En Australie, tout est plus grand. Les terrains, les plaines, le soleil, les bestioles, araignées, mouches, et les gueules aussi. Si pendant longtemps le pays a été l’exil préféré des anglais recherchés, il est aujourd’hui devenu une référence de la folie musicale la plus absolue, ce que les locaux d’ENZYME prouvent avec leur nouvel EP, évidemment distribué par un label anglais.
ENZYME, c’est 0 site officiel, 0 Bandcamp, 0 page Facebook. En gros, démerdez-vous pour savoir comment les trouver, autrement qu’en passant par les plateformes non-officielles. Je suis tombé sur eux totalement par hasard, en consultant un de mes fournisseurs préférés, et je n’ai guère regretté cette rencontre. Elle m’a laissé encore plus sourd que je ne l’étais, et perplexe quant au style pratiqué.
Psychedelic / Fuzz / Noisecore / Punk
Voilà tout ce que j’ai à vous proposer, et il va falloir vous démerder avec ça.
En même temps, ça résume assez bien la chose. Huit morceaux tranchés fin, une colère insistante, une démence persistante, pour un Hardcore à tendance Noisy qui fait du bien aux nerfs, tout en les mettant à rude épreuve. Dans une directe filiation de CONFUSE, CHAOS U.K et DISORDER, avec adjonction d’éléments extérieurs pour bien affirmer la singularité, ENZYME provoque, irrite, fait mal, mais permet d’aller plus loin qu’un simple glaviot Punk vite craché.
Entre distorsion ignoble et feedback vicieux, Golden Dystopian Age est dystopique à n’en point douter, mais n’est pas vraiment un âge d’or. Plutôt un âge de bronze du Hardcore, lorsqu’il était joué salement et analogiquement par des musiciens primitifs, et dupliqué sur des cassettes fatiguées.
Comme si MERZBOW découvrait les joies de la cohérence, ou un NAPALM DEATH des débuts Anarcho-Core explorant joyeusement les percussions africaines, ENZYME ne se soucie guère de son appartenance, et fonce droit devant quitte à se payer un mur dans la tronche. Cet EP a plus ou moins le même effet que la découverte d’une mygale géante dans vos toilettes qui fuient, alors que l’électricité fait des siennes et menace de vous laisser dans le noir avec la sale bestiole.
On a les poils qui se hérissent, on imagine des choses atroces et une rencontre physique non désirée avec l’arachnide, et finalement, on préfère claquer la porte et condamner les dites toilettes. Sur fonds d’arrangements sci-fi et de délire seventies, ces australiens uniques nous offrent le EP du mois, sale, bricolé, bordélique et viscéral, provoquant la collision d‘HAWKWIND avec URSUT.
Space-Core ?
L’appellation me plaît, et correspond finalement assez bien à ces huit morceaux qui se ressemblent beaucoup. Un genre de Star Trek délocalisé du côté de Melbourne, avec vaisseau spatial en balsa et voisins qui hurlent leur réprobation. Inutile donc de piocher au hasard pour tomber sur une perle, puisque les perles sont au nombre de huit, et pas du tout cachées à l’intérieur d’une huître.
Difficile de dire si le truc est plus Punk que Hardcore, mais au final, on s’en tape complètement. Le principal est de s’en prendre plein les feuilles, et de délirer intérieurement en rêvassant à un voyage décalé dans l’espace, à la recherche d’une civilisation encore moins avancée que la nôtre.
On peut considérer cet EP comme une catastrophe naturelle ou un phénomène climatique dramatique, mais après tout, quitte à griller, autant le faire dans la joie. ENZYME est donc néfaste pour l’environnement, et sent aussi mauvais que des fumées d’échappement massives qui obscurcissent le ciel et font fuir les animaux.
Ou les exilés anglais qui cherchent toujours à échapper à la justice dans un pays où l’on parle anglais et où on roule à gauche.
Titres de l’album:
01. State Of Fear
02. No Concern
03. Masquerade
04. Breaking Point
05. Golden Dystopian Age
06. Chewing The Fat
07. Abuse Of Power
08. Farce
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