En un seul titre, les suédois de GRAND ont relevé une triple gageure :
Dieu sait pourtant que nous devenons de plus en plus exigeant avec le Hard-Rock venu de Suède, les standards de qualité ayant crevé le plafond des attentes depuis longtemps. Ce qui en dit long sur la qualité de ce premier né, qui laisse augurer d’une carrière flamboyante.
Frontiers a donc toutes les raisons de se montrer satisfait de cette nouvelle signature, qui s’inscrit parfaitement dans sa logique de création artistique rétrograde, loin des supergroupes de circonstance créés pour amuser la galerie et appâter le chaland. Formé en 2020 au sud de Stockholm, GRAND est plus ou moins le rêve devenu réalité de Mattias Olofsson, qui courrait depuis des années après son fantasme de groupe AOR original, dont il serait le héros. Très patient, puisqu’il a passé vingt ans à composer et chanter, Mattias a fini par rencontrer les partenaires parfaits il y a deux ans, à savoir le guitariste et producteur Jakob Svensson (WIGELIUS) et le batteur Anton Martinez Matz. Et une fois réunis, ces trois-là ont donné corps à cette vision d’une musique intemporelle, tout aussi ancrée dans le passé que regardant vers l’avenir. GRAND était né, et n’allait pas se contenter de petites victoires.
Power-Trio plein de finesse et sincère comme un premier baiser, GRAND incarne peu ou prou l’Amérique de JOURNEY délocalisée dans le grand froid d’une Suède dominante. Mais évidemment, JOURNEY n’est pas la seule influence du trio, qui revendique ses admirations de façon directe via sa musique, et on pense en écoutant ce premier album aux HAYWIRE, MEN AT WORK, ECLIPSE, TRIUMPH et plus généralement à la crème d’un Rock mélodique poli aux entournures, de celui qui mettait le Billboard à genoux dans les années 80. Mais la production de l’objet en question, résolument moderne, empêche le projet de sombrer dans la reproduction nostalgique bête et méchante, et propose plutôt le meilleur des deux mondes à quelques décennies d’écart.
Cette nouvelle salve de sorties proposée par le label italien commence donc sous les meilleurs auspices. Et une fois « Caroline » évaporée dans les airs, on prend conscience de la perfection d’un disque qui résume deux décennies d’attente de la part d’un artiste complétement dévoué à son art, s’y consacrant corps et âme pour trouver les mélodies les plus touchantes et les harmonies les plus séduisantes. Un peu à la manière d’un CHICAGO moderne se souvenant des recettes MOR des années 80, GRAND représente la quintessence de l’art suédois de mimétisme, avec ce petit plus de personnalité qui fait la différence.
Une fois compris le principe simple de cet album éponyme, l’auditeur n’a plus qu’à se laisser bercer par ces chansons parfois nerveuses, souvent soyeuses, et par cette voix incroyablement fluide et douce en tympans, qui survole des parties de guitare impeccables et des chœurs en joie de vivre absolue. L’alchimie entre les trois membres est palpable, et on pourrait presque les voir sourire en fermant les yeux. Entre mid tempo souple et up tempo nerveux, entre Jami Jamison et W.E.T, GRAND est un fantasme de fan d’AOR impeccable qui ne rechigne pas à se durcir d’un Hard-Rock commercial, mais intègre.
Il est, comme d’habitude, très difficile de parler d’un disque qui se ressent. Mais entre les allusions Glam de l’entêtant « Make It Grand », hymne imparable à la SLAUGHTER, les accointances Classic Rock en forme de générique de soap de « The Price We Pay », la puissance cool de « Johnny On The Spot », et la tendresse synthétique mais énergique de « Those Were The Days », GRAND affiche une confiance absolue, et se permet un sans-faute sur une grosse moitié d’album. Mais en fait, cette conclusion est tronquée, puisque tout l’album est de qualité égale, soit le meilleur de ce que le Suède peut proposer dans le style, affirmation qui en dit long sur le pouvoir d’addiction de ce premier long.
On reste pantois face à la perfection des refrains, on se pâme en tombant sur des couplets smooth et léchés, et on accepte finalement de n’avoir rien à reprocher à un groupe qui va rapidement devenir une référence dans son créneau.
Beaucoup plus frais et attachant que bien des sorties Frontiers trop formatées pour plaire, GRAND est une oasis de plaisir dans un désert d’imagination. Composé avec le cœur, joué avec les tripes et la sincérité, débordant d’amour pour un Rock mélodique évitant facilement la niaiserie, Grand est le genre de petit miracle que le label italien nous sort de son chapeau de temps à autres, un miracle capable de nous galvaniser d’un bouncy « Too Late », sorte de croisement entre HALL & OATES et JOURNEY, ou de nous la jouer cajoleur sur « After We’ve Said Goodbye ».
La force de cet album, au-delà de toutes les qualités déjà soulignées, est de ne pas nous engluer dans le sentimentalisme en abusant de ballades lacrymales. Au contraire, GRAND durcit parfois le ton pour planter ses deux pieds en terre Hard-Rock agressif (« Ready When You Are »), ne s’autorisant qu’un seul moment de romantisme en fin de parcours, lorsque la nuit cède la place à la lumière du jour (« Anything For You »).
Et je terminerai cette chronique de la façon la plus roublarde et facile qui soit. GRAND est grand, et va devenir immense.
Titres de l’album :
01. Caroline
02. Stone Cold
03. Make It Grand
04. The Price We Pay
05. Johnny On The Spot
06. Those Were The Days
07. Once In A Blue Moon
08. Too Late
09. After We’ve Said Goodbye
10. Ready When You Are
11. Anything For You
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