Attention : grand moment. Au hasard des pérégrinations sur la toile, on tombe parfois sur un OVNI volant à basse altitude, que l’on peut observer de près, sans vraiment savoir d’où il vient ni comment il fonctionne. Celui piloté par les américains de VEXING fait partie de ces évènements rares que l’on ne constate qu’une fois dans une année, et qui donne envie de se pencher sur les mystères de l’univers et le pourquoi du comment du chaos qui nous gouverne.
Fondé en 2017 à Denver, Colorado, le power-trio VEXING fait partie de ces groupes inclassables qui s’amusent beaucoup à éviter les obstacles d’une catégorisation trop facile, en mélangeant les sous-genres pour créer le leur. Annoncé par une première démo éponyme puis un EP en 2020, le projet a ensuite patiemment étudié ses options avant de se lancer en longue-durée, histoire de ne pas ruiner les espoirs placés. Et le résultat, aujourd’hui disponible en digital sur le Bandcamp du groupe fait aussi froid dans le dos qu’il ne donne chaud au cœur.
Tranquillement, on pose les bases et on examine les options. Celles imposées par les sites et autres observateurs, qui parlent de Noise, de Sludge, et celles proposées par le groupe, entre Sludge Progressif et Doom Noise relatif. Entre les deux, mes noix balancent, certaines de s’en prendre un bon coup avant de pouvoir se rétracter. Et si l’appellation Noisy Progressive Sludge pourra faire rire les amateurs d‘étiquettes grotesques et tirées par les cheveux, il n’en reste pas moins que l’appellation se rapproche le plus de cette musique sourde, blafarde, aux options étirées et aux ambitions immondes.
En quarante-six minutes règlementaires, Grand Reproach reproche à la concurrence de se laisser aller à la facilité d’un Sludge prévisible jusqu’au bout du la grave. VEXING refuse le court-circuit et autres raccourcis de fortune, et développe son art jusqu’à l’outrance, et jusqu’à l’agonie des sens. Focalisé sur une guitare discordante et une rythmique polyvalente, le trio (Clayton Whitelaw - basse/chant, Garrett Jones - guitare/chant et Jeff Malpezzi - batterie) qui se revendique « Denver Metal » n’est certainement pas le trublion le plus désaxé de l’underground américain, mais fait partie d’une caste isolée qui ne s’autorise que quelques convenances pour mieux les exploser d’un coup de rein.
Entre PRIMITIVE MAN, NAILS, THOU et j’en passe des plus timbrés, VEXING se rapprocherait même d’une version encore plus maladive d’UNSANE collaborant avec les FULL OF HELL pour un split majestueux et odorant. Oui, ça pue, et pas qu’un peu, mais cette odeur persistante est celle des égouts de Denver, qui charrient leur lot d’excréments et autres illusions terrestres en terreau infertile.
Après eux, rien ne pousse. Sorte de DDT musical qui allume les poumons et éclate les neurones, Grand Reproach suggère que la scène Hardcore Metal inventive de Denver et NYC n’est pas morte, mais agonisant sous le soleil implacable des attaques déviantes de Detroit ou Portland. D’ailleurs, ces zigues pourraient venir de Portland, la ville des désaxés et des serial-killers bruitistes. VEXING partage avec la scène locale cette capacité de distorsion des sens et d’agacement des tympans, en ayant systématiquement recours à des breaks dissonants à rendre barges les VIRUS et autres SHINING.
Formidablement bien agencé, et proposant une progression intelligente et oppressante, ce premier album a la maturité des œuvres publiées après des années de carrière, et le culot de celles qui touchent à tout, Death, Black, Sludge, Noise, Indus, Hardcore, et tutti quanti. Mais loin d’un bordel digestif avalé de bonne heure, Grand Reproach est un banquet aux plats avariés, qui agressent le palais avant d’endommager irréversiblement le foie. Et même si le trio nous réserve une césure à l’hémistiche avec l’Ambient de « Howling », il convient d’y voir le sadisme de la crème poivrée, et non la délicatesse du trou normand rafraichissant. Car la reprise de « Blunderbuss », en plein tourment Death/Sludge infernal, revient nous titiller la glotte avec ses gros morceaux, histoire de remonter l’estomac au niveau des lèvres.
Inutile de se voiler la face, tout ceci est d’une laideur extrême. Mais pas celle forcée par un maquillage inspiré, non, la vraie, celle que l’on découvre en mode consanguin dans une campagne isolée ou la seule règle est celle du malheur et de la violence.
Ce genre de petit chemin que l’on arpente en pensant découvrir une petite crique, et qui finalement nous entraîne sur le parvis d’une vieille demeure décatie, quelque part au-delà de Denver, renfermant des secrets inavouables sur plusieurs générations.
Mort à crédit, ce premier long accumule les intérêts, et vous surendette en mode achat compulsif de calmants et autres antidépresseurs. « Small Black Flame », traumatisé par le psychédélisme en vogue dans les années 70, traîne sa misère onirique tout au long de ses neuf longues minutes, qui finalement prennent fin dans le chaos innommable du monstrueux « Red Skies ».
Ce dimanche a beau être ensoleillé par ici, une odeur empêche de vraiment apprécier ce début d’été précoce. Comme une charogne oubliée dans un buisson d’orties, VEXING exhale la pestilence, et charrie son lot de mouches à miel. Mais sincèrement, Grand Reproach vaut largement la peine de risquer ses cinq sens tant il se veut virus létal à diffusion progressive.
Et en fin de compte, tout le monde crève. Alors…
Titres de l’album:
01. The Mold
02. Vanquishing Light
03. Invisible Hand
04. Shallow Breath
05. Howling
06. Blunderbuss
07. Small Black Flame
08. Red Skies
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