Je sais qu’il commence à faire chaud, et que l’été s’annonce précoce (quoique…aucune certitude de ce côté…), mais je m’en viens justement vous donner une raison supplémentaire de transpirer, en vous introduisant au monde chaotique et tonitruant d’un ensemble américain. Nous en venant de Corona, Californie, les GOSHEN nous proposent donc en ce mois de juin entièrement dédié aux Dieux du football leur premier EP officiel, bien plus intéressant qu’un vulgaire ballon poussé au fond de filets de pêche. Leur pêche à eux serait d’ailleurs au gros, tant la puissance dégagée par ces six petits morceaux en dit long sur leurs mauvaises intentions. Après une première démo publiée l’année dernière, le quatuor (Kyle/Joe/Jake/Japheth) se jette donc à l’eau saumâtre et ose le moyen-métrage pour les oreilles, avec cette entame éponyme qui va faire autant de secousses que les supporters mexicains après le but marqué par leur équipe nationale. On sait que la Californie, à contrario de l’Oregon, est plutôt portée sur les musiques un peu nuancées et ensoleillées, mais les GOSHEN sont justement là pour faire exception à la règle, avec leur vilain cocktail de Hardcore, de Mathcore, de Noisecore, de Sludgecore, et toute autre ramification extrême susceptible de faire rougir les potards. Et gageons que lorsqu’ils se livrent à leur exercice live préféré, les consoles doivent tressaillir de peur tant leur musique est aussi énervée qu’un tifosi lorsqu’on lui rappelle le destin funeste de ses héros.
Le parallèle étant purement gratuit, et ne disposant que de très peu d’informations à leur sujet, je me bornerai donc à parler de leur musique, qui vaut sacrément le détour. En appliquant le principe des vases communiquants de violence, les californiens versent dans leur crossover de hautes doses de brutalité instrumentale, et se situent d’eux-mêmes à la croisée des chemins Hardcore. Une grosse louche d’UNSANE, une bonne pincée de CONVERGE, un soupçon de NAILS pour épicer le tout, qui se verra secoué à la PRIMITIVE MAN histoire d’alourdir le mélange. Ne reste plus qu’à allumer une petite étincelle pour que le tout explose, et l’impact produit aura peu ou prou le même effet qu’un bidon de nitroglycérine lancé plein gaz sur une locomotive en feu, blindée de dynamite. En à peine douze minutes, le quatuor parvient à atteindre la même intensité et la même créativité que les meilleurs moments de la bande à Kurt Ballou, dont ils se méfient suffisamment pour prendre leurs distances. Beaucoup plus épais, beaucoup plus agressifs, mais tout aussi équilibristes, les GOSHEN avec Goshen ne prônent qu’un concept, celui de la densité instrumentale, soulignée d’une production que le sieur Brad Boatright aurait pu peaufiner aux Audiosiege en termes de mixage. Le produit a pourtant été élaboré par Erol "Rollie" Ulug aux Bright Light Studios, mais autant dire que le bonhomme a autant de talent que la paire Ballou/Boatright pour offrir à ses poulains la dimension qui leur est due.
Six morceaux donc, qui se proposent de revisiter le Hardcore moderne en se basant sur ses influences classiques, et outre les références déjà citées, il est possible d’y ajouter d’autres mentions, dont celle des NEUROSIS pour cette lourdeur suffocante prenant à revers, ou les CANDIRIA pour cette utilisation du feedback intempestive (« G.A.B », qui ronfle soudain d’une gigantesque basse presque Grind). D’ailleurs, en parlant de fulgurances Grind, les californiens ont dû retenir la leçon des immanquables FULL OF HELL, leçon qu’ils appliquent avec une célérité digne des DILLINGER ESCAPE PLAN, en truffant leurs compositions de changements de rythme, de hurlements soudains, et de brusques cabrioles sèches et nettes. Pas le temps donc de s’ennuyer, à cause du timing évidemment, mais aussi à cause de la somme de propositions que la bande nous soumet, et si l’ensemble est cohérent en tant que tel, chaque segment à sa propre raison d’être, et peut être extrait sans craindre de perdre la logique en route. Le propos est distillé en tranches pas vraiment homogènes, allant de la poignée de secondes savoureuses (« Saboteur », si les UNSANE copiaient sur le voisin BRUTAL TRUTH, tout le monde aurait la moyenne, « Terminal », trente-cinq secondes et pas plus de bordel Noisy Grind sans pitié pour les oreilles) aux trois minutes de douleur concentrée, mais appuyée par un riff redondant et discordant, et par une basse suffocante (« Cave », assez probant dans sa façon de n’exhiber que les aspects les plus repoussants du Hardcore, sans perdre le fil de son caractère groovy et radical). Ajoutez à ceci de l’entre-deux (« Man of Grace », deux minutes de Math/Noise/Chaotic/Sludge, soit toute l’animosité résumée en quelques nuages de fumée) et un final pesant et hurlant (« Cities », inutile de finir le sirop, les cordes vocales fonderaient aussitôt), et vous obtenez un EP hautement recommandable, qui ne joue aucun tour pendable.
J’exige immédiatement un LP pour confirmer tout le bien que je commence à penser de cette horde de barbares, mais en attendant ce jour béni, suez à grosses gouttes en vous agitant au rythme de dément de ce Goshen. Ça vous fera toujours ça de sport à faire en moins.
Titres de l'album:
1.G.A.B.
2.Saboteur
3.Cave
4.Man of Gauze
5.Terminal
6.Cities
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