Ça commence plutôt pas mal. Un nom en double clin d’œil paillard au film La Manière Forte de John Badham, mais aussi au personnage de Dick Tracy, qui soudainement se retrouve sans attribut, et un titre d’album qui reprend en tous mots celui d’un LP très controversé de DISCHARGE, voilà qui a de quoi intriguer. Et de quoi s’attendre à une bonne grosse dose de délire à l’américaine, sauf que rien de tout ça ne saurait être plus faux. D’abord, parce que les DICKLESS TRACY sont une institution de l’underground en Slovénie, ensuite, parce que leur musique a méchamment évolué depuis leurs débuts, et s’est transformée de simple Grind foufou en Death Grind solide, dissonant, méchant, vilain, mais précis, technique et enthousiasmant.
DICKLESS TRACY c’est à la base l‘association de deux frangins, Tomi (guitare/chant) et Ivan Cepanec (batterie), qui au cours des années ont changé de partenaire à la mode libertine extrême, sans être des catins. On retrouve à leurs côtés le bassiste Jernej "Horzs" Rejc depuis 2015, alors même que le duo/fratrie fait du boucan de concert depuis 1997. Enfin du boucan, toutes proportions gardées puisque la musique des Cepanec est construite, évolutive, agressive, puissante, avec ce petit plus de créativité qui fait la différence.
Derrière eux, une carrière, construite pas à pas, split après split, démo après démo, EP après EP, avec en cerise sur le gâteau, quatre albums, étalés sur une période de plus de vingt ans. Tout avait commencé par l’initial The New Domination, encore empreint de Grind formaliste, avant que le concept ne dérive à la NAPALM DEATH des années 90, les tics Indus en moins. Mais autant jouer franc jeu, si vous vous attendez à du facile qui dépote et qui ne demande aucune réflexion inutile, vous en serez pour vous frais : les slovènes sont des gens intelligents, et surtout, des compositeurs aux ambitions affichées et revendiquées.
On est immédiatement frappé par l’épaisseur du son qui retrouve l’impulsion américaine des grandes années, et on se prend à rêver à un mélange entre SUFFOCATION et DISRUPT, pour le meilleur des deux mondes. Avec ce nouvel album, les DICKLESS TRACY ont joué le petit recyclage, puisqu’il contient quand même le réenregistrement d’un vieux tube radio, et un single inédit, si tant est que le terme soit pertinent pour ce style de musique. Quel style ? Un Death fameux, épais, taillé au biseau, qui s’aventure parfois dans le marigot du Death/Doom (le break nauséeux de « The Apostles of Terror »), mais qui la plupart du temps, s’épanouit dans une violence somme toute joyeuse, mais pas drôle pour autant.
Thématiquement, le groupe s’éloigne aussi des considérations les plus cartoon/morbide de ses concurrents et camarades de jeu, en s’intéressant à tout ce que la société développe de pires instincts. En gros, le consumérisme, le capitalisme, la guerre, la religion, l’influence néfaste de l’homme sur l’environnement, sans oublier quand même quelques fantasmes sadiques et horrifiques, et une allusion très bien placée à ce cher Lovecraft et son Nécronomicon. De tout et du sérieux, et une application dans le rendu pour quarante-six minutes de musique judicieusement utilisées pour ne pas sonner redondant ou trop gratuit.
Son de guitare propre et ad hoc, basse quasiment inexistante sauf pour le bassiste lui-même, batteur qui connaît son job et le fait vite et bien, vocaux de gorge impressionnants mais clairs (on peut même comprendre quelques paroles si l’on est attentif), boucherie clinique organisée pour un équarrissage qui ne laisse pas de traces de sang sur les murs immaculés. Une capacité à composer des hymnes qu’on grogne dans la soue (« Grave New World »), quelques bombes lâchées en toute connaissance de cause (« The Curse of Michael Myers » qui rappelle les débuts du groupe et pas mal de petites joyeusetés de la scène anglaise des NAPALM), mais surtout, beaucoup de morceaux développés, construits sur de multiples riffs, des changements de tonalité malins, et une propension à toujours maintenir l’attention de l’auditeur, même les plus sadiques qui dépècent de pauvres petites bêtes dans leur grange décatie.
« Morphing Into Maelstrom » de fait, propose des plans écrasants de lourdeur et une épaisseur de production conséquente, tandis que « Dissection of the Mind » oppose la luminosité d’une guitare soudainement euphorique à une rythmique écrasante, histoire de bien jouer le contraste. Le meilleur du Death de tradition et du Grind moderne, pour une démonstration de force qui laisse relativement admiratif. Dans ce naufrage permanent de navires old-school, les DICKLESS TRACY sont un canot de sauvetage bienvenu, qui nous évite les récifs convenus du plagiat pur et simple des idoles d’antan.
Titres de l’album:
01. Deathless
02. Dawn of the Living Dead
03. Pathetic Descendant of Apes
04. The Apostles of Terror
05. Grave New World
06. Morphing Into Maelstrom
07. Devoured From the Inside
08. Faydark Forest
09. Dissection of the Mind
10. The Curse of Michael Myers
11. The Darkside
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17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
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Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
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12/05/2025, 13:38
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08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04