Aujourd’hui, c’est la fête nationale. Le 14 juillet.
Oh, la belle rouge ! Oh la belle bleue ! Ça commence à quelle heure ce truc ? Papa, je peux avoir un collier qui brille dans le noir ? Où est ce putain de clebs ? Les merguez, c’est combien ? Même à onze heures, il fait encore chaud ! T’as vu, y’a Sophie, elle a grossi non ? Tu vas voir qu’on va encore mettre trois plombes à sortir de ce champ pourri. Y’a beaucoup d’anglais cette année, non ? Hé, t’as pas deux sacs que je m’achète une bière...(options possibles : Quelqu’un a pété non ? L’année dernière le final était quand même mieux. Vous pouvez pas tenir vos gosses, ils ont encore craché sur ma femme !)
STOP !
Car si vous voulez un vrai feu d’artifices sans avoir à bouger de chez vous et affronter les prolos en goguette qui font la fête pour oublier que leur vie n’en est pas une, j’ai la solution idéale, d’autant qu’elle sort des frigos de Suède, pays digne s’il en est. Oui, le nouvel album des funksters/rock n’rollers ELECTRIC BOYS sera bientôt disponible, et son écoute remplace bien des manifestations populaires de fausse liesse mais véritable ennui.
Certes, les retrouvailles avec Connie Bloom et sa bande de bras cassés sont moins régulières que ce rassemblement de masse qui tasse dans un minimum d’espace un maximum de réflexions crasses et d’inflexions salaces. Depuis 2021, nous attendions le retour des enfants prodigues, et notre attente est enfin comblée par la démence de ce Grand Explosivos à la pochette aguicheuse et au contenu ne l’étant pas moins. Et alors que le précédent, Ups!de Down, né de la pandémie était beaucoup plus sombre au niveau des thèmes et même de l’instrumental, Grand Explosivos se veut son opposé total, prônant un retour aux fondamentaux de Fusion entre Rock débridé, Funk allégé, Pop malmenée et Alternatif bichonné.
So.
Connie (guitare/chant), Andy (basse), « Slim » Martin (guitare) et Jolle (batterie) se sont donc réunis de nouveau pour nous évader de ce cauchemar ambulant qu’est devenue l’existence, entre émeutes, mouvements sociaux, élites régaliennes déconnectées, réchauffement climatique et autre source de soucis dont on se passe aisément, au moins le temps d’un album. Et cet album justement, n’est qu’exubérance, folie douce, envie qui pousse et refrains à chanter à tue-tête dans les rues, ou dans les couloirs d’un bureau trop guindé.
Connie et les siens ont repris la formule qui tape dans le mille, avec ce métissage grandeur nature, marque déposée depuis la fin des années 80 et qui avait fait le succès de disques aussi lumineux que Funk-o-Metal Carpet Ride et Groovus Maximus. Encore verts, les musiciens continuent donc de s’éclater en nous procurant du bon temps, signant par la même occasion une nouvelle palanquée de hits de concert, qu’on reprendra en s’époumonant dans le public. Ce public fidèle qui n’a jamais lâché la bande, et à juste titre : elle est certainement la plus attachante de la scène suédoise, loin de la contrefaçon eighties habile et du travestissement AOR plus ou moins utile.
En une grosse dizaine de titres, le quatuor nie les effets du vieillissement, et revient plus jeune que jamais. Si les photos trahissent les rides, les colorations capillaires, les attitudes un peu rouillées et les postures plus vraiment chatouillées, la musique, elle, évite toute usure pour sonner fraiche, immédiate, jouissive, et plus efficace qu’un featuring d’Antoine Daniel dans une vidéo du Palmashow.
Pondre après plus de trente ans de carrière un machin aussi déhanché que « Cozmic Jagger » exige une forme olympique et une foi sans failles en un Funk/Metal/Rock de première bourre, comme si l’heure du premier album avançait à grands pas. Sauf que ce premier album est derrière nous depuis un sacré bail, et que le groupe n’a jamais relâché la pression depuis, si ce n’est pour un break salvateur qui a permis de régénérer les batteries. Et branchés sur le triphasé, les swedes se montrent plus en forme que jamais, le muscle saillant, et le regard torve complice.
« When Life Treats You Funky », entame diabolique en fade-in est la poignée de main la plus sincère et ferme du monde moderne. Effets, wah-wah, riffs élastiques, rythmique souple, quelque part entre EXTREME, PARLIAMENT, FISHBONE et les MOTHERS FINEST, on danse en transe dans un élan de joie et d’exubérance. La facilité avec laquelle ces animaux pondent des hits est toujours aussi incroyable, et alors qu’on pourrait excuser une perte de forme et une recherche de protection dans le giron du Rock généraliste (oui les RED HOT, on parle de vous), les ELECTRIC BOYS s’exposent toujours plus, oubliant leur date de naissance et les exigences d’une industrie qui préfère le formaté facile à l’épileptique incontrôlable.
« Better Safe Than Sober » oublie d’attacher la ceinture avant de démarrer comme un dragster, avant que « I’ve Got A Feelin’ » ne profite du paysage les vitres ouvertes, clope au bec et chapeau vissé sur le calot. C’est du pur jus, de l’entraînant, du grisant, de l’alcoolisé riffé, et certainement le meilleur album dans un créneau difficile que vous pourrez écouter d’ici la fin de l’année.
Pas une seule baisse de régime, aucune ampoule clignotante, aucun convive surpris en train de bailler, Grand Explosivos est une piñata remplie de dynamite qui explose à la tronche des sales gosses, une belle brune au teint mat qui vous regarde de loin avant de vous attirer dans ses filets de pêche au crétin trop naïf. Les courbes sont généreuses, le regard clair à la suédoise, la sensualité en bandoulière et exit les œillères, vous voilà prisonnier de son charme létal qui vous torturera de plaisir jusqu’au bout de la nuit.
Celle vécue par les BOYS est charnue, musclée, festive et collective. Une fête funky but not chic, où chacun est le bienvenu. Les cadres sup’, les smicards, les paumés, les loubards, les mères de famille, les quinquagénaires, les enfants pas sages et les téméraires. Une équipe chamarrée pour une célébration méritée : celle d’un Rock totalement décomplexé, explosif, qui décroche les hanches artificielles et fait tomber les dentiers. C’est quand même autre chose qu’un vulgaire pétard de 14 juillet.
Titres de l’album:
01. When Life Treats You Funky
02. Better Safe Than Sober
03. I’ve Got A Feelin’
04. And The Band Played On (Part 1)
05. Domestic Blitz
06. Karma’s Gonna Get You
07. Missed Her By A Minute
08. Learjet
09. Cozmic Jagger
10. The Great Believer
11. And The Band Played On (Part 2)
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
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Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
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Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38
Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
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