Lundi matin, on rentre dans le vif du sujet, et en lieu et place du traditionnel café/croissant, je vous propose le breakfast made in Manchester à base de tripes fraîches napées de bile acide. Oublions je vous prie un instant le flegme anglais, puisqu’il n’a pas cours ici. Depuis 2005, FŒTAL JUICE conchie l’heure du thé et les génuflexions, les hommages à la Reine et le respect des convenances, pour proposer un Death Metal fortement teinté de Grind et de bonne humeur un peu brumeuse. Fondé il y a quinze ans, ce collectif de barbares de la barbaque à patiemment attendu jusqu’en 2016 pour proposer son premier long, Masters of Absurdity, qui définissait les grandes lignes de sa démarche. Mais avec un premier EP au pun aussi savoureux que Big Trouble in Little Vagina, un split en compagnie des raffinés RECTAL IMPLOSION, et des morceaux aux intitulés aussi subtils que « Colostomy Baguette » ou « Service Station Masterbation », il n’y avait guère de doute à avoir sur la philosophie de ce combo. Du Death bien gras, véloce, fort en bouche, sorte de Maroilles trempé dans le saindoux et donné en pitance à une pauvre victime attachée dans la cave avec des menottes en doudoune rose fluo. Les fans de CANNIBAL CORPSE savent déjà à quoi s’attendre avec ces gentils allumés, mais le parallèle n’est pas gratuit : comme leurs modèles américains de la grande époque, les anglais privilégient l’esprit Noisy potache et paillard, sans pour autant sacrifier la cohésion et la pertinence de leur musique. Et en mélangeant les effluves moisis du CORPSE et la magnificence de BRUTAL TRUTH ou THE KILL, vous obtenez les ingrédients parfaits de ce second long, Gluttony, qui illustre à merveille l’un des sept péchés capitaux de la création. Un appétit féroce de violence, une gourmandise coupable de bestialité, et une fringale de puissance que rien ne vient rassasier.
Ainsi, Derek Carley (chant), Ryan Whittaker (guitare), Lewis Bridges (basse) et Rob Harris (batterie) nous proposent la quintessence d’un Death traditionnel, agrémenté d’une grosse touche de fantaisie Grind. Citant VOMITORY, BLOOD RED THRONE, VADER, DESECRATION, SEVERE TORTURE, LOCK UP, NAPALM DEATH, ou DEATH comme influences incontournable, le quatuor mancunéen balise large le terrain, mais se livre sans retenue sur l’ouverture en uppercut de « Take Your Face For A Shit ». Nous traitant sans détour de faces de fion, les marsouins attaquent fort, mais ont la politesse très anglaise de le faire avec une production au-dessus de tout soupçon. Rarement effort de Death/Grind aura bénéficié d’un son aussi précis et ample, avec une batterie sèche à l’attaque permanente, et une guitare un peu vicieuse, aux riffs sournois. Bien évidemment, le tout est d’un classicisme indéniable, mais l’énergie dont fait preuve le groupe emporte l’adhésion sans avoir à forcer sur les effets. Le chant, grognon, ne dépasse pas les limites de la tolérance, mais le fantastique travail accompli par Rob à la batterie est tout bonnement hallucinant, et le tout avec une optique qui reste analogique. Mélangeant des riffs concentriques et des plaqués plus francs, Ryan détourne l’attention du formalisme, tâte du BM pour mieux imposer la graisse d’un lick vraiment épais, formidablement soutenu évidemment par les hurlements rauques de Dez. Oubliant le monolithisme d’un Death Grind trop prévisible, FŒTAL JUICE joue sur le chaos permanent et ose des structures plus complexes que la moyenne, chaque morceau bénéficiant d’un nombre conséquent de plans.
Et même lorsque les dits morceaux dépassent les quatre minutes, l’ennui est aux abonnés absents. En témoigne la tornade absolue « Venomous Domination », qui une fois encore met en exergue la folie des baguettes de Rob, qui alterne Crust style, blasts, écrasements soudains, fills incessants, jeu de cymbales hystérique, et rares coupures pleines de flair. Effet de surprise donc, comme un typhon tournant autour d’une ferme en balayant la terre battue et les tuiles, emportant dans son passage veaux, vaches et cochons. En quatre ans, le groupe n’a pas perdu de son acuité, et parvient toujours à attirer notre attention par des intros complètement débridées, aux BPM affolés, à l’image du dévastateur « Septic Mollusc ». Parfois totalement lapidaire et sans pitié, souvent monstrueux et impressionnant, le quatuor ose à peu près tout, sans sombrer dans la débauche vulgaire, reste précis dans ses gestes, et démontre tout le pouvoir de la matière sur la manière. « Metamorphosis », en moins de trois minutes résume dix ans de Death/Grind des années 90, tandis que « Trepidation » reste la plus belle trépanation à la chignole depuis « Hammer Smashed Face ». Du travail d’amateurs passionnés, et quelques mouvements plus originaux, comme sur le très punky « Nether Pandemonium » qui groove comme un ours dépeçant une centaine de saumons. Formel, mais totalement débridé, fou, mais raisonnable dans la démence, Gluttony est un acte d’attrition, la reconnaissance du péché d’excès avec sincérité, mais aussi l’admission que le comportement ne changera jamais. On se vautre dans la luxure des décibels engloutis avec jouissance, dans le stupre de la vélocité polie jusqu’à la moelle, et on en redemande, tellement la confession est savoureuse (« Antagonistic Bastard »). On synthétise le tout d’un titre en aveu, rapide comme une fessée dans le confessionnal (« Carnage »), on bouffe jusqu’à en éclater, mais sans roter à table (« Gluttony »), et on termine l’attaque éclair par un au-revoir plus conséquent (« Spirit Leech »).
FŒTAL JUICE, c’est l’embryon qui s’agite à la quatrième semaine et headbangue dans le placenta, déformant le ventre et réclamant un surplus de bouffe. Je conviens que la viande de goret crue et saignante quand on est enceinte est moins séduisante que les fraises, mais avec un monstre pareil dans le four, inutile de penser bio.
Titres de l’album :
01. Take Your Face For A Shit
02. Septic Mollusc
03. Manifestation of Falsity
04. Metamorphosis
05. Venomous Domination
06. Worthless Delusion
07. Trepidation
08. Nether Pandemonium
09. Antagonistic Bastard
10. Carnage
11. Gluttony
12. Spirit Leech
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