Faisons face à un fait. Nous, les quinquas ou presque ou plus, nous sommes des vieux cons, enfin pour la plupart. Nous ne pouvons pas nous empêcher de comparer les nouveaux groupes à ceux ayant fait notre éducation et dépucelé nos oreilles. Combien de fois l’un d’entre nous a prononcé une phrase sentencieuse du type, « ouais, mais ça vaut pas SLAYER », ou « à côté de MAIDEN, c’est de la merde ». C’est quelque part teinté de vérité, mais aussi, méchamment de mauvaise foi. Et malgré ma tâche de chroniqueur devant traiter de nouvelles sorties chaque jour, je ne peux m’empêcher de faire des comparaisons systématiques avec les albums ayant marqué mon adolescence. Alors oui, nous sommes de vieux cons, mais le plus drôle, c’est que nous l’assumons et que nous en sommes fiers. Après tout, échangerait-on un KREATOR de 88 contre un SUICIDE SILENCE ? Non, et pour de bonnes raisons. L’avantage, est que nous sommes conscients de cette situation, et que nous n’essayons pas de travestir la vérité. Mais a-t-elle vraiment besoin de l’être ? C’est la question qu’a dû se poser Brian POSEHN au moment de concevoir cet album qu’il a réalisé avec l’aide musicale de pointures du créneau et d’oser sortir son premier album de musique en compagnie de héros de notre enfance. La culture du comedy album n’est pas répandue en France, mais reste une véritable institution aux Etats-Unis, et Brian a profité de cette tradition pour casser un peu les codes et proposer un véritable LP de Comedy Metal, et l’un des plus fameux en soi. Cet acteur et performer est largement connu en Amérique pour ses rôles et implications dans Mission Hill et The Big Bang Theory, le Devil’s Rejects de Rob Zombie, les comics Deadpool et ses doublages pour des dessins-animés comme Scooby-Doo! Abracadabra-Doo ou Captain Underpants: The First Epic Movie et a donc décidé un jour de se pencher sur le cas du Heavy Metal, et le regard passéiste qu’il pouvait avoir sur lui. C’est ainsi qu’est né le projet POSEHN, projet qui nécessitait évidemment l’implication de véritables musiciens capables de composer des chansons, histoire de ne pas faire sombrer le concept dans la pantalonnade uniquement appréciable des anglophones. Et si nos amis d’outre Atlantique seront les plus à mêmes d’apprécier la blague, rien ne nous empêche nous, francophones de nous délecter de cette musique incroyable signée la plupart du temps de deux plumes confirmées.
Nous retrouvons donc Brian aux textes, évidemment, mais surtout Scott Ian d’ANTHRAX et Joe Trohman de FALL OUT BOY et THE DAMNED THINGS à la composition. Avec une team pareille, il ne fallait pas s’attendre à une blague de potache fonctionnant au premier degré et pendant quelques minutes, mais bien à un véritable album, drôle mais solide, facétieux mais créatif. Et c’est exactement ce que Grandpa Metal est, avec son titre né d’une constatation sans appel. La prise de conscience que j’évoquais dans le premier paragraphe de cette chronique, à l’origine appliquée par Brian au sujet de Scott Ian. En réalisant que le trépidant guitariste était incapable d’aimer de nouveaux groupes et que sa culture Metal moderne s’arrêtait à RUFUSED, le comique américain s’en est donné à cœur joie, et a pondu le texte du morceau éponyme, véritable plaidoyer pour les grabataires en tout genre qui réfutent les théories d’évolution et les groupes ayant émergé après les années 90/2000. Bien sûr, il fallait à Brian des acolytes de luxe pour transformer ce premier essai en fête globale, et l’homme n’a pas hésité à recruter, même pour quelques instants, le gratin du Metal mondial. C’est ainsi que se sont retrouvés embringués dans l’affaire Brendon Small (DETHKLOK), Corey Taylor (SLIPKNOT), Michael Starr (STEEL PANTHER), Johan Hegg (AMON AMARTH), Gary Holt (SLAYER), Kim Thayil (SOUNDGARDEN), et une grosse poignée d’autres, ravis de participer à cette entreprise de dérision globale prise complètement au sérieux. Et en mettant de côté les quelques interludes en private joke de Brain, nous tenons donc là un album solide qui se situe de facto entre d’autres œuvres référentielles de cette approche mi- comique mi musicale. Dans les faits, il est facile de situer ce disque entre deux autres qui ont marqué l’histoire drôle à des degrés divers. Je pense évidemment à l’imputrescible Speak English or Die de S.O.D, mais aussi au fabuleux Panzer Surprise! de nos ULTRA VOMIT, pour cette capacité à souligner les boutades d’un instrumental versatile mais solide, et surtout, adoptant les tics les plus symptomatiques des genres abordés. Comme vous l’aurez compris, POSEHN avec Grandpa Metal a évité tous les pièges faciles des albums censés faire rire autant que headbanguer, même si sa musique à parfois des allures de NANOWAR, mais uniquement dans les moments les plus faciles.
On trouve donc de tout sur cet album, et surtout un survol de la production Metal des années 80 à nos jours, en restant entre certaines balises. Les deux hits de l’album, et révélés en avant-première sont évidemment le title-track, avec sa gentille charge contre Ian et ses goûts rétrogrades, mais surtout la reprise des nordiques a-HA, et ce « Take on Me » réadapté avec une kyrielle de stars. On retrouve donc au casting de ce morceau la bagatelle de trois noms du Thrash boom US des années 80, EXODUS, TESTAMENT et DEATH ANGEL, et Chuck Billy, Steve “Zetro” Souza et Rob Cavestany au chant et à la guitare, ce qui a le don de transformer cette appropriation en fête du Thrash de la Bay Area. Ian et Trohman se sont donc déchirés pour proposer des instrumentaux à la hauteur des ambitions de Brian, et le résultat est souvent bluffant. Ainsi, le terrifiant « 1/4 Viking 3/4 Pussy » adopte évidemment des contours Viking Metal, tandis que l’épileptique « Goblin Love » rappelle le meilleur de la scène Néo teintée de Thrash virulent et de Hardcore mordant. Les chœurs, toujours en place et pertinents ajoutent une plus-value cinématographique à l’ensemble, et ne boudons pas notre plaisir de retrouver sur le même morceau Scott Ian et Gary Holt, les superhéros du Big4 nous en donner pour notre argent sur fond de Thrash à la ANTHRAX/EXODUS (« Satan Is Kind of a Dick »). Mais si la nostalgie est évidemment le concept principal de ce projet, le modernisme et l’aspect catchy du Metal contemporain n’en ont pas pour autant été mis de côté, bien au contraire. C’est ainsi que vous pourrez taper du pied et faire l’hélicoptère sur un brulot incendiaire comme « Big Fat Rock », voire même déhancher votre vieux corps sur les nappes synthétiques du décidément très amusant « New Music Sucks », qui se plaît beaucoup à titiller la corde de saturation sensible des hard-rockeurs avec son approche très Pop. Dans le registre des reprises, la bande se fait aussi plaisir avec la cover du « The Fox, What The Fox Say » d’YLVIS (duo humoristique norvégien fondé en 2000), transformé en charge Nu-Metal du plus bel effet.
Les plus perméables à la langue anglaise se réjouiront du coup de téléphone hilarant passé à Weird Al Yankovic par Brian POSEHN (« My Phone Call with Weird Al »), et globalement, tout le monde trouvera son compte à l’écoute de Grandpa Metal, qui en se moquant gentiment des vieux passéistes incapables d’apprécier leur époque à sa juste valeur, réussit la gageure de réunir les générations autour d’une passion commune. Et si c’était forcément mieux avant, c’est quand même pas mal maintenant.
Titres de l’album :
01. Intro to Satan (Written by Brian Posehn; organ by Jacob Bunton)
02. Satan Is Kind of a Dick (Lyrics: Brian Posehn, Music: Scott Ian; solo: Gary Holt)
03. Scary Nightmare (Written by Brian Posehn)
04. 1/4 Viking 3/4 Pussy (Lyrics: Posehn, music: Ian, Donais; Solo: Alex Skolnick; guest vocals: Johan Hegg)
05. Big Fat Rock (Lyrics: Posehn/Trohman; Music: Joe Trohman; Solo: Phil Demmel; Guitars: Joe Trohman)
06. My Phone Call with Weird Al (Written by Brian Posehn; featuring Weird Al)
07. Take on Me (A-ha cover; Arrangement: Brendon Small; Solo: Rob Cavestany; Guest vocals: Jill Janus, Chuck Billy, Steve “Zetro” Souza; Guest Back ups: Rob Cavestany, Aiden Cavestany)
08. Grandpa Metal (Lyrics: Posehn/Trohman; Music: Ian; Solo: Kim Thayil)
09. New Music Sucks (Lyrics: Posehn; Music, Small; Guest vocals: Patrick Stump)
10. New Music Sucks Reprise (Lyrics: Posehn; Music: Trohman)
11. Goblin Love (Lyrics: Posehn, Music: Ian; Solo: Brendon Small, Guest Goblin: Jill Janus)
12. Monster Mosh (Lyrics: Posehn, Music: Trohman; Solo: Bumblefoot; Guest Vocals: Pearl Aday; Guitars: Joe Trohman)
13. The Fox, What The Fox Say (Ylvis cover; Guest Vocals: Corey Taylor, Michael Starr)
14. Super Secret Track (Written by Brian Posehn)
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