Ne m’en racontez pas de foireuse, je sais bien que quatre-vingt pour cent d’entre vous êtes fans de films d’horreur, tout comme moi, donc pas la peine de faire semblant en serrant dans vos petits bras un exemplaire fantôme du « Cuirassé Potemkine ». Alors, une fois ce fait établi, plantons un peu le décor. Vous voilà projeté à l’intérieur d’un vieux truc Gore bien craspec’, ou d’un found-footage bien glauque. Vous sentez la mort roder autour de vous alors que tous vos comparses/compagnons/potes de lycée/inconnus se font dézinguer un par un par une force maléfique ou un gros taré en exil de torture-porn. Vous déambulez dans une vieille forêt maudite, ou dans les sous-sols d’une baraque aux murs décrépis, suintant de sang alors que votre front perle de sueur à mesure que vos espoirs de survie s’amenuisent. La trouille est palpable, tout comme votre fin, inéluctable entre les mains d’une famille creepy de dégénérés, qui vont se faire un plaisir de vous démembrer en se masturbant sur les restes de vos viscères. Ok, vous sentez le truc là, c’est assez concret ? Alors vous êtes fin prêt à affronter l’abomination du second LP des Floridiens de DRUID LORD, qui dépeint à peu de choses près un univers similaire. Mais laissez-moi d’abord vous les présenter succinctement, histoire de faire les choses « proprement ».
Fondé en 2010, ce quatuor (Pete Slate - guitare, Tony Blakk - chant/basse, Ben Ross - guitare et Elden Santos - batterie) nous l’a jouée à l’envers en sortant son premier LP dès sa première année d’existence, histoire de ne pas faire traîner les choses. L’objet en question, Hymns For The Wicked fut publié par les amateurs éclairés d’Horror Gore Pain Death, ce qui en dit long sur sa haute teneur en horreur musicale, et se repaissait de Doom à tendance Death, ou l’inverse, vraiment épais et sans concessions. Depuis cette initiale parution, les originaires d’Orlando se sont fait plutôt discrets, n’osant que quelques splits et EP, dont le dernier, Baron Blood, fut édité il y a maintenant cinq ans, nous laissant orphelins de cette bande de tarés congénitaux fondu de gore flicks et de giclées de sang souillé. Il faut dire que leur monde est plutôt particulier et attachant, et livré pur et sans détachant, et qu’il propose des décors aux boiseries éclaboussées du liquide séminal de leurs victimes, toutes abondamment torturées auditivement. Maintenant hébergés par l’écurie Hells Headbangers, les DRUID LORD se sont senti pousser des couteaux affutés dans les mains, à tel point qu’ils ont pris le temps de les aiguiser pour leur second massacre organisé, Grotesque Offerings, qui en effet redonne ses termes de noblesse au gore grotesque, à tel point qu’on n’aimerait pas vraiment finir entre leurs mains. Certainement rongées par les callosités créées par des frottements de cordes et de baguettes répétées, ces mêmes paluches font preuve d’un indéniable savoir-faire dans l’élaboration d’atmosphères lugubre et mortifères, transformant chaque intonation de voix et chaque riff en oraison de fond des bois, tétanisant leur public éventuel de sonorités travaillées pour grincer une fois minuit passé. D’ailleurs, les principaux intéressés ont une conception très particulière de leur scénario avancé :
« On adore tous ces séries B. L’idée de « Last Drop of Blood » est formulée du point de vue d’un tortionnaire de l’inquisition espagnole. Nous nous sommes inspirés du film de Paul Naschy, Inquisition, et de certaines versions de The Pit and the Pendulum, avec ce voyage aux confins d’une âme sadique, qui mutile lentement ses proies. Vous pouvez sentir cette lourdeur sombre dans chaque détail de la musique, dont les paroles coïncident avec chaque victime torturée de façon différente, mais débouchant à chaque fois sur une mort atroce et douloureuse »
Et en effet, les gaillards n’exagéraient et ne mentaient pas. Sur ce morceau, l’horreur et la souffrance sont presque palpables, et exsudent des sillons pour vous gicler sur les tympans, vous laissant seuls avec une lourdeur à faire pâlir les CATHEDRAL et vomir les ST VITUS. Mais ne croyez pas pour autant avoir affaire à de simples doomsters en mal d’écrasante pesanteur, puisque les DRUID LORD sont beaucoup plus que ça, et manipulent la malséance avec le même sadisme que les PARADISE LOST sur le fabuleux Gothic, sans oublier d’en diluer la vilénie dans une approche Death vraiment maladive, que les INCANTATION auraient pu valider comme extrême onction/mutilation. Un sacré mélange de barrés, qui en profitent pour trousser quelques intermèdes instrumentaux pour nous mettre dans le bain et se faire hérisser notre peau, traitant de fait ce second longue-durée comme le film d’horreur pour les oreilles qu’il est. Produit complet et finement ciselé malgré ses traits grossiers, Grotesque Offerings justifie de ses interventions les cinq longues années qu’il a exigées, et nous prend aux tripes dès l’orgue introductif de « House Of Dripping Gore », qui résonne comme un sale avertissement signé Anton LaVey, avant qu’un gigantesque riff ne se fasse une place, CELTIC FROST style, dans l’esprit des premières démos de HELLHAMMER, dotées d’un son à la MORTICIAN. Ici, tout est sombre, sale, suintant, dénué d’empathie, bien que de régulières mélodies ne s’avancent aux avant-postes histoire d’accentuer le dramatisme de l’affaire.
Avec ce lent Doom traité au prisme d’un Death de fond de cercueil, les floridiens tapent juste, lourd et fort, et achèvent de convaincre les réfractaires à l’oppression de leur justesse de ton, suggérant parfois des accointances avec la mélancolie rance des MY DYING BRIDE, sans pour autant relâcher la pression. Celle-ci est énorme, et s’articule autour de morceaux longs et développés, aux idées multiples, ne se contentant jamais d’un ou deux riffs histoire de meubler le timing. Non, ici, chaque détail est à sa place, comme le démontre l’abyssal « Evil That Haunts This Ground », de sa rythmique en procession et de ses guitares en unisson. Tourbillon de notes concentriques en arrière-plan, tassement brutal pour enchaîner sur un couplet en mid, assombrissant encore l’avenir d’un passé à la Tom Warrior, pour une litanie presque progressive qui nous embarque dans les pas des tueurs en série les moins complaisants et les plus méchants. Musique très intelligente jouée par des pervers en free-lance, ressuscitant l’esprit des créatures d’antan, ces monstres difformes qui peuplaient les foires de nos cauchemars (« Creature Feature », presque opératique dans son déroulé, et hanté par des chœurs et des guitares spectrales résignés), ou les enfers mythiques de la littérature classique de Stevenson (« Murderous Mr. Hyde », qui habille ce pauvre double maléfique d’oripeaux Death/Doom pas vraiment à sa taille), Grotesque Offerings est une œuvre à part entière, extrême, grotesque, mais éminemment joussive dans le fond et la forme, jusqu’à sa pochette superbe et macabre plantant le décor.
Alors évidemment, avec l’image, le son serait transcendé. Mais en tentant d’imaginer pellicule idoine pour illustrer cette bobine sensorielle, j’ai du mal à pencher pour un style en particulier. Horreur gothique ? Slasher typique ? Monster dramatique ? Peu importe le format, tant que la peur s’installe sous les frimas, et que le sang gicle bas. Mais je préfère laisser travailler votre imagination. Après tout, nous n’avons pas tous les mêmes phobies ou les mêmes vices. Mais dites-vous que ceux des DRUID LORD sont plutôt du genre universel. La mort, la solitude, et la souffrance. Un triptyque couru d’avance…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09