Voilà encore un groupe dont vous n’apprendrez pas grand-chose en traînant sur la toile, puisque visiblement, personne n’a encore pris la peine d’aborder son cas. Et c’est dommage, car malgré une discographie encore bien maigre, ce quintet de Glasgow a largement de quoi intéresser les fans d’un Thrash nouvelle génération. Peu d’informations à divulguer donc sur ces écossais qui depuis 2017 agitent l’underground de leur hargne, qui trouve enfin sa concrétisation digitale avec cette première œuvre solide et performante. En deux ans d’existence, les cinq musiciens ont donc eu le temps de préparer leur coup fourré, qui prend des airs de révélation tant les six morceaux de ce Greenwashed sont tous aussi intenses et vicieux les uns que les autres. Et sous une pochette aux évidentes tonalités verdâtres se cache donc un Thrash de facture formelle, mais suffisamment fou et débridé pour énerver les plus rodés, se situant dans une veine de série B des années 80 passée à la moulinette du nouveau siècle. Laissez-moi donc vous présenter Steven Beck (guitare), David Bridges (batterie), Aaron McPhail (chant), Christopher Rankin (guitare) et Andrew Thomson (basse), qui ne s’en laissent pas conter, et qui ont visiblement bien écouté les enseignements américain et allemand d’il y a trente ans, se situant en convergence des deux mouvances. Des Etats-Unis, les écossais ont retenu la précision et l’affûtage, et de l’Allemagne, cette tendance à emballer les débats pour les faire décoller vers le Walhalla de violence Thrash si prisé par les nostalgiques de la Ruhr. On retrouve donc des influences en filigrane qui sautent aux yeux, les moindres n’étant pas INDESTROY, VIO-LENCE, ASSASSIN, ACCUSER et autres RIGOR MORTIS, mais le duo d’icônes ayant statut de veaux d’or restent pour moi les ineffables HEXX pour cette façon brouillonne de traiter la rythmique explosée, et VIKING, celui de Man of Straw pour ces passages Heavy vicieux qui en mettent plein les yeux.
Une assise solide, et surtout de l’envie, de l’enthousiasme, de la volonté, et de la versatilité, puisque les six morceaux possèdent chacun une identité forte malgré la cohérence globale. Se basant sur la complémentarité de deux guitares qui tronçonnent sans discontinuer, et l’osmose procurée par une section rythmique toujours à l’affût, les TEMPERED ne sont justement pas du genre modéré, même si le final évolutif « Greenwashed » prouve qu’ils sont bien plus qu’une simple bande d’agités du bulbe. Un gros travail de composition a donc été accompli, et l’opposition entre ce morceau épilogue et les chapitres précédents, volontiers plus lapidaires, indique que le quintet en a sous les bottes, et pourrait se présenter comme le futur du Thrash old-school du Royaume-Uni dans les années à venir. On aime ces accélérations en coup de fouet, ces soli légèrement planqués dans le mix, ces riffs qui fastent et qui rippent, et surtout, ce chant diabolique et symptomatique d’une école Metal privilégiant les vocalistes légèrement possédés sur les bords. Sans atteindre l’intensité diabolique de Paul Baloff, autant dire qu’Aaron McPhail donne sa personne, se rapprochant même du psychopathe Clint Bower sur le séminal EP Quest For Sanity de HEXX, qui braillait ses textes comme un démon sorti des enfers. Et en parlant de démons, cette dernière compo se permet quelques arrangements vocaux dignes d’un exorcisme sur sa coda, renforçant cette impression de malaise qui émane de cette première réalisation.
Ne payant pas de mine sous son artwork un peu gauche, Greenwashed est l’archétype de sortie qui surprend et étonne, dans le bon sens du terme. D’ailleurs, on sent dès « Tempered », très courte entrée en matière de moins de quatre-vingt-dix secondes que le groupe a un peu plus à dire qu’une simple accroche formelle, et « Monotonous » de contredire son intitulé d’une explosion de riffs et de soli qui enflamme immédiatement les oreilles. Le tout va bon train, restant dans les limites de la modération pour ne pas virer Fastcore ou Thrashcore, et les chœurs collégiaux soutenant le chant principal ont ce petit plus qui permet de faire la différence. Et en vingt-et-une minutes, pas le temps de perdre le rythme, et « Inversion » de démontrer que TEMPERED veut vraiment marquer les esprits, avec son approche digne de la grande époque qui pour une fois, ne se contente pas de paraphraser bêtement les plus grands ouvrages du cru. Une vraie méchanceté suinte des accords sombres de ces chansons qui multiplient les cassures sans nous les briser, et qui ne nous permettent pas de nous fixer sur un motif jusqu’à l’overdose. Pertinence et surprise, telles sont donc les deux qualités formelles de ce groupe à part, qui fonce bille en tête, mais avec un solide plan d’attaque en mémoire. Et même lorsque les BPM donnent enfin des signes d’accalmie, la tension n’en baisse pas pour autant d’un cran, se figeant sur un Metal lourd et poisseux, celui développé sur le plombé « Material Illness » au feedback menaçant. On s’imagine très bien en urbex dans un vieux bâtiment désaffecté qui autrefois fut une institution psychiatrique, craignant à chaque détour de couloir de tomber sur un ancien résident ou d’entendre un hurlement du côté des vieilles chambres des patients. Et comme « Strive » anticipe nos peurs, le rythme s’accélère une nouvelle fois pour imager la fuite désespérée des fouineurs dans le dédale de béton, à la recherche d’une sortie pour s’en tirer pour de bon. C’est rapide, vraiment vilain dans le fond, intelligent dans la provocation, et ce premier EP nous donne méchamment envie d’une dose plus conséquente. Et vite.
Titres de l'album :
1.Tempered
2.Monotonous
3.Inversion
4.Material Illness
5.Strive
6.Greenwashed
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