Glorious Tyrannizing of Human Rats

Decapitated Christ

06/10/2023

Fda Records

Relativement constant dans sa première partie de carrière, le groupe espagnol DECAPITATED CHRIST s’est ensuite cryogénisé pendant quatre ans, avant de revenir avec le plein d’énergie. Cette longue absence nous a donc donné le temps d’apprécier à plein volume les quatre premiers albums du groupe barcelonais, publiés entre 2008 et 2014. L’histoire a donc connu un méchant coup de frein suite à la parution d’Arcane Impurity Ceremonies en 2014, mais la course reprend de plus belle aujourd’hui grâce à cette cinquième entrée, qui ne ménage pas ses efforts pour excuser ce retard plutôt frustrant.

DECAPITATED CHRIST, pour les néophytes, c’est une sorte d’exutoire fabuleux à la violence omniprésente dans notre (plus si) beau monde. Une façon de rendre hommage aux défricheurs américains tout en assumant ses racines européennes. Quelque part entre le Death sourd, le Death qui court, et le Death qui bourre. Entre méchanceté tout sauf gratuite et technique élaborée, Glorious Tyrannizing of Human Rats dresse un tableau tout sauf flatteur de notre déshumanisation, et s’en va piocher dans la cire humaine les restes pour préparer un ragoût certes peu engageant visuellement, mais terriblement goûtu.

Le quintet barcelonais (Ghorth - guitare, CesarCold - basse, Desecrator - guitare, NalghaLord - chant et Alewar -  batterie) n’a donc pas renoncé à sa philosophie pour se présenter à nouveau face au jury. A l’écrit, le groupe passe la barre avec dix compositions dures et véloces, et à l’oral, NalghaLord convainc sans forcer de son raclage de gorge gravissime. L’épreuve est donc passée haut la main, et le diplôme du comeback automnal accordé avec les palmes académiques.

Et pour comprendre pourquoi, il suffit de tendre l’oreille sur le monstrueux « Hunting Human Rats », sale, gluant, empestant la putréfaction, mais livré sous vide en barquette. Une bonne tranche d’horreur comme les espagnols savent les découper, avec riffs prétexte et rythmique preste, pour mieux asseoir la légende qui reprend du service.

Mais les sévices infligés par cet album ne sont pas tous prévisibles. Ainsi, lorsque DECAPITATED CHRIST embrasse la lourdeur et la moiteur, ça nous donne l’intro vraiment moche de « Inferi Ardentis Monarcha », suite horrifique à tiroir qui développe des arguments bien sentis. Inspiration US, gravité digne des suédois les plus encapuchonnés, technique affutée, pour un moment de dévoiement ultime, quelque part entre la Floride, Portland, Baltimore et Barcelone.

Efficace, convaincant, impitoyable, et attiré par l’odeur du sang. DECAPITATED CHRIST suit évidemment les règles d’un Death Metal fondamentalement classique, mais booste la puissance pour se rapprocher d’un underground glauque et sans retour. Ce qui n’empêche pas les musiciens de trousser des passages tout à fait délicieux, soulignés d’un groove séduisant et entraînant. L’alternance est donc de mise, et un gros travail a été accompli sur les ambiances, qui changent comme Jean-Marc Morandini de stagiaire de troisième.

A l’image de sa pochette au trait grossier, Glorious Tyrannizing of Human Rats court avec les rats, qui commencent à quitter le navire. Un peu de MORBID ANGEL, de SUFFOCATION, mais aussi de SINISTER, KRISIUN, HATE ETERNAL et BLASPHERIAN, pour un cocktail qui sent un peu la fermentation excessive, mais qui procure une ivresse délectable. 

Musicalité et radicalisme. Telles sont les deux mamelles de ce nouvel album qui fait la part belle aux enchainements morbides, et aux accélérations putrides. « Orients Princeps Belzebub », lourd et emphatique, titille les narines de son fumet technique, alors que « Assault On The Ravaged Wastelands » utilise un up tempo roublard pour danser sur ses deux guiboles de travers.

Pas vraiment ligne droite, mais pas non plus virages en épingle, Glorious Tyrannizing of Human Rats cherche le résumé parfait des années classiques du genre, et nous offre donc une synthèse très agréable des nineties, avec une approche old-school qui n’exagère pas ses emprunts. Entre Lovecraft et Clive Barker, DECAPITATED CHRIST se veut auteur horrifique au propos flippant, mais qui possède toutefois un lexique très fourni.

Ainsi, « Massive Demonic Warfare » nous fait revivre la chaleur infernale de la Floride des années 89/93, et prépare la fin de l’album, étonnamment consacrée à la relecture d’un morceau déjà présent dans le tracklisting.

Ce retour en fanfare avec plaies, bubons, purulence et infection est donc le bon pour les espagnols, qui confirment leur savoir-faire. Un savoir-faire certes abordable par tous, mais qui donne de bons produits du terroir. L’humilité est parfois de savoir se cantonner à ce qu’on sait faire de mieux sans chercher à innover ou risquer sa peau. Et il n’y a aucun mal à ça.


            

Titres de l’album:

01. Grief And Sorrow

02. Hunting Human Rats

03. Abjuring the Holy Trinity

04. Inferi Ardentis Monarcha

05. Luciferi Imperator Omnipotens

06. Orients Princeps Belzebub

07. Assault On The Ravaged Wastelands

08. Massive Demonic Warfare

09. Infernal Red Machines

10. Luciferi Imperator Omnipotens (M.A.C.V. Version)


Facebook officiel


par mortne2001 le 08/12/2023 à 16:36
80 %    234

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09