Ok, je sais bien qu’on est tous en train d’attendre un gros bonhomme rouge et blanc barbu et ventru, mais l’empathie temporaire ne doit pas nous faire oublier les vilains misanthropes que nous sommes. Nous qui ne vivons que pour la violence instrumentale, ne pouvons nous satisfaire d’une quelconque générosité de surface, et cet esprit de partage ne doit surtout pas occulter le fait que nous conchions la société et nos contemporains en nous vautrant dans la fange bruitiste. Et si d’aventure vous cherchiez un contrepoint aux cantiques de minuit qui vous attendent après votre seconde douzaine d’huitres et votre vingtième toast au foie gras, j’ai exactement le laxatif auditif qu’il vous faut. Sachez simplement qu’il est extrêmement puissant, et qu’il équivaut à une bonne douzaine de dragées Fuca mélangées à une grosse dose d’Ipecac, mais que sa fabrication artisanale n’empêche pas quelques effets secondaires plutôt néfastes pour l’organisme. Ce médicament de cheval nous en vient encore une fois de la même région du globe, un peu surélevée pour l’occasion, puisqu’en place du Brésil, de la Colombie ou du Chili, nos préparateurs en pharmacie de l’extrême habitent le Mexique, autre pays renommé pour ses traitements carabinés qui ne font pas grand cas d’une posologie précise et minutieuse. Pour l’occasion, Mexico City la belle se pare donc de ses atours les plus morbides, et nous offre le cadeau de Noël le plus incongru qui soit en l’incarnation IN OBSCURITY REVEALED, qui de son premier album vient secouer le sapin de sa bestialité outrancière et de ses aspirations meurtrières. Et de fait, Glorious Impurity est plus qu’un premier album, il est un manifeste de haine pure, diluée dans un occultisme investi, qui s’obstine à reprendre à son compte les formules les plus extrêmes du Bestial Death des années 80 pour les transposer dans une vilénie de circonstance qui le confine à l’acharnement.
Se situant dans la mouvance sud-américaine la plus belliqueuse, ce quatuor diabolique (Isaías Alanís Salazar - guitare, Fabrizio Melgar - basse/chant, Erick Hidalgo - batterie et Fernando León Cortés - guitare) et constitué de figures bien connues de l’underground local (INFESTICIDE, NIGRUM, ASH NAZG BURZ, THE ABSTRACT, THROUGH TORMENT, RAPED GOD 666, SKID RAID, l’assemblée des enfants de chœur nationale en somme) nous a donc torché un premier pamphlet qui fera date dans les annales de la brutalité, sans se vautrer dans la fange Noisy la moins excusable. Formé en 2014, ce combo de têtes brûlées a déjà narré quelques histoires bien troussées via une première démo en 2015 (Spell of the Seeker), et un EP deux titres l’année suivante (Grim Fumes of Revelation), avant de se jeter corps et âme dans l’écriture d’un grimoire plus complet, distribué en CD via le label national Vomit Record, et en tape par Till You Fukkin Bleed. Et autant dire qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, puisque ce premier longue-durée relève la gageure de se montrer intense tout du long sans laisser l’ennui s’installer, ce qui représente souvent le travers principal de ces réalisations qui n’acceptent aucune compromission. Et ici, on cartonne, on emplafonne, mais on le fait avec une telle énergie et avec un tel refus des barrières que l’enthousiasme finit par l’emporter. Se sevrant des commandements initiaux de la scène brésilienne des années 80 (CHAKAL, SARCOFAGO, SEPULTURA, MUTILATOR, VULCANO), les IN OBSCURITY REVEALED en utilisent les préceptes pour les noyer dans un bain d’acide BM de l’orée des années 90, se rapprochant parfois d’une version mexicaine tout à fait crédible des BEHERIT, l’obscurantisme bruyant en moins, substitué par une bestialité de surface qui ne cache aucunement les capacités techniques de tous les membres impliqués.
C’est donc un défilé de méchanceté et de haine qui se déroule sous nos oreilles, bien que le quatuor sache parfaitement ralentir la cadence pour imposer quelques inserts sinon mélodiques, du moins légèrement plus subtils histoire de faire avancer la machine sans la cramer. Chant gravissime mixé légèrement en arrière-plan, riffs supersoniques qui paient leur tribut au malin, rythmique nucléaire qui n’accepte pas vraiment les ralentissements à moins d’y être obligée, le cocktail est méchamment relevé, occulte juste ce qu’il faut, mais surtout, diablement efficace puisque les thèmes proposés sont souvent accrocheurs, et toujours précipités. Mais si la vitesse globale est délibérément exagérée, on n’en sombre pas moins dans les abysses du nonsense musical, puisque le groupe parvient toujours à trouver une ambiance mortifère pour nous hypnotiser. Si quelques historiens se sont plu à classer nos héros du jour aux côtés de références comme INFESTICIDE, VORUM, MALICIOUS ou THE CHASM, il est évident que c’est bien les balbutiements du Death/Black brésilien qui anime les intentions les moins louables, et sous ce point de vue-là, les mexicains se permettent une synthèse parfaite de ce que ce courant incarnait de plus bordélique et maléfique, sans pour autant se départir de ses capacités techniques permettant les audaces les plus pointues. Pour faire simple et plus formellement accessible, c’est du bourrin de chez bourrin, ça grogne, ça cavale, mais ça dépote intelligemment pour ne pas nous faire passer pour des psychopathes du dimanche. Quoique la santé mentale de ces marsouins pourrait être remise en question, et ce dès l’ouverture « Our Crimson Madness », qui sous couvert d’un riff circulaire annonce le bordel à venir sans prendre de gants. Aussi puissant que les premières gerbes de SEPULTURA, le professionnalisme en plus, ce mélange contre-nature entre un Death primal et un Black pas vraiment assuré tire son épingle du jeu, et dame le pion à bien des formations pénibles de Blackened Death stérile, en choisissant de ne pas édulcorer sa bestialité de prétentions vulgaires. Pour un peu, on se croirait revenu aux premiers temps du BM sud-américain, lorsque le continent découvrait la férocité occulte, ou à la période charnière de la fin des années 80, lorsque des groupes comme INCUBUS piétinaient les frontières entre Thrash, Death et Black pour atteindre la quintessence de la violence la plus crue.
Alors, oui, c’est plus qu’oppressant, c’est étouffant, mais ça joue, et surtout, ça ne fonce pas nulle part, un peu comme si le KREATOR de Pleasure To Kill s’était associé à l’époque à l’INCANTATION le plus formel pour élaborer une formule de synthèse. Inutile d’essayer d’extraire un morceau plutôt qu’un autre, puisqu’ils forment tous une symphonie de l’ignominie, même si certains riffs se montreront plus mémorisables que d’autres. Mais alors qu’on se dit que le gang va fatalement calmer le jeu à un moment ou à un autre, il ne concède aucune accalmie, préférant jouer son va-tout et s’incruster dans les mémoires de sa violence inaltérable. Du coup, Glorious Impurity s’impose comme le LP le plus virulent et sanglant de cette fin d’année, se glissant à la hauteur des méfaits mexicains les plus néfastes. Pas le genre de truc que Santa va glisser dans les chaussons des enfants, mais plutôt le truc que Satan risquera d’écouter en tringlant votre maman. Sans lui manquer de respect cela va sans dire.
Titres de l’album :
1.Our Crimson Madness
2.Coven Maleficia
3.Dismay
4.Beast and Serpent
5.Thy Temple Fire
6.Congress Cum Rampage
7.Pestilent Breath
8.Abhorrent Coffins
9.Closing Victory
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