Au bout d’un moment, il va falloir finir par se calmer. Je suis assez en phase avec l’abandon de styles trop figés, mais de là à jouer une musique qui tergiverse entre trois ou quatre genres…Cette réflexion suite à l’écoute du premier album des suédois de GOATFYRE, qui selon les définitions est censé jouer un Thrash/Crust/Punk, base donc violente pour attitude bravache, comme l’indique cette pochette qui pourrait rendre fiers les MENTORS. Mais évidemment, comme les swedes ne font jamais rien comme tout le monde, ce premier album n’est ni l’un ni l’autre, ni autre chose non plus. En fait, la vérité musicale se situerait sur une convergence sévère entre Hardcore, Thrash primaire et Punk Metal amer. Pas mauvais, mais étrange en bouche.
Alors après, qu’ils souhaitent faire griller un bouc, c’est leur problème. Le mien est de vous vendre un disque qui ne ressemble à rien d’autre, et qui risque de ne satisfaire personne, sauf les allumés de bocal qui n’aime rien tant qu’un Crossover géant aux allures de barbecue du dimanche.
Cet éponyme est donc déstabilisant, pour le moins. D’abord, eu égard à sa production, bizarre et âpre, rude, sans artifices, qui laisse la guitare sonner comme elle le doit lorsque elle est branchée sur un ampli avec des barbelés. Une rythmique active, une basse qu’on discerne plus qu’on ne l’entend, et par-dessus ce boucan d’enfer, une voix, celle d’Åse Fredriksson qui braille comme une féministe à qui on tient la porte avec un sourire narquois et condescendant.
Voici donc la réalité des faits, et autant l’accepter. Car GOATFYRE n’est pas vraiment Thrash mais sait se montrer surpuissant, pas vraiment Hardcore non plus car trop épais, et surement pas Crust, ou alors si peu que ça ne mérite même pas d’être mentionné. Mais le Crust parvient parfois à se tailler une petite place sur le podium du boucan, à l’occasion de « Nothing Left to Kill », brulot sans pitié à suggérer une collaboration entre VENOM et DISCHARGE.
Jimmy Karlsson (basse) et Ruben Åhlander Persson (batterie et claviers), font tout ce qu’ils peuvent pour propulser ces titres biscornus, entre vieux Metal et Punk fané, et rivalisent donc d’imagination dans les tempi pour aborder la NWOBHM, la vague old-school suédoise, et le Thrash américain des années de débauche primale. Le tout est donc loin d’être désagréable, inclassable, entre deux étagères poussiéreuses en mode brocante de l’enfer.
Sur le fond et un peu sur la forme, GOATFYRE fait penser à un ACID passé du mauvais côté du miroir. Un ACID soudainement perméable aux épingles à nourrice et à la contestation made in UK. Moins belge donc, moins sage, moins propre, et délibérément plus bordélique. Et c’est assez plaisant ma foi.
Mais on se demande jusqu’au bout si cet album a sa place dans un webzine purement Metal. Moi, je m’en carre l’oignon, puisque les frontières sont faites pour être piétinées. Mais lorsque les suédois se la jouent Heavy, le tout sonne daté comme conservé dans une cave humide, et exhumé par accident (« Ghoul-I-Beaban »). Vous faites donc ce que vous voulez. Si l’emballage vous sied et que son contenu vous fait prendre votre pied, alors je dis tant mieux. Parce qu’une réelle énergie se dégage de ce machin inclassable, et que son écoute nous éloigne pendant une demi-heure de l’aspect prévisible des sorties du 14 avril.
DETENTE, X-RAY SPECS, CLOSET WITCH, et je pourrais en citer encore une bonne dizaine, histoire de baliser une piste d’atterrissage pas vraiment bien éclairée. Proche des hangars, elle permet quelques erreurs d’assiette, et offre des buissons épais qui peuvent amortir le choc. Un choc créé par la percussion entre le Metal et le Punk, voire le Doom italien des années 80 (« Goat », messe funèbre scandée par la petite-fille d’Anton LaVey), et qui laisse des traces sur le tarmac, pas habitué à ce genre de freinage en catastrophe.
Le choc est donc frontal, et les interrogations demeurent. Qui sont ces jeunes gens ? Comment Hampus Odlöw peut-il jouer de la guitare ET du violon ET de l’accordéon sans que personne ne s’en rende compte ? Autant d’énigmes qui contribuent à faire de ce disque une œuvre culte qu’on se refourguera entre initiés et passionnés, de ceux qui refusent les convenances et la routine.
Underground comme une vilaine démo de PENTAGRAM, insaisissable et violent, Goatfyre vous file entre les pattes et glisse entre vos doigts, de peur d’être étiqueté faussement avec une précision un peu roublarde. Alors, se calmer d’accord, mais pas encore. Sinon, comment pourrons-nous apprécier dans le futur un morceau aussi génial que « Fyre » (cheat mode on : le violon est caché dans cette chanson) ?
Titres de l’album:
01. Riders in Black
02. Watching Them Burn
03. Banshee
04. Jimi Rockson
05. Watcher in the Water
06. Nothing Left to Kill
07. Nuclear Assault
08. Ghoul-I-Beaban
09. Hellsturbator
10. Goat
11. Fyre
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