N’y voyez aucune connotation péjorative, mais en termes d’extrême, avec les japonais, on peut s’attendre à tout. Oui, ils partagent la couronne de la démence instrumentale avec les sud-américains, qui eux non plus ne sont jamais les derniers à en faire trop et à le faire exprès. Alors, lorsqu’un groupe de Death/Grind émerge de Tokyo, je prépare mes tympans avant de les risquer à jamais, ne sachant jamais à quelle sauce sanglante ils vont être endommagés. Mais bonne surprise avec les tarés de MORTIFY, puisque ce trio se vautre dans la fange classique avec une plaisir non feint, nous proposant une sorte de Crossover improbable entre les approches. Né en 2017, et déjà auteur d’un premier long qui n’excédait pas les dix minutes, ce trio infernal (Ryo - batterie, Tak - guitare et Adam - chant, pas de bassiste, c’est très surfait) se propose donc de construire une voie fluviale reliant la Suède et l’Angleterre, osant le mélange contre-nature entre le Death formel et glacial d’ENTOMBED et les ravages de blasts de NAPALM DEATH. Sur le papier, ça pue, mais dans les faits, c’est plutôt efficace, même si les neuf minutes de ce second « long » ne permettent pas vraiment d’apprécier la mixture à sa juste valeur.
Evoluant évidemment au sein d’autres ensembles (SU19B, FINAL EXIT, UNCONSCIOUS DISHARMONIC MALFUNCTION, TRIKORONA, AGATHAUMAS, DISROTTED, SICK/TIRED, INHABITANTS, PAUCITIES, PAZUZU, URINE COP), Ryo, Tak et Adam se font plaisir et foutent un bordel pas possible. Leur philosophie est simple, et admirablement bien résumée par le titre de leur premier LP (Stench of Swedish Buzzsaw) ou leur bio succincte (Swedish HM-2 Buzzsaw Grindcore formed in 2017). En gros, les guitares suédoises d’ENTOMBED insérées de force dans un Grind à l’anglaise, voire international, et la reprise magique des frappés d’AGATHOCLES vient à point nommé nous aiguiller sur la culture de ces trois marsouins.
De là, que dire quand on s’attèle à la chronique d’un album qui atteint à peine la dizaine de minutes, et qui propose treize pistes similaires ? La tâche n’est pas facile, mais sachez que les japonais ne se foutent pas de vous et ne vous mentent pas sur la marchandise. Leur musique est effectivement le nœud qui relie le Death rigide et le Grind débridé (sic), et on en vient rapidement à regretter que les musiciens soient de telles feignasses et qu’ils ne daignent pas jouer un peu plus longtemps. Enrobé dans un artwork absolument splendide et zombiesque (et drôle qui plus est, avec cette sympathique créature abimée qui tient malicieusement une HM-2), Grotesque Buzzsaw Defilement est donc tout sauf n’importe quoi, et s’affale dans le bordel le plus organisé, mais aussi le plus joyeux. Impossible de résister à la pluie de riffs pissée par Tak qui s’en donne à cœur joie dans le plus pur Sunlight Studios style, et si la frappe de Ryo respecte la tradition des blasts à l’anglaise, le chant doublé et hystérique d’Adam confère aux très courtes pistes (moins d’une minute et ils s’en vantent en plus) une intensité rare dans le domaine.
Alors, de « Flesh Creep » à « Deviant » (seul morceau à empiéter la minute de cinq secondes), le ton est donné, et ne varie jamais. Entre passages purement Grind et d’autres plus emprunts de Death, sans oublier quelques inserts D-beat du plus bel effet, ce second album est un petit plaisir coupable dans l’actualité un peu morne et prétentieuse. Evidemment old-school, terriblement vintage, délicieusement anachronique, Grotesque Buzzsaw Defilement n’est toutefois pas grotesque, et prouve une fois de plus la passion du Japon pour l’extrême le moins corrompu. Loin des exactions Goregrind que ses musiciens affectionnent tant, ou des délires bruitistes à la MERZBOW, MORTIFY reste accroché à l’analogique, mais drope un son énorme aux échos retentissants. Comme je le disais, il serait de bon ton la prochaine fois que la bande s’éternise un peu, quitte à nous refourguer plus de reprises du tonneau de celle d’AGATHOCLES (dont le « No ! » est gratifié d’une énergie de tous les diables), puisque neuf minutes en leur compagnie débile sont vraiment trop peu.
Grotesque Buzzsaw Defilement, c’est un peu le moment divin où votre cul peut enfin se poser sur la cuvette pour lâcher des colombins trop longtemps retenus. Pas élégant comme formule, mais ad hoc.
Titres de l’album:
01. Flesh Creep
02. Musty Trudge
03. Organ Terror
04. Obelisk of Suffering
05. 100 Rats
06. No Survivors
07. No! (AGATHOCLES cover)
08. Grabby Hands
09. Brain Gurgler
10. Adhesives
11. Mangy Mutts
12. Smells of Barfs
13. Deviant
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