Provence-Alpes-Côte d'Azur, ça pose un décor, immédiatement. Le soleil, les criques, Marseille, la Méditerranée, cet accent chantant et ces paysages magnifiques. L’Italie pas loin, Saint-Tropez et Cannes, de quoi réveiller quelques souvenirs de voyage, et des dialogues de film que tout le monde connaît. Un coin constamment ensoleillé, vivant au rythme du chant des cigales, mais qui parfois adopte le mode de vie trépidant des grandes villes qui la nuit, explosent au son d’éclats de voix tonitruants, de moteurs de bagnole montant dangereusement dans les tours, et autres confessions nocturnes à l’abri des regards.
Car sous le ciel bleu se cachent parfois des secrets inavouables et des âmes aussi noires qu’une cheminée de prison qui n’a pas été ramonée depuis des décennies.
Les DIRTY BLACK SUMMER s’y connaissent en noirceur, malgré leurs origines sudistes. Leur musique, maladroitement classifiée « Blackened 90’s Rock » est un concentré d’amertume nineties, avec des allusions plus que poussées aux déprimés du genre. ALICE IN CHAINS, une vieille page d’un journal de PEARL JAM, des références poussées à MILK et une main tendue vers les collègues de 7WEEKS, pour un premier album en coup de maître, entre dépression larvée et mal-être insistant que rien ne vient apaiser.
Le groupe, fondé par JB Le Bail (SVART CROWN) se revendique de cette attitude de rejet permanent des valeurs 80’s, popularisée par l’underground de Seattle et ses environs entre la fin des eighties et la moitié des années 90. On retrouve dans l’œuvre proposée par les sudistes cette nonchalance tenant plus de la résignation que de la cool attitude, mais surtout, cette puissance des laissés pour compte qui payaient le prix d’un capitalisme galopant. Des cités oubliées, des pâtés de maison décatis, et des chemises trop grandes, avec en bandoulière une guitare bon marché et des refrains torturés plein la tête.
Outre JB, Cyril à la guitare, Alex à la basse, Michael au chant et Tom à la batterie donnent tout ce qu’ils ont pour proposer un Rock abrasif, débarrassé de toute ornementation inutile, viscéral, et nostalgique, juste ce qu’il faut. Evidemment, la recette Post-Grunge est déjà connue des cuistots Punk d’une ère qui finalement n’est pas si révolue que ça, mais la foi insufflée dans ce projet rend ce premier album indispensable, puisque la sincérité reste le guide unique d’une inspiration balisée.
La pesanteur couplée à une forme d’oppression harmonique doit beaucoup à l’enregistrement de Rémi Mayot et Jimbo Goncalves. Mais aussi énormément au mixage et au mastering du maître Francis Caste et son légendaire studio Sainte Marthe. Mais aussi sans hésiter à Jerry Cantrell et Layne Staley. Eddie Vedder. Andrew Wood. D’ailleurs, en écoutant « Black Pills & Death Mask », on en peut s’empêcher de siffloter « World Wide Suicide » de PEARL JAM, oncle pas si éloigné en termes d’inspiration, sans que la copie ne soit trop flagrante. D’ailleurs, le tout est allégé de ce Rock plus euphorique porté par Dave Grohl, et supporté par les STONE TEMPLE PILOTS, le Saint Graal de cette génération perdue, bien avant que les enfants de la Gen Z ne pensent être les seuls à pouvoir sauver le monde. Sans savoir si ce monde souhaite être sauvé d’ailleurs.
Cela fait près d’un an maintenant que nous gardons cet album pour nous, attendant patiemment le meilleur moment pour le partager. Il porte en lui toute la tristesse, la luxure, la colère, la douleur, l’anxiété mais aussi la beauté accumulée au cours de ces deux dernières années. Nous avons eu la chance de pouvoir collaborer avec le talentueux Marald van Haasteren (KVELERTAK, CONVERGE, CULT OF LUNA, DOOL) qui a réussi à donner vie à notre vision à travers cette œuvre d’art remplie de détails, références et symboliques.
Il est certain que l’œuvre ornant l’album donne matière à réfléchir, et à s’extasier. Ces personnages décharnés imbriqués comme sur une fresque blasphématoire, avec en personnage central cette figure féminine déifiée portant en sa main cette fameuse pomme qu’Eve a donnée à Adam choque le regard, et fascine la réflexion. Le péché originel, l’abrutissement des masses par de fausses idoles (télévision, smartphones, idéologies douteuses…), un enterrement collectif de milliers de sacrifiés de la génération toxique environnementale, on peut dessiner à peu près tout ce qu’on souhaite, du moment que ça colle avec cette musique un peu fatiguée, mais porteuse d’une certaine colère. Une colère qui se traduit dans des riffs surpuissants, qui collent au mur, dans une distorsion aussi grasse que le ventre des MELVINS, dans une rythmique lente et processionnelle à la Billy Corgan en fin de journée.
Mais peu importent les références, DIRTY BLACK SUMMER impose avec Gospel Of Your Sins un Evangile des péchés, selon les vôtres, les nôtres, les leurs. Des péchés qui assumés ne perdent pas de leur gravité, et qui nous emmènent pas si loin que ça dans le temps, à la charnière de deux époques contradictoires. Alors qu’on glissait encore sur le toboggan de la prospérité, la récession nous attendait au bas de ses dents ensanglantées. Terreau fertile pour les introspections, ce que propose peu ou prou ce premier album au son miraculeux, et le quintet de ne pas se poser de questions inutiles pour ne pas trouver de réponses qui ne veulent pas dire grand-chose.
Et tout est là. Les pauses, les silences, les fièvres, les absences. « At The Devil’s Night » qui explose de rage, « Belladonna », tendu et cathartique, « Last Confession », aveu tardif entre arpèges nocifs et évasion sans point de retour.
Mais…
DIRTY BLACK SUMMER se serait mis en hiatus. Sa page Facebook publie ce communiqué :
Pour des raisons internes et personnelles au groupe, nous avons pris la décision de mettre DIRTY BLACK SUMMER dans un hiatus indéterminé. Nous avons actuellement besoin de temps pour réfléchir à l'avenir du projet sous sa forme actuelle. C'est pour cela que nous sommes au regret de vous annoncer l'annulation des dates de la semaine prochaine. Nous remercions toutes les personnes qui ont soutenu le projet durant ces trois années.
WTF ????
Titres de l’album:
01. All Saints
02. Love Funeral
03. Black Pills & Death Mask
04. Toxic Boy
05. At The Devil’s Night
06. Gospel Of Your Sins
07. Spit On My Grave
08. Belladonna
09. Nothingness
10. Last Confession
Album dans la continuité du très chouette long EP sorti il y a deux ans si je ne m'abuse ! Toujours un petit grigris mélancolique pour réhausser d'excellent morceaux Rock/Grunge. Vu en première partie de Dool en 2022, Dirty Black Summer est en plus un très bon groupe de scène ! La nouvelle de ce hiatus est incompréhensible et vraiment décevante... J'imagine un gros clash entre les membres du groupe. Quel dommage !
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09