Quand Max Cavalera ne fait pas de musique, il fait de la musique. Il pourrait se laver les cheveux, changer de t-shirt ou se raser, mais non, c’est plus fort que lui, il faut qu’il enregistre. Avec des potes, des superstars, sa famille, et entre le dernier KILL OR BE KILLED et le prochain SOULFLY, frappé de plein fouet par l’ennui de la pandémie, le guitariste/chanteur fantôme des coiffeurs et des barbiers s’est entiché d’une nouvelle idée impliquant pour la première fois son propre fils. Igor Amadeus Cavalera, élevé musicalement par son père au gros grain et au son de CELTIC FROST, DISCHARGE et certainement d’autres monstres chaotiques a donc un sacré bagage culturel derrière lui, et il n’est guère étonnant qu’il ait initié ce projet avec son paternel qui justement cherchait une raison de se lever le matin. Max l’a avoué lui-même, le concept GO AHEAD AND DIE l’a sauvé du marasme du confinement et de l’impossibilité de partir en tournée. Pour un musicien aussi prolifique, il est évidemment traumatique de rester chez soi à ruminer le manque de concerts, et grâce à son fils, Max a pu s’en sortir indemne, et évacuer sa colère dans une musique simple, directe, et osons-le terme, « brute ».
D’ailleurs, l’enregistrement n’a pas privilégié les fioritures. Studio Platinum Undergroung avec l’ingénieur du son Charles Elliott, l’aide de John Aquilino qui possède les lieux, mixage par Arthur Rizk (CAVALERA CONSPIRACY, CRO-MAGS, POWER TRIP), pochette signée par Jeff « CARCASS » Walker himself, tout laissait à penser que ce nouveau et violent projet de la Cavalera’s family allait tout casser et nous ramener des années en arrière, ce qui est immanquablement le cas. Enfin partiellement, puisque si la musique est assez jouissive, elle ne réinvente pas grand-chose et se montre assez rapidement linéaire.
C’était vraiment l’intention – faire quelque chose de rapide et de gras, comme EXTREME NOISE TERROR, DISCHARGE et DOOM. Le son et l’image – tout était censé aller ensemble.
C’est Igor qui parle, et son père se permet même de rajouter :
Nous écoutions de vieux morceaux de KREATOR où la batterie est plus imposante et plus rapide que le riff de guitare, et nous nous sommes dit : “Nous devons avoir cette ambiance”. Sur certaines chansons, on a l’impression que Zach [Coleman, batteur] va un peu plus vite, et parfois plus lentement, naturellement. Quand j’écoute l’album, j’ai l’impression qu’il a été fait en 1987, mais avec un message actuel, sur ce que le monde ressent en ce moment.
Si l’enthousiasme du duo père/fils est compréhensible, ne nions pas que ce premier album est plus à prendre comme un plaisir partagé entre deux musiciens du même sang. Entre un KREATOR d’Endless Pain passé dans le camp des ennemis Crust DISCHARGE et ANTI-CIMEX, ou une adaptation des standards Punk de GBH passés au prisme d’un Metal épais et subtilement Thrash, Go Ahead and Die n’a aucune autre prétention que de détendre les nerfs auditifs des plus sauvages d’entre vous, et si les riffs de Max et Igor, leur chant partagé selon les titres, et les textes en prise avec la triste réalité sont efficaces, le tout est quand même sans réelle surprise. Heureusement, le duo a pu compter sur un batteur de taille, Zach Coleman (BLACK CURSE, DOMINION, KHEMMIS, DAGON, ex-VASAELETH, ex-MALIBLIS, AAT) pour dynamiser des structures conventionnelles. Le batteur passe tout en revue et capitalise sur un son de futs tout à fait délicieux et rétro pour nous ramener à la grande époque du Thrash underground et du Punk/Hardcore politisé des années 80.
Ne le nions pas, c’est lui la véritable vedette de cet album, qui d’un autre côté ne fait que prolonger les travaux de Max et Igor au sein de leurs combos officiels respectifs. Si les thèmes musicaux sont aussi sombres qu’un lundi anglais en pleine grève des éboueurs, si le tout n’éclipse certainement pas la noirceur et la violence de NAILBOMB, et si certaines intros sont complètement sous influence (« Punisher » qui reprend le fill de Ventor sur « Pleasure to Kill »), le tout s’ingurgite avec facilité, coule bien en bouche, et laisse une impression de plaisir fugace vers lequel on reviendra de temps en temps. Solide, assez fou pour séduire les rétrogrades de la bestialité froide, et empreint d’une rancœur interne assez dégoulinante (« Truckload Full Of Bodies » a été écrit par Max après avoir vu un reportage sur les victimes italiennes du COVID, chargées dans des camions), Go Ahead and Die se situe plus ou moins aux antipodes de KILL OR BE KILLED et prône la simplicité à outrance, et l’outrance dans la simplicité.
Mais on apprécie cette lourdeur globale, le mariage des raclages de gorges, l’énergie déployée, et finalement, GO AHEAD AND DIE se montre parfois plus probant que CAVALERA CONSPIRACY, et ressemble parfois à une ébauche des albums les plus crus de SOULFLY.
On ne change donc pas une méthode qui marche depuis des années, et il est certain qu’entendre père et fils jouer ensemble pour la première fois à quelque chose d’émouvant. Après tout, nous avons vu Igor grandir dans les colonnes de nos magazines favoris, et l’entendre partager la partition avec son père n’est pas si anodin que ça. Et comme les deux complices ont pris soin de trousser des trucs vraiment méchants (« I.C.E. Cage »), des machins vraiment Punk et vilains (« Toxic Freedom »), des bidules agressifs et véloces (« Worth Less Than Piss »), et un final progressif et éprouvant (« Roadkill »), on leur pardonne leur complaisance ponctuelle.
Récréation amusante, catharsis pour Max, plaisir pour Igor, démonstration de force pour Zach, Go Ahead and Die reste un moyen passéiste très crédible pour fustiger les gouvernements actuels. La seule raison d’être du Punk, du Hardcore et du Metal, lorsque les temps sont orageux.
Titres de l’album:
01. Truckload Full Of Bodies
02. Toxic Freedom
03. I.C.E. Cage
04. Isolated/Desolated
05. Prophet's Prey
06. Punisher
07. El Cuco
08. G.A.A.D.
09. Worth Less Than Piss
10. (In The) Slaughterline
11. Roadkill
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