Depuis très longtemps, le Grind a évolué. Composé au départ d’un tapis de blasts sur lequel roulaient des borborygmes incompréhensibles, des riffs indiscernables et une basse sursaturée, le genre a su se réinventer, se transformer pour s’adapter aux exigences des époques, et devenir l’un des sous-genres les plus créatifs de l’extrême. Evidemment, les rois autoproclamés du genre resteront toujours les anglais de NAPALM DEATH, mais entre TOTAL FUCKING DESTRUCTION, NASUM, BIRDFLESH ou FULL OF HELL, la relève est assurée depuis longtemps, et l’arrière-garde à l’abri du besoin.
Retour sur l’actualité et le premier véritable album des américains de THE SAWTOOTH GRIN. Connus dès la fin des années 90 comme un représentant Mathcore tout à fait crédible, le groupe a suivi une trajectoire descendante assez rapidement, au point de disparaître des écrans radar. Ne nous ayant laissé qu’un EP en 2001 (Cuddlemonster) pour tout héritage, il était difficile d’anticiper le résultat d’un comeback, qui aujourd’hui prend la forme d’un album digital autoproduit. Bonne nouvelle ? Evidemment, et bruyante en plus.
THE SAWTOOTH GRIN fait partie de ces ensembles qui ne se contentent pas du prêt-à-porter, et qui se taillent un costume à leur mesure. Ne se limitant pas à la furie d’un Grind classique, le trio mélange les genres, reste sous la coupe d’un Mathcore diabolique et supersonique, et construit ses morceaux comme des crises de colère, un peu à l’image d’un album de DILLINGER passé en soixante-dix-huit tours. Par intermittence.
Chaotique, Oui. Bordélique ? Un peu. Non-sensique ? Non, certainement pas. Même si l‘humour musical affiche ici l’une de ses plus belles grimaces, le propos est premier degré, et le résultat assourdissant. Entre Hardcore teigneux et Grind à faire des envieux, Good, de son affirmation positive nous entraîne encore au-delà des limites du Grind classique, pour provoquer une percussion spectaculaire entre NOMEANSNO et FULL OF HELL.
Acrobaties rythmiques, voix de démon chafouin, batteur tentaculaire aux mouvements incroyablement rapides, et guitare volubile, enchaînant les riffs rouillés et les licks orduriers pour se mettre au diapason. La déflagration est donc gigantesque, et les tympans malmenés, puisque dès « Grand Sultan Summer », l‘intensité est maximale et l’agression phénoménale.
Dans un genre de Mathgrind dissonant et incontrôlable, THE SAWTOOTH GRIN grince des dents la nuit, et irrite le système nerveux, à dessein. Rien n’est tranquille ou stable ici, et le roller-coaster est salé, avec des accélérations démentes et des chutes en mode 3G. Inutile de trop vous accrocher à un thème, puisqu’ils ne durent qu’une poignée de secondes, et finalement, on en vient à rejeter toute étiquette trop restrictive, spécialement celle d’un Grind trop figé pour vraiment correspondre à ces ambitions bruitistes Hardcore.
Solide de bout en bout, parfois méchamment créatif (« Niagara Falls, Frankie Angel »), burlesque et électron-libre (« What's Cremation ? », bonne question), THE SAWTOOTH GRIN joue sur tous les tableaux, pourvu qu’ils ne soient pas exposés dans un musée quelconque.
Sans vouloir affirmer que le groupe de Providence, Rhode Island, est l’un des plus créatifs de sa génération, autant admettre qu’il fait partie des trublions jamais repus d’étrangeté et de colère viscérale. Les charges sont virulentes, acrobatiques, apocalyptiques, à l’image de ce terrifiant « That's Just Swell », entre CANDIRIA, CLOSET WITCH et TOTAL FUCKING DESTUCTION, qui prouve que le trio a plus d’un tour en mesures impaires dans son sac à malice.
Pochette qui accroche l’œil, musique qui écorche et laisse les tympans en deuil, Good est bon, excellent même, et se place sans efforts dans le top 10 des catapultes Grind/Mathcore du mois. On aimerait bien savoir si le format long sied aussi bien à ces musiciens, mais en mode concentré et lapidaire, il offre un visage sorti des enfers pour nous chatouiller la plante des pieds de blasts enflammés et de hurlements de goret.
Quand l’enfer est plein, il finit par déborder.
Titres de l’album :
01. Grand Sultan Summer
02. The Shining Wire
03. Afterlife Kids
04. I Don't Need This
05. Niagara Falls, Frankie Angel
06. Bedtime
07. What's Cremation ?
08. That's Just Swell
09. So Long, Dear Bellows
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30