Vous vous y connaissez en Folklore letton ? Vous connaissez les traditions du pays ? J’avoue n’avoir aucune connaissance sur le sujet, et c’est pour cette raison que je suis très heureux d’être tombé sur les locaux d’OGHRE qui apportent un peu de culture à ma cuistrerie musicale. Originaire de Riga, OGHRE en est effectivement un, dont l’appétit artistique semble sans limites, et qui visiblement, cherche à combler un vide entre le Sludge et le Progressif avec sa musique. Lorsqu’on pense lourdeur, mélodie et structures évolutives, des noms viennent évidemment en tête, dont ceux d’OPETH ou MASTODON, et pourtant, OGHRE évite avec une facilité déconcertante les comparaisons, en jouant une musique qui échappe à toute restriction et catégorisation. Certes, leur approche est pesante, longue, construite, parfois aussi mélodique et complexe qu’une équation de TOOL, mais ce second LP faisant suite à Gana, publié il y a trois ans, est de cette catégorie d’albums qui échappent à toute étiquette, même en se creusant les méninges. Et quoi de plus agréable qu’un disque cohérent, original, qui picore un peu partout sa pitance, mais qui piaille comme personne, détournant les codes du Doom, du Sludge, de l’Art Rock, du Black Metal, pour finalement accoucher de sept longues pistes qui nous entrainent sur celle de l’inconnu, ce qui n’arrive que très rarement dans une semaine de chroniqueur. Avec Grimt, le quintet (Andis Zvejnieks - basse, - Normunds Balodis - batterie, - Kristaps Baķis & - Toms Gaļinauskis - guitares et Oskars Dreģis - chant) nous propose donc un melting-pot fascinant, puissant, intriguant, souvent dissonant et - Ô bonheur - des pistes qui se suivent et ne se ressemblent pas, sans pour autant partir dans tous les sens.
Production un peu sèche et sans artifices, guitares qui n’admettent aucun effet bizarre, section rythmique crue et presque live, chant légèrement en retrait, l’impression de découvrir un secret gardé pendant des siècles est prenant, et l’écoute s’en trouve encore plus riche et jouissive. D’autant plus que nos amis lettons se laissent souvent aller au sein d’un même morceau, l’entamant d’une lancinance oppressante, avant de le terminer dans la légèreté d’harmonies Folk très délicates. De là, il est évidemment difficile de vous décrire une œuvre qui évite tous les poncifs et clichés, et qui s’apparente tout autant au Rock qu’au Metal, puisque les deux aspects sont abordés avec la même passion et la même conviction. Prenons pour exemple le sublime « Trauksme », qui en six minutes résume à merveille la démarche du quintet, entamant les débats sous les auspices d’un Doom/Death poisseux et rêche, avant de s’autoriser une cassure aux deux-tiers de son métrage pour imposer le silence, et une instrumentation Post Rock presque jazzy dans les faits. L’utilisation de la langue d’origine est elle aussi symptomatique des mouvements Progressifs et Folk des années 70, et il semblerait que Grimt s’ingénie à faire la jonction entre les années 70 et le radicalisme Heavy des années 90, bien loin des coutumes modernes de MASTODON et de tous ses suiveurs.
Et même si les chansons sont lentes, lourdes, le spectre du Doom ne fait qu’effleurer la surface du lac de l’inspiration, tout comme les prétentions artistiques sincères éloignent le projet d’une avant-garde trop pompeuse. On retrouve ce schéma sur « Sarkans » qui démarre comme du VIRUS trempé dans les eaux de VATTNET, avant que la voix rauque d’Oskars Dreģis n’alourdisse l’ambiance à la NEUROSIS des jours sombres.
D’instinct, et avec un minimum de connaissances dans ce genre de réalisation, on serait tenté de se jeter sur le long pamphlet « Vaidava Celies! », qui du haut de ses dix minutes surplombe le reste du répertoire. Et s’il est certain que cette suite incarne en quelque sorte le pinacle d’une démarche avec sa longue entame, elle n’en représente pas pour autant l’élément clé qui permet de résoudre l’énigme OGHRE. Par contre, elle en incarne une autre variable, intéressante et éprouvante, qui offre le visage d’un groupe profondément violent et cru, proche du BM lo-fi le plus incorruptible, qui justement aurait tiré des enseignements des répétitions les plus symptomatiques de NEUROSIS. Car ce crescendo très bien étudié nous offre plus de cinq minutes de sur-place, avec son lick de guitare hypnotique et sa rythmique en métronome, avant que le chant d’outre-tombe de Dregis ne nous ramène dans le giron d’un ABRUPTUM soudainement perméable aux mélodies amères du Post Black. Encore une fois, le groupe nous surprend, et parvient à conférer à sa musique un côté inédit qui ne se démentira pas du long de l’album, qui enchaîne aussitôt avec un segment purement Folk (« Slāpes »). Et pourtant, Dieu m’est témoin que Grimt n’a absolument rien de commun avec le Pagan Black, encore moins avec le Folk nordique de MYRKUR, et qu’il possède une identité forte qui n’est pas sans rappeler un mélange globale entre PARADISE LOST, l’OPETH des premiers jours, VIRUS, mais aussi TOOL.
Décidément très à l’aise dans son créneau indéfinissable, le groupe ne donne jamais le sentiment de naviguer à vue, et vogue sur les eaux de l’originalité avec des instruments fiables, atteignant sa destination sans encombre. Il est certain que ces sept pistes ne parleront pas à tout le monde, et qu’il convient d’accepter de se laisser porter par une musique foncièrement originale, mélancolique, agressive, qui ne ressemble pas à grand-chose d’existant. Et par extension, Grimt a des airs de voyage dans les légendes de la Lettonie, un pays que je ne connais pas, mais qui raconté par les OGHRE donne vraiment envie de se fendre d’un voyage au long-cours, pour peut-être ne jamais revenir.
Titres de l’album:
01. Viens
02. Trauksme
03. Sarkans
04. Māli
05. Vaidava Celies!
06. Slāpes
07. Rītausmas Zirgs
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