comme à la grande époque, permettront d’excuser les nombreuses facilités de copie des Sunlight studios, et un titre aussi lapidaire que revanchard comme « Our Only Life » nous entraîne enfin sur le chemin de gauche, déjà emprunté par vous-savez-qui.

Pas de quoi trembler en voyant un ou deux asticots sur le plan de travail, mais largement de quoi appréhender un futur qui ne nous réserve rien de bon. L’invasion est proche, et la bande-son choisie pour cet Armageddon, aussi prévisible soit-elle, reste l’incarnation musicale la plus adaptée à une fin atroce

            

         

Titres de l’album:

01. Global Worming

02. Hell Is Here

03. Violence Is Gold

04. Wheel of Torture

05. C.B.V.

06. Terror

07. Hanging Gardens

08. Our Only Life

09. Nemesis


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par mortne2001 le 05/12/2023 à 17:01
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