Oui je comprends. Si, je vous assure. A force de subir chaque semaine l’opération séduction de groupes du monde entier désireux de nous prouver qu’ils auraient pu faire partie d’une époque alors même qu’ils sont nés bien trop tard, on finit par en oublier que certains, eux, sont nés au bon moment. Et il y a longtemps. Et au bon endroit. Non que cette vague de nostalgie ne produise pas des œuvres dignes d’intérêt, mais comme le disait les GUNS sur la pochette intérieure de leur pitoyable album de reprises, « Do yourself a favor, go and buy the originals ». Alors, oui, de temps à autres, il est toujours bon de se replonger dans les racines d’un genre qui a établi des critères de qualité assez précis et drastiques, et de retrouver le souffle épique de notre initiation, nous, les enfants du Heavy boom des années 80, qui avons connu en temps et en heure l’émergence des leaders, ceux-là même dont tous ces suiveurs se réclament à longueur d’interviews…Et le cas abordé ce matin est d’importance, et pourrait incarner une sorte d’archétype parfait de maître donnant la leçon à l’élève et aux disciples…Et la dénomination « maître » dans le cas des anglais de PRAYING MANTIS est loin d’être usurpée, eux qui sont en quelque sorte des enfants maudits de la vague anglo-saxonne ayant inondé le monde sur le passage de ses vagues, laissant la place aux IRON MAIDEN, SAXON et autres DEF LEPPARD, en restant à l’époque l’un des concepts les plus modérés de cette nouvelle scène Heavy, qu’ils assimilaient alors volontiers à un raccourci entre la puissance européenne et la modulation américaine. Et c’est avec bonheur et émotion que nous les retrouvons aujourd’hui, quarante ans après leur formation et presque trente après leur premier album, plus en forme que jamais, et aussi affutés que de petits jeunots désireux de mettre le monde à leurs pieds.
PRAYING MANTIS, pour les plus jeunes d’entre vous, c’est un groupe dont la création remonte à 1973, sous l’impulsion et la motivation des frères Tino et Chris Troy. Préparant leur grand soir et rongeant leur frein dans les salles de répétition, ils durent attendre de figurer sur la légendaire compilation Metal For Muthas, pour que le label Arista leur propose un contrat, qui aboutit à l’enregistrement et la distribution de leur premier LP personnel, ce Time Tells No Lies qu’aucun fan n’a pu oublier à ce jour, plus de trois décennies plus tard. 1981/2018, la route fut longue et émaillée de LP tous aussi impeccables les uns que les autres, ou presque, et surtout, de rencontres avec d’autres musiciens désireux d’inscrire leur nom dans le livre d’or du groupe, dont pas mal de collègues de l’époque, Denis Stratton, Dave Potts, Paul Di’Anno, Clive Burr, qui furent sans doute les plus fameux. Et si l’histoire aura retenu surtout les noms de leurs compagnons de révolution, les accros au Hard Rock mélodique de grande classe n’ont jamais pu oublier ce groupe au son si particulier, qui réconciliait les mélodies et les riffs d’anthologie, au point de donner naissance à l’un des crossover les plus atypiques de cette mouvance presque trop figée. Aujourd’hui, le quintette nous offre donc le onzième LP officiel de sa carrière, et développe avec Gravity des arguments aussi solides que ceux que l’on trouvait sur le très célébré et respecté Legacy, dont il maintient les exigences de qualité et l’extraordinaire facilité d’instrumentation et d’interprétation. A tel point qu’on a parfois le sentiment que les deux albums n’étaient prévu pour n’en former qu’un au départ, même si quelques dissemblances permettent de les différencier histoire de ne pas trop se répéter.
Toujours articulé autour du même line-up (John Cuijpers – chant, Tino Troy – guitare/chœurs, Chris Troy – basse/chœurs, Andy Burgess – guitare/chœurs et Hans in‘t Zandt – batterie), PRAYING MANTIS nous démontre avec Gravity qu’il n’a rien perdu de ses facultés à unir dans un même élan mélodies radiophoniques symptomatiques de l’AOR américain et puissance des guitares typiquement anglaises, et nous offre une fois encore une collection de chansons impeccables, qui refusent de céder à la facilité d’harmonies prédigérées. Il faut dire que les trois membres d’origine ont une fois encore laissé toute latitude à leurs comparses plus récents pour s’impliquer dans l’écriture, et on sent que le résultat débouche sur une osmose tangible entre les cinq instrumentistes, ce qui ne fait que renforcer encore plus la cohésion d’ensemble. Produit (bien que le terme soit très vulgarisateur dans leur cas) estampillé Frontiers de l’intro à la conclusion, ce onzième LP fait donc la part belle à un équilibre très stable entre séduction et agression, et se hisse sans encombres au sommet de la pyramide de la production actuelle, renvoyant la nouvelle école sur les bancs qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Aussi poli et chamarré que Legacy pouvait l’être, Gravity nous fait nous sentir léger et heureux, et développe des théories que le groupe a déjà abondamment prônées, les portant à une perfection qu’il est impossible de contester, même en faisant preuve d’une totale mauvaise foi. Emballé dans une sublime pochette une fois encore signée du trait caractéristique et historique de Rodney Matthews (MAGNUM, DIAMOND HEAD, ALLEN/LANDE), ce nouvel épisode de la longue saga PRAYING MANTIS se dévore comme une carte postale envoyée d’un ailleurs ou les temps sont toujours meilleurs, et alterne les morceaux d’anthologie destinés à faire se lever les poings dans l’assemblée (« Keep It Alive », « Time Can Heal »), et les instants de douceur plus nuancés, qui nous entraînent dans le sillage d’un Rock mélodique très léché, sentant bon le soleil et les plages d’été (« Foreign Affair », « The Last Summer », emblématiques d’un AOR peaufiné mais suffisamment sauvage pour ne pas écœurer).
La voix de John Cuijpers est toujours aussi troublante de puissance et de nuance, et domine de ses interventions des mélodies ciselées, qui n’empêchent jamais le quintette de brûler l’asphalte de nos tympans de burners Hard n’Heavy débordant d’efficacité (« Destiny In Motion »). Pourtant, en étirant souvent le timing au-delà des six minutes, le groupe a pris le risque de se répéter et de nous perdre dans le labyrinthe des redites de sa pensée, écueil qu’il évite constamment en dispersant des trouvailles généreuses, à grands coups de soli incendiaires et d’arrangements secondaires. Et on frise souvent la perfection, lorsque l’électricité et le synthétisme se tirent la bourre pour nous enchanter (« Mantis Anthem » et ses accents celtiques électroniques prononcés), ou lorsque les instrumentistes respectent les codes les plus établis d’un Hard Rock qui ne rechigne pas à altérer ses aspects les plus agressifs d’une élasticité à la DEF LEPPARD/HAREM SCAREM bien marquée (« Gravity »). Ajoutez à ça et à ceci des chœurs travaillés, des riffs soignés, et vous obtiendrez l’un des albums les plus attachants de cette première moitié d’année. Et si la valeur n’en attend pas forcément le nombre, elle sait parfois tenir compte des qualités intrinsèques de musiciens qui depuis quarante ans nous enchantent de leur musique aussi sincère qu’intergénérationnelle. Newton aura découvert les effets de la gravité en attendant sagement sous un pommier, mais vous n’aurez pas à adopter la même posture pour en saisir les conséquences sur votre organisme. Gravity vous fera planer, décoller, rêver, et ce, sans avoir besoin de faire une tarte aux pommes avec tous les fruits tombés.
Titres de l’album:
1. Keep It Alive
2. Mantis Anthem
3. Time Can Heal
4. 39 Years
5. Gravity
6. Ghosts Of The Past
7. Destiny In Motion
8. The Last Summer
9. Foreign Affair
10. Shadow Of Love
11. Final Destination
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